Dans la vie, il y a deux catégories de gens : ceux qui savent profiter de la vie et les autres. Et dans cette seconde catégorie, on retrouve une nouvelle scission : ceux qui jouent à League of Legends et ceux qui jouent à Dota 2 ; j'ai bien évidemment schématisé. Pour ma part, je suis de ceux qui jouent à League of Legends, tout simplement parce que je n'ai jamais (enfin... peut-être un petit quart d'heure) joué à Dota 2 et à vrai dire, je n'en ressens pas forcément l'envie quand bien même je suis curieux de l'essayer vraiment, en bonne et due forme. Surtout avec ce qu'il se passe ces derniers temps.
En effet, bien que les deux firmes vidéoludiques soient "ennemies", les deux univers ont décidé de prolonger leur lore via une adaptation en série animée, et ce sur Netflix. Et en attendant la sortie de celle consacrée à LoL, je me suis dit que cela pouvait être une merveilleuse occasion de découvrir plus en détail cet univers et, pourquoi pas - rêvons un peu, de me mettre enfin véritablement à ce jeu vidéo. Pourquoi pas !
Mais bon, pour l'instant, parlons de ce que DOTA : Dragon's Blood a proposé et ce que l'on peut en tirer.
Davion est un chevalier-dragon qui s'occupe de pourfendre ces créatures afin de préserver la quiétude des villages humains. Mais lors d'une traque, il se retrouve devant une Vouivre, dragon d'une puissance sans égale qui, ne désirant pas se faire posséder par un dragon, lie son âme avec celle de Davion. Ainsi, le chevalier-dragon se retrouve, malgré lui, plongé dans des desseins bien plus grand et présageant quelques effusions de sang.
Pas plus de spoil !
Commençons par deux points avant de nous pencher sur la critique même de la série.
Premièrement, je ne connais que très peu de chose, si ce n'est rien en vérité, concernant le lore de Dota 2 et à vrai dire, pour être totalement honnête, je croyais que ce jeu ne possédais pas de lore conséquent, construit et un tant soit peu détaillé. Néanmoins, et on reviendra sur ce point, l'histoire proposée par la série demeure compréhensible, même pour les néophytes même si il y a des remarques à faire.
Et deuxièmement, je dois avouer que l'introduction, l'élément perturbateur présentée possède une certaine similitude avec une série assez récente, également proposée par Netflix, dans une même tonalité ; à savoir celle de la Fantasy Épique, entourée de "petits" dragons : Dragon's Dogma. Outre l'aspect très cliché véhiculé par cette présentation d'un affrontement entre un dragon et un tueur de dragon (Fantasy primaire oblige), c'est fou de constater qu'il n'y a guère de différence entre les deux "malédictions" que subissent Davion dans cette série et Ethan dans Dragon's Dogma. De plus, si l'on veut vraiment pousser la théorie du complot, l'aspect plagiat ou uniquement le fait que les œuvres de Fantasy de manière générale tournent avec de thèmes d'une extrême récurrence, on peut relever un certain parallèle concernant la posture quasi divin des dragons avec la série (encore présentée par Netflix) Le Prince des Dragons. Voilà, je présente des éléments, à vous de décider quels liens tisser.
Donc, pour la série en soi...
Force est de constater que l'intrigue principale, du moins celle liée au protagoniste, n'est guère originale ; est-ce donc si étonnant ? Une fois de plus, la forme de l'histoire semble être une redite de ce qu'il y a de plus basique au sein de la Fantasy dès l'instant où on côtoie un dragon. L'originalité va, bien évidemment, venir du fond - même si certaines similitudes présentées ci-dessus laissent perplexe. L'histoire est sympathique et l'on entre véritablement dans les différentes confrontations qui se préparent tout au long de cette première saison. Saison assez courte soit dit en passant : huit épisodes d'une vingtaine (plus trente) de minute. Ce qui fait apparaître le premier souci de la série : cette saison propose beaucoup trop d'intrigues secondaires, ce qui fait qu'en huit épisodes, on n'a absolument pas le temps de proposer une évolution décente des intrigues dévoilées. Si elles ne trouvent pas de finalité lors de la conclusion, elles sont tout bonnement laissées en suspend pour la prochaine saison ; en espérant que la deuxième saison commence par résoudre les sous-intrigues avant d'en proposer de nouvelles parce que sinon, l'incompréhension - si ce n'est la perdition - des spectateurs sera vraiment accrue. C'est vraiment l'un des points sombres de la série : ça part absolument dans tous les sens et cet afflux de rebondissements (qui servent parfaitement l'immersion, je ne dis pas le contraire) ne laisse aucune chance aux personnages d'être développés de manière satisfaisante. Alors oui, c'est passionnant, avec des rebondissements à tout va, avec des éléments et des enjeux qui ne perdront pas les novices dans l'univers de Dota car le tout est assez bien amené pour satisfaire les vétérans et les nouveaux... mais la saison propose trop, il n'y a pas de demi-mesure, il n'y a pas une volonté de prendre son temps, de poser un peu les événements histoire que le spectateur se remette de ses émotions. Il y a une volonté de ne pas perdre ce dernier en lui faisant digérer toujours plus d'informations et de nouveautés. Ce qui est dommage lorsque l'on voit la qualité scénaristique qui se dégage de la production.
Alors, dans l'ensemble et pour être concis, c'est franchement brouillon bien que l'on puisse sentir une certaine aisance à raconter une histoire intéressante.
