Spielberg en mode "tout mou"...
Ce n’est pas parce-qu’on s’appelle Steven Spielberg et qu’on est l’inventeur du cinéma d’entertainment, qu’on a le droit de fusiller à ce point une des séries les plus prometteuses de l’été 2014. Après avoir signé le beau succès de Band Of Brothers, Steven Spielberg vient copieusement se crasher avec Extant. Treize épisodes d’un ennui absolu, maintenus à peine en éveil par quelques rebondissements parfois prometteurs, souvent pathétiques et toujours répétitifs. Bref, l’intrigue n’avance pas, les épisodes sont bavards comme du Tarantino et font osciller entre agacement et frustration de ne pas en savoir plus, sans jamais en savoir plus. Produire treize épisodes pour ne démarrer réellement qu’au douzième, la faute à un scénario finalement assez mince et étiré à son maximum pour faire ni plus ni moins que du remplissage.
Extant, puisqu’il faut en parler, raconte le retour sur terre d’une spationaute après un séjour de plusieurs mois seule dans l’espace. À son retour, elle se découvre enceinte alors qu’elle était seule dans sa station spatiale et retrouve son fils « humanoïde » plus vrai que nature, créé par son scientifique de mari. C’est à peu près tout, Spielberg brode autour de ce minuscule scénario une machination dont il ne donne jamais les clés, des intrigues secondaires sans intérêt et artificielles. Reste un petit côté écolo, puisque ce cher Steven passe son temps à s’auto-recycler : ses films d’extra-terrestres, mais surtout A.I., tout y passe. On a d’ailleurs du mal à croire qu’il ose nous refaire le coup de l’enfant artificiel, qui tente de trouver sa place dans l’humanité et un sens à son «existence». On est navré pour lui d’un copier-coller presque pathétique.
Extant est aussi laid qu’il est mal écrit, les scènes spatiales lorgnent ouvertement vers 2001, l’Odysée De l’Espace, sans en atteindre l’esthétique. Pourtant, les effets spéciaux ont depuis fait des progrès considérables et Spielberg en est un spécialiste reconnu, mais ses choix graphiques et esthétiques posent problème. L’univers d’Extant, froid et distant, ne fait rien ressentir à un téléspectateur, soit indifférent, soit mal à l’aise. Le sommet du mauvais goût, pourtant anodin, est atteint avec le casque spatial d’Hale Berry dans le dernier épisode, sorte de cône sans forme hilarant et qui pourrait bien devenir culte.
Même les acteurs semblent s’ennuyer, jouant façon « service minimum » et ne trouvant d’inspiration ni dans l’histoire, ni dans leur personnage. Halle Berry, embauchée pour jouer les têtes d’affiche, est plus proche de son Grazie Award reçu pour Catwoman, que des autres prix reçus en tant que meilleure actrice. Qu’on se le dise, elle n’est pas jeter avec l’eau du bain dans cette série, elle est juste à oublier. Il n’y a guère que ceux qui sauront apprécier le plastique parfaite d’une cinquantenaire rugissante qui retiendront quelque chose. D’où la présence de Goran Višnjić à ses côtés, pour ce côté beau gosse romantique, sinon quoi d’autre.
Avec tout ça aucune saison 2 n’est prévue à ce jour, rien de frustrant même si on ne connaitra jamais le dénouement. Cette série sans intérêt a d’ailleurs vu son nombre de téléspectateurs presque divisé par deux entre le premier et le onzième épisode sur CBS, autant dire que plus personne (Spielberg compris) n’alignera le moindre dollar pour le voir partir en fumée. Certains ont écrit sur cette série qu’elle faisait « du sur place intensif » qui gâchait son potentiel. C’est vrai que le problème de rythme est juste énorme et fait disparaitre toutes les autres qualités, mais tout ça pourrait finalement n’avoir qu’une même cause : le talent de Spielberg aurait disparu avec les années. Dans l’hexagone, M6 diffusera la série dès le 29 septembre 2014 et seul le premier épisode le sera en prime time, calcul judicieux…