Après l'arrêt de l'anthologie Masters of horror par la chaine Showtime, Mick Garris parvient à exporter le concept sur NBC afin de poursuivre les hostilités. Pourtant cette nouvelle série va avoir le plus grand mal du monde à vivre dans l'ombre de la prestigieuse série précédente et va connaître un succès des plus mitigé aux États Unis. La série débarquera ensuite discrètement en France avec une diffusion sur Orange, alors que les Masters of Horror avaient carrément droit à des soirées sur Canal +. Fear Itself s'offrira ensuite une distribution en DVD confidentielle avec une intégrale débarquée sans publicité pour Noël 2010. L'anthologie regroupant les 13 épisodes sur 4 DVD est loin de proposer les nombreux bonus des Masters of Horror avec simplement des interviews promos en forme de court making of. Il faut dire que Fear Itself est loin de réunir le même prestigieux casting de réalisateurs que les Masters of Horror, si l'on retrouve Stuart Gordon, Ronny Yu ou John Landis on passe également de Dario Argento, John Carpenter, Tobe Hooper ou Joe Dante à Breck Eisner, Darren Lynn Bousman et Rupert Wainwright ce qui n'est pas tout à fait la même chose. La série abandonne le gore et les débordements horrifiques des Masters of Horror pour se recentrer un peu plus sur le fantastique, la peur et le suspens, un choix pas forcément mauvais à condition de tenir les quelques promesses faites en la matière. Il est donc temps d'explorer les 13 épisodes de Fear Itself afin de voir si cette nouvelle anthologie justifie son sous titre de Les maîtres de la peur. Dernière précision les épisodes sont chroniqués dans l'ordre mis en place sur les DVD et ne correspondant pas à la chronologie des épisodes lors de leur diffusion (En même temps on s'en tape un peu puisque les épisodes sont indépendants les uns des autres).


Le dévoreur – Eater de Stuart Gordon 06/10
C'est donc Stuart Gordon (Ré-animator) déjà présent sur les deux saisons des Masters of Horror qui ouvre cette saison de Fear Itself avec l'histoire de quelques flics chargés pour une nuit de garder un dangereux serial killer cannibale. Ce premier épisode offre un huis clos sans surprises mais plutôt efficace dans lequel l'imposant Stephen R. Hart interprète avec conviction ce cannibale adepte de rites vaudou lui permettant de prendre l'apparence des victimes auxquels il dévore le cœur. Même si on comprends assez vite le truc du tueur prenant l'apparence de ses victimes, ce qui coupe court à tout suspens on se laisse porter par l'affrontement final entre le dévoreur et une jeune femme flic débutante. Dommage que le final de l'épisode laisse quand à lui grandement à désirer au niveau de la crédibilité en plombant le récit dans son dénouement. Fear Itself commence donc doucement mais avec un épisode franchement agréable à regarder.


Âmes Errantes – Spooked de Brad Anderson. 03/10
Le réalisateur de The Machinist poursuit donc l'anthologie avec cette histoire d'un ancien flic aux méthodes musclées devenu détective privé qui va devoir planquer dans une maison hantée pour le compte d'une femme mystérieuse. Encore une fois cette épisode est totalement prévisible et offre bien peu de surprises dans son déroulement. Mais cette fois ci c'est assez vite l'ennuie qui s'installe devant cette histoire pas vraiment maitrisée dans son écriture et terriblement plate dans sa mise en images. Un sentiment encore renforcé par la médiocre interprétation de Eric Roberts qui culmine dans un flashback assez ridicule tentant d'expliquer l'aversion du personnage pour les armes à feu et sa propension à la violence. Avec Ames Errantes, Fear Itself retombe dès son second épisode en proposant un récit aussi peu effrayant que originale.


Résidence surveillée - Community de Mary Hardon 06/10
L'originalité ne semble définitivement pas la vertu première de Fear Itself avec ce troisième épisode racontant comment un jeune couple se retrouve prisonnier d'une petite résidence de banlieue bien trop idyllique pour être tout à fait paisible. Les histoires de petites communautés cachant de lourds secrets n'est pas vraiment une nouveauté dans le domaