Ah ! Voici une série que j'ai plaisir à commenter car disons le tout de suite elle est originale, très bien écrite et interprétée. Et en plus, elle est française !!! C'est assez rare pour le souligner. Je ne dénigre pas les productions nationales, mais je constate que nous n'avons pas excellé en série policière, jusque-là.
Pas fan du genre, je pense surtout m'être lassé de la monotonie et de la récurrence du regard posé. Nous avons (trop) souvent le droit aux vieilles séries à la française avec le/la gentil(le) flic à la tête d'un commissariat qui dirige une équipe fun mais soumise pour retrouver le méchant type qui à commis ce crime crapuleux dans une maison bourgeoise du secteur ; soit les héros américains, experts scientifiques et doués de facultés informatiques ou sensorielles hallucinantes qui résolvent des crimes sortis de l'espace. Bref, rares sont les séries qui m'ont donné envie de suivre le fil des saisons.
Diffusée et produite par les studios Canal depuis 2005, Engrenages m'a réconcilié avec ce genre. Son succès et sa longévité me semblent tout à fait mérités, tout comme les excellents commentaires sur SensCritique d'ailleurs. D'abord, cette série a le mérite de renverser le classicisme scénaristique traditionnellement proposé. Nous suivons une enquête fil-rouge sur une saison, qui se mêle et se démêle d'affaires secondaires et parfois sans rapport. L'angle n'est pas uniquement policier, il est également judiciaire. Et attention, rien à voir avec les Cordiers, ici, nous sommes au cœur du fonctionnement de la justice avec ses nombreux acteurs et ses difficultés. La série nous entraîne ainsi dans les arcanes de ces institutions : le déroulement d'une affaire, le rôle et le pouvoir de chaque juridiction, les procédures, la complexité des relations police-justice, les petits arrangements ... Enfin, les personnages sont de vrais anti-héros, des gens simples, avec les mêmes emmerdes et défauts de monsieur-tout-le-monde : avidité, orgueil, jalousie mais aussi fragilités et tendresses. Je suis friand des personnages du juge Roban, interprété par Philippe Duclos, et de Joséphine Karlsson incarnée par la décidément excellente Audrey Fleurot.
Ma note de 8 montre mon enthousiasme et quelques petites déceptions notamment des saisons 4 et 5. Pas les meilleures à mon goût. La dernière saison est par contre de très bonne qualité et le personnage de Laure Berthaud gagne en profondeur et en empathie.