Saison 8 - 8/10
Après la baisse de régime de la saison précédente, Engrenages revient pour une ultime enquête et parvient à se conclure en beauté. Sans forcément revenir aux grandes heures de gloire de la série, cette dernière saison saura mettre un terme à une des meilleures séries françaises. La conclusion elle-même sera un peu décevante, car précipitée, voire bâclée, et pas vraiment dans le ton même de la série ; mais l’ensemble de la saison sera à la hauteur des attentes. Les après-coup de la dernière saison, avec l’arrestation de Gilou, sont plutôt bien intégrés dans la trame principale et, comme toujours, l’enquête de Laure se révèlera être une véritable intrigue à tiroir, où chaque épisode nous fait peu à peu avancer dans une affaire plus sordide.
À ce sujet-là, la dynamique au sein de l’équipe de Laure, notamment avec Ali, mais aussi avec Beckriche ou la nouvelle juge Bourdieu (dommage qu’on ne la verra plus, elle était intéressante). Pour Joséphine, on la sent un peu plus en retrait cette saison, même si elle joue en fin de compte un rôle central dans l’affaire général. Tout en restant fidèle à elle-même, elle se montre surtout beaucoup plus empathique dans sa lutte pour le jeune Souleymane (d’ailleurs, coup de cœur pour son casting). Elle aura aussi droit à la conclusion de son arc, notamment avec Edelman, et même si on l’attendait depuis longtemps, ça arrive à point nommé. Concernant Laure, j’admets que je l’ai beaucoup plus appréciée cette saison. Cela faisait longtemps qu’elle ne m’avait pas paru aussi sympathique. Même si elle reste fidèle à ses valeurs, on sent que les dernières saisons l’ont marquée et qu’elle a appris de ses erreurs, et ça, ça fait plaisir.
Alors même si c’est dans l’ADN de la série d’avoir toujours une forte compartimentation entre les services, avec Laure qui veut toujours faire elle-même, ça fonctionne beaucoup mieux cette fois-ci comparé à la fois dernière. C’est plus organique et ça s’inscrit dans une meilleure dynamique narrative. L’arrivée de la juge Bourdieu n’y est pas étrangère à mon avis tout comme la relation avec Ali. Quant à Gilou, son arc narratif se révèle tout aussi intéressant et fidèle au personnage, avec une tension à chaque instant. Dommage que la conclusion soit aussi brutale et brusque, surfant sur la happy-end.
Le casting est toujours au top, tout comme l’aspect technique. La mise en scène sera peut-être moins marquante et percutante qu’à d’autres moments dans la série, mais le montage restera assez efficace pour pallier la petite baisse. Ça reste toutefois encore bien supérieure à de nombreuses productions française et à la hauteur des meilleures créations originale de Canal+. Les décors seront toujours aussi crédibles, avec une géographie toujours aussi bien disposée et exploitée au sein de l’intrigue.
Bref, Engrenages se termine et, avec elle, une des meilleures fictions francophones et sans doute un des meilleurs polars de ces dernières années. Elle aura su prendre des risques, proposer des histoires toujours palpitantes et passionnantes, ancrées dans un réalisme rare et pourtant fascinant. Le potentiel a été exploité à son maximum et elle aura su se conclure lorsqu’elle en avait besoin, sans sombrer dans la lassitude. On ne va pas se mentir, les personnages tout comme ces intrigues vont me manquer.