"Fargo" : voila que l'on nous tape une série basée sur le film culte, sacré des frères Coen. Cet univers glacial, où se mélangent rires et effrois refait surface une grosse quinzaine d'années après la sortie du monument qu'il m'arrive encore de regarder avec un appétit toujours plus féroce. M'enfin, comment sortir 10 épisodes sur une histoire que les pères du savant Lebowski ont torché de façon magistrale en 1h30?
Il faut premièrement se faire à l'idée lorsque l'on attaque cette série que l'on ne risque pas de revoir le visage naïf de Frances ou l'assurance clownesque de William Macy. Le scénario est différent sur un certain nombre de points et la violence si chère au film original n'est que plus appuyée. Evidemment, la vue de ce Minnesota embourbé par la neige ou encore l'écoute de la bande son peut donner moult frissons aux grands nostalgiques, mais le mieux est de repartir à zéro et de donner sa chance à la relève.
On retrouve cette crème de Lester Nygaard, incarné par M. Freeman dont je ne pense pas nécessaire de rappeler la filmographie bien pourvue. Du haut de son gros manteau bouffi il ressemble à s'y méprendre à une fusion entre le bonhomme Michelin et une citrouillle. Il bafouille, sue, possède un charisme de chewin-gum et une vie dégueulassement monotone pour arroser le tout. Il se complait en regardant de manière hébétée une affiche de type que l'on fout aléatoirement dans une salle d'attente du premier peye autoproclamé psy du coin : "What if you're right and they're wrong". Un jour, sa misérable vie va basculer : il croise par hasard cauchemar de son adolescence promenant ses deux imbéciles de fils. Et cette rencontre va foutre un sacré bordel.
Suit une rencontre avec probablement le protagoniste le plus important : Lorne Malvo. Un nom qui semble sorti tout droit du cul d'une biche, on peut se l'accorder. Mais B.B Thornton sort brillamment de ce rôle de tueur en série et en dégage une allure plus glaciale que les rocs qui entourent Bemidji. Des scènes d'ores et déjà mythiques ressortent de ce personnage qui ne manque cependant pas d'humour au cas où l'on oublierait que l'on regarde Fargo.
Une multitude de personnages va naître autour de ces deux zigues : la sympathique et boulote policière qui voit en l'affaire Nygaard l'occasion où jamais de bouger son gros c.. son gros enthousiasme, enfin voilà. On va trouver également le jeune policier, qui élève la nouvelle Mireille Mathieu seul comme un rat. L'avocat de Mr. White dont la voix et la bonhomie couvent l'histoire d'un peu de bon sens, etc. Je ne saurai oublier également le duo de tueurs pros', cruels mais dont le travail est aussi propre que celui d'une femme de ménage portugaise en pleine moisson, aussi précis que celui d'un architecte qui s'éclate aux Sims et efficace qu'un blabla vous aurez compris. L'impact sourd/muet leur offre également un certain crédit, on se surprend à les apprécier.
Je pourrai aller plus loin, vous rassurer. Parler des fins d'épisodes, taper la branlette sur certains moments absolument évinçant, ... Mais je vais surtout mettre en avant ce petit défaut : par moment, la série est un peu à l'est, quelques passages manquent véritablement d'intérêt. La fin est bonne mais aurait pu être encore plus tranchante, savoureuse, étant donné le contenu mis à disposition.
Vous ne me verrez pas faire la charogne et mettre un 7 pour ces quelques menus détails : Fargo est une bonne surprise et se laisse manger en quelques jours. Après le tonitruant True Detective, je me sens choyé. Place à Peaky Blinders.
Bouone appétite