L'animé est considéré comme l'un des meilleurs sorti l'an dernier et ma copine, qui l'avait binge watché me le conseillait à mort. C'était l'occasion de profiter de mon compte Amazon Prime dont je ne me servais que rarement. On a regardé les 24 épisodes les soirs où on avait rien à regarder, ce qui, lors d'une saison de printemps 2020 riche en anime, n'est pas arrivé si souvent que ça.
Que dire qui n'est pas été dit ? Oui, Dororo, c'est assez génial. D'autant plus que si j'aime beaucoup Tezuka, certains de ses récits me sont tombés des mains et le côté "serialisation" n'est pas son fort : soit il fait des dramas corus, soit on part sur un récit entrecoupés de one-shot. Du coup, j'étais assez curieux de voir à quoi ressemblait la série originelle, si elle conservait cette progression dramatique ou si c'était vraiment de l'épisodique ponctués de péripéties, et après avoir regardé les trois premiers épisodes, je confirme : si les prémisses sont les même, l'adaptation se l'approprie pour y apporter ses propres enjeux. A mes yeux, cette relecture de Dororo est aussi ambitieuse que le Pluto d'Usarawa qui reprenait un récit d'Astro Boy à sa sauce.
Parce que Dororo n'est pas centré autour de Dororo mais de Hyakkimaru, un jeune garçon dont les 48 parties du corps ont été volés à la naissance par 48 démons (12 dans cette adaptation) et qui, un par un va les affronter afin de récupérer ses membres. Dororo n'étant que la personne qui l'accompagne (et dont le rôle va être de plus en plus important d'épisodes en épisodes.)
Dans ce Dororo de 2019 tout n'est que progression dramatique et évolution : Au départ, Hyakkimaru n'est qu'un robot : toutes les parties de son corps sont des prothèses et celui-ci n'interagit pas avec le monde qui l'entoure : il ne ressent que des ondes, des inputs qui lui arrivent et n'est qu'une machine à tuer des démons. Dororo le suit sans même qu'il n'en ai conscience au début.
Du coup, il y a tout une satisfaction à chaque épisode (ou presque) à le voir s'ouvrir au monde ou acquérir de nouveaux pouvoirs... qui ne sont pas des superpouvoirs, mais justement les capacités normales dont nous sommes dotés. Et certains sont même des handicaps (le fait de pouvoir entendre) voire des malédictions "coucou, tu as une colonne vertébrale maintenant, et elle te fait mal." (Chose qui n'existait absolument pas dans la série originelle où Hyakkimaru parlait et sentait dès le départ et où on part très vite sur une formule "monstre de la semaine" sans que Hyakkimaru n'évolue d'épisodes en épisodes...)
Plus Hyakkimaru devient humain physiquement; plus il est forcé de devenir humain dans le sens moral : il découvre l'alterité, comprend que Dororo, à ses côtés est là pour lui, et s'attache. Il découvre aussi que sa quête fait le malheur de tonnes de gens. Et il doit apprendre à être responsable vis à vis des autres.
Autre invention de la série de 2019, ils prennent intelligemment l'idée qu'en échange des parties de son corps, les démons font la prospérité du royaume de son père. Du coup, à chaque démon tué, une plaie apparait dans le royaume de Daigo : sécheresse, épidémie, guerre contre un royaume adjacent. D'où le fait que la série se complexifie, notamment à partir de sa deuxième moitié, le frère de Hyakkimaru cherchant à le tuer.... pour le bien de tous.
Il n'y a pas de bonne solution et l'animé nous met face à ce constat, avec une moralité assez "grise." La fin de l'animé est assez surprenante et dévie complètement de celle de 1969.
Un autre coup de génie de cette adaptation a été d'abandonner le chara-design de Tezuka sans jamais vraiment le renier : les personnages ont les mêmes attributs, les même proportions mais ressemblent bien plus à ce que l'on attend d'une série moderne.
Que dire ? L'animation est impeccable, le sujet est maitrisé, le rendu historique est génial, les personnages sont très bien écrit et l'OST est niquelle. Après, ça reste quand même super pessimiste (le destin de certains personnages dans une époque en proie à la guerre est assez horrible) et ça ne lésine pas sur le gore. Ha, et il y a des trucs non-expliqué et qui sortent un peu de nulle part.
Comme le cheval de feu. Ou le fait que Hyakkimaru comprend le langage humain dès qu'il récupére le sens de l'ouïe.
Par contre, la plaie qu'est Amazon Prime : j'aurais bien aimé pouvoir écouter le générique de fin en entier. Bah non, c'est pas possible.