Pitoyable
Aucun intérêt scénaristique, pas de rythme, ni de réel enjeu, les personnages réduits à leurs relations LGBT, dialogues pauvres et convenus, absence d’épique, héroïne irrationnelle, animation...
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le 11 déc. 2022
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Cette critique ne contiendra aucun spoiler, qu'il s'agisse de la série ou des jeux vidéos dont elle est issue.
Si vous ne connaissez rien à la saga et que vous vous demandez si la série vaut le coup, le dernier paragraphe est pour vous.
Petite remise en contexte - nécessaire vu de quoi on parle. Au moment où j'écris ces lignes - et que la série vient de sortir, la saga de jeux vidéo "Dragon Age" en est à son troisième opus et le quatrième se fait attendre. C'est pour servir de prélude à ce "Dragon Age Dreadwolf" qu'Absolution est donc produite et diffusée, afin de constituer un lien avec l'opus précédent, Dragon Age inquisition.
En somme, nous avons une série animée faisant office de pont entre deux jeux vidéos d'une saga connue pour trois choses : un univers foisonnant, une mécanique de choix et donc d'embranchement scénaristiques rendant particulièrement chiante la perspective de faire du cross-media et d'être à peu près la dernière licence du studio Bioware qui tienne debout.
Autant dire qu'Absolution avait du taf. A-t-elle réussi ? Et si on est pas fan, est-ce que ça vaut le coup d’œil ?
Critiquons.
Miriam, une mercenaire elfique est recontactée par son ancienne petite amie, Hira, qui a été chargée par l'Inquisition – force apolitique jouée dans le précédent jeu – de récupérer le Circulum, un artefact magique dont les quelques explications laissent largement entendre qu'il vaudrait mieux éviter d'y toucher. Cet artefact se trouvant dans le domaine des anciens maîtres de Miriam, esclave enfuie de Tevinter, celle-ci est la seule capable d'infiltrer la petite troupe à l'intérieur pour voler le Circulum.
Sur ce plot somme toute très simple va se dérouler une histoire de cambriolage qui – comme on s'en doute – va mal, très mal tourner. Si Absolution n'aura pas le prix du scénario le plus original, reste que celui-ci est parfaitement rythmé sur les 6 épisodes, sans longueurs (ou presque, on y reviendra) ni sentiment de précipitation. On est certes loin des enjeux grandioses des jeux vidéos mais la nature d'œuvre "jointure" de la série l'oblige à des vues plus modestes, logiquement. Et le grandiose n'est de toute façon pas son intention : son scénario est surtout prétexte à dérouler des destinées dramatiques, des rancœurs jamais digérées et autres trauma nécessitant que les personnages reprennent les choses en main pour mettre de l'ordre dans leur passé afin de s'assurer un futur. Et de rester en vie, accessoirement.
Et quand je dis "les personnages", je veux principalement parler de deux personnages, au milieu de toute la troupe : Miriam et Rezaren.
Si je n'ai rien à redire côté histoire – ni côté dialogues qui sont comme d'habitude dans un dragon Age clairement le point fort (préférez la VO, la trad' française n'est pas à la hauteur comme d'habitude chez Netflix) – j'ai un peu plus de critiques à émettre côté personnages.
Alors ils sont très bons, aucun souci, je dirais même que c'est LE point que ne doit JAMAIS foirer un Dragon Age mais tout bons qu'ils soient, ils sont surtout assez peu développés. Suffisamment pour attirer la sympathie et la curiosité, mais clairement pas assez et pour cause :
Myriam et Rezaren prennent toute la place puisque c'est de leur absolution – ou damnation – qu'on parle ici. Et ce sont deux très bons personnages, qui savent donner l'intensité nécessaire au conflit qui les oppose, sans trop de manichéisme. Comme souvent, pas de "méchant", pas de "gentil", surtout des gens déracinés et en souffrance qui doivent faire des choix – pas souvent les meilleurs. Sous cette quête de McGuffin, il y a surtout des passés irrésolus qui font beaucoup de dégâts, y compris au-delà des personnages concernés. Série pour adulte oblige, il y aura des morts, du sang et la question plutôt tendue de se demander comment tout ça va finir, sinon mal.