Concernant les personnages, si certains sont tirés du jeu vidéo, je suis incapable de dire quoi que ce soit à leur sujet (si ils sont cohérents avec leur lore, s'ils sont bien retranscrits...). Ce qui ne m'empêche pas de les analyser : premièrement, nous avons Davion, le chevalier-dragon et héros principal de cette série. Il est accompagné de Mirana et de son acolyte Marci avant d'être rejoint par l'elfe Fymryn. Voilà de quoi est formé le groupe d'aventuriers. Et si chaque protagoniste possède une personnalité intéressante : de la fidélité inébranlable de Marci vis-à-vis de Mirana aux doutes de cette dernière en passant par la peur de Davion et la combativité de Fymryn, il est plus que dommage de ne pas avoir plus à apprendre d'eux, notamment d'un point de vue relationnel. En effet, bien que nous ayons la possibilité d'observer quelques discussions cocasses ou légérement tirées par les cheveux, la vitesse de déroulement de l'intrigue et des sous-intrigues font qu'il est difficile de s'attarder un instant sur les liens qu'ils tissent. Ce qui donne cette sensation d'évolution brutale sans grande logique, presque imposée par les scénaristes pour véhiculer en nous une forme de sympathie envers les différents personnages. Concernant les personnages secondaires - aussi bien humains que dragons (ce qui est dommage d'ailleurs car le conseil formé par ces reptiles ailés était le moyen de bien les exploiter), et cela peut rejoindre ce qui va être dit pour les antagonistes, nous sommes dans la même idée, si ce n'est que l'on efface un peu plus l'importance qui leur est donnée ; peut-être que de plus amples détails ou informations seront données dans le futur mais pour l'instant, on se contente de quelques fragments qui nous interrogent sans grande difficulté. Mention spéciale au personnage de Marci (qui me rappelle énormément celui de Amaya dans Le Prince des Dragons - mutisme oblige, je suppose) qui possède un certain charme dans son manière d'être, d'agir et de communiquer avec ses alliés.
Malheureusement, les personnages sont énormément entravés par la vitesse de présentation et d'action délirante de l'intrigue, ce qui donne vraiment un aspect non accompli, qui ne laisse pas le temps aux personnages de présenter tout ce qu'il y a de phénoménal en eux malgré des premiers impressions franchement sympathiques !
Pour la qualité graphique, on est sur de la qualité justement, quand bien même le nez des personnages possède un quelque chose de... bizarre ? Enfin, la matérialisation du nez, à moins que ce ne soit les ombrages ou le relief, est assez étrange et dès l'instant où on l'a remarqué (ce qui est difficilement évitable), on ne voit plus que ça (essentiellement lorsque les personnages sont de face ; le profil passe encore). Mais si on écarte cette coquille visuelle, force est de constater que le tout est presque admirable : des animations sympathiques, une qualité graphique bienvenue avec un travail sur les lumières et l'ombrage notable. On reste sur une qualité semblable aux autres productions Netflix, ce qui semble gage de qualité (ce terme est bien trop utilisé à mon goût) - bien que les exceptions soient nombreuses, et ça fait plaisir. Le tout est coloré avec des visuels vraiment mignons à l'instar de ce que l'on nous propose dans le générique d'introduction (le reflet de la lune, la luminosité des nénuphar...) ; à noter que la qualité de l'introduction semble de meilleure qualité que les épisodes mêmes. Autrement, le rendu des dragons, les particules de flamme, les sortilèges... demeurent appréciables.
Pour les combats, nous avons des duels et des affrontements dynamiques et nerveux, avec un aspect hémoglobine bienvenu.
Pour les divers lieux et décors, force est de constater que nous avons de beaux panoramas bien que la plupart présente surtout un environnement naturel plus que basique (forêts, montagnes enneigées...) mais le tout est à la hauteur des espérances dès l'instant où nous avons pu observer un niveau graphique de cette qualité.
Pour les musiques malheureusement, je n'ai pas trouvé énormément de mélodies intéressantes ; il n'y en a bien deux-trois qui ont retenu mon attention (dont celle présentée dans l'introduction, bien qu'elle soit assez courte) mais dans l'ensemble, je n'ai pas été tellement attiré musicalement parlant.
DOTA : Dragon's Blood brille par certains points. Le problème, c'est que ces points sont assez disparates et sont noyés dans l'imposant brouillon de l'intrigue. Et c'est dommage car le seul fait d'avoir "légèrement" mal dosé l'intrigue principale, notamment avec la présentation de sous-intrigues en tous genres, rend le tout informe, pas incompréhensible certes mais bien trop dispersé. Au lieu de se concentrer sur un élément important, on désire nous mettre en avant de nombreux enjeux (presque un par personnage, ce qui finit par faire beaucoup...) et agencer la chose de telle sorte que les différents enjeux se répondent et mettent les différents protagonistes dans une posture de méfiance, si ce n'est de confrontation. En soi, le but est louable et est intéressant sur le papier mais force est de constater qu'à l'écran, le résultat est quelque peu flou et trouble. Néanmoins, je pense que l'on peut faire confiance aux scénaristes pour nous proposer une deuxième saison - qui semble déjà prévues ; je n'ai pas trouvé les confirmations - lavée des imperfections de ces premiers épisodes. Néanmoins, cette série est tout bonnement divertissante et j'en recommande le visionnage, malgré une histoire globale quelque peu déjà-vue et un lore presque complètement absent - c'est bien un des points que j'aurais voulu voir détaillé dans cette série, mais la volonté de proposer un divertissement à la portée de tous est cependant perceptible (même louable). Cette série, en plus d'être un bon divertissement, est un excellent moyen de patienter la série League of Legends (je demeure tout de même plus enclin à préférer cet univers) et, peut-être, une bonne entrée pour se jeter dans l'univers vidéoludique.
Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !