Si le manga Enfer et Paradis a fini par me décevoir du fait de son développement interminable, son adaptation animée m'a surtout marqué par ses longueurs au sein de chaque épisode.
Cette série voit le jour 7 ans après les débuts du manga. Avec un tel décalage on pouvait espérer qu'elle aurait suffisamment de matière à traiter pour tracer sa route avec une certaine autonomie. Hélas ça n'est jamais le cas. A l'exception des derniers, tous les épisodes suivent rigoureusement le manga avec une fidélité poussée jusqu'au respect de nombreux plans.
Dans l'absolu ce n'est pas un mal en soi, mais ce qui se passe rapidement en lecture peut vite devenir interminable lorsqu'il s'agit de regarder des personnages parler. Certaines scènes (comme le passage dans le bowling) illustrent bien ce travers avec l'animation des combats complètement gâchée par d'interminables monologues. L'autre effet pervers de ces longueurs est qu'elles font ressortir la dimension invraisemblable de certaines scènes ou de certains personnages. Ainsi, Aya Natsume ou le plan du doyen Takanayagi (qui sont juste extrême dans le manga) finissent par apparaitre comme totalement absurdes dans l'animée.
Mais le comble de toute cette temporisation réside surtout dans le fait que la fin intervient de façon aussi brutale qu'inattendue. Soyons honnête, je pense que le studio Madhouse espérait réaliser plus que 24 épisodes. Mais lorsque leurs ambitions ont dû être revues, le rythme de narration qu'ils avaient adoptés n'a pas dû leur permettre de se retourner à temps pour mettre en place un final décent. Même les deux OAV diffusées par la suite ne corrigeront pas l'aspect bancal et précipité de la conclusion.
En parallèle de ce défaut, la série hérite d'un travers du manga : le flashback. Pour ceux qui ne savent pas à quoi je fais référence, sachez que très tôt dans son développement, l'intrigue va partir sur un très long flashback concernant certains personnages. Rien de surprenant dans le concept mais dans les faits, les évènements du passé vont s'avérer beaucoup plus intéressants que ceux du présent. En outre, les personnages du flashback vont également se révéler beaucoup plus charismatiques que les personnages principaux.
Dans l’œuvre papier ce décalage finit par s'estomper avec le reste des évènements car il ne concerne que le premier tiers de l'intrigue. Mais pour la version animée qui se concentre uniquement sur ce tiers, c'est beaucoup plus problématique. Quelqu'un qui n'aurait jamais lu le manga se retrouve donc face à une œuvre bicéphale où la partie supposée accessoire est finalement bien plus intéressante que la partie principale.
Au final il n'y a guère que l'aspect technique qui soit réussi. Visuellement la série reprend le style de OH! Great avec succès. Quant à l'animation, elle demeure très correcte même si elle est rarement mise à l'honneur.
Malgré tout, je regrette que cette série se soit orienté vers le tout public. L'aspect cru du manga n'a de sens que parce que son auteur l'exploite vraiment. En le résumant à un défilé de culottes et de décolletés, la série s'encombre d'un aspect racoleur dont elle aurait mieux fait de se passer.
En définitive, je ne vois pas qui pourrait vraiment apprécier cette œuvre.
Si le titre ne vous évoque rien, vous n'y trouverez qu'une succession de bla-bla et de baston sans grande crédibilité.
Si vous êtes un fan du manga, alors je pense qu'il vaut mieux le relire. Parfois l'adaptation animée condense le meilleure d'une série. Mais dans le cas d'Enfer & Paradis, c'est surtout un gros zoom sur nombre de ses défauts.