Mais on peut regretter que les autres personnages, pourtant intéressants, soient un peu réduits à du comic relief tout en laissant entrevoir qu'ils peuvent faire clairement mieux que ça. L'humour est présent – pas celui à la Marvel qui désamorce systématiquement tout – mais plus celui qui permet des décompressions pour éviter de tomber dans le pathos et aussi de ne pas coincer les personnages dans des stéréotypes de figurants. Bref, tout comme la narration, tout est fluide, bien dosé, on comprend les relations en quelques échanges, y compris celles des couples à l'écran (Oh et comme je sens venir la critique de prétendu wokisme : Bioware fait du LGBT dans ses jeux depuis 2009 et n'a donc pas attendu que tout internet y plaque ses diverses névroses pour des PNJ en mal de reconnaissance. Fin de la parenthèse). Bref, on peut comprendre que 6 épisodes ce soit un peu court pour développer tant de personnages, ça n'en reste pas moins dommage.
Côté animation, j'ai un peu pris peur au début, notamment avec le mélange 3D/2D dont le rendu demande un temps d'adaptation (et reste d'un goût parfois assez limite selon les plans, on va pas se mentir) ou l'animation parfois rigide sur les scènes de dialogue/exposition mais globalement, Absolution est doté d'une animation propre, très nerveuse mais en même temps très lisible durant les combats. Les chara design sont soignés, la réalisation s'autorise des ralentis sans en abuser pour rendre l'action claire et compréhensible. Bon, on sent quand même le budget parfois limité, rues avantageusement vides, peu de scènes avec beaucoup de figurants, angles calculés pour limiter un peu les affichages de bagarre au loin, etc… disons que c'est suffisamment intelligemment utilisé pour éviter de TROP montrer les limitations du studio Red Dog Culture House et que l'essentiel – les combats et les faciès – est assuré. On est pas dans Arcanes mais y'a pas de quoi avoir honte non plus.
Une remarque quand même : il y a beaucoup. BEAUCOUP. De combats. Sachant qu'on est sur une durée de 3 heures, il y a quand même une sacrée partie consacrée à la baston, certes bien animée mais j'ai ressenti sur la fin un poil de lassitude, d'autant que quand des persos secondaires sont insuffisamment exploités, voir la série nous montrer du combat trop souvent est un poil abusé. Disons que je me suis demandé "si ça n'avait pas été tiré d'un jeu vidéo, est-ce que vous en auriez mis autant ?".
Et puisqu'on parle des jeux…
Bon. Là j'aborde la partie pour les non fan de Dragon Age ou les non-initiés, vu que si on est fan de la saga, la question ne se pose même pas, il faut voir la série.
Mais si vous n'avez jamais touché un seul jeu Dragon Age, est-ce que vous pouvez mater Absolution ?
C'est une série modeste mais qui reste de qualité, servie par une animation clean, des combats badass, de l'humour, des persos intéressants et des enjeux parfaitement cernables avec ou sans les jeux. Elle a également le mérite d'être courte – 3 heures en tout – vous prenez donc peu de risques.
Mais honnêtement, pas sûr qu'elle vous donne envie de découvrir les jeux. Déjà la série n'introduit quasiment rien du Lore. Il reste compréhensible pour n'importe qui ayant déjà vu/lu/joué des œuvres d'heroic fantasy, ça ne nécessite pas un effort surhumain pour comprendre, mais cela va fatalement diminuer les enjeux pour un non initié. Sans rien spoiler, la fin de la série – qui est une ouverture vers le jeu à venir – n'aura pas du tout le même effet sur un néophyte ou sur un fan (qui fera je pense une petite attaque de panique, parce que Bioware adore nous foutre des grosses gifles avec des moufles cloutées). Du coup, à part voir une série sympathique/ok tiers, ça ne sera pas une révélation. Absolution est clairement beaucoup plus à destination des fans : si vous tenez à découvrir Dragon Age, lancez vous dans Inquisition, qui reste le plus accessible des trois jeux. Absolution ne constituera pas une porte d'entrée. Ou alors une toute petite porte.
Celle qu'on déverrouille pour voler un artefact interdit.
Créée
le 10 déc. 2022
Modifiée
le 10 déc. 2022
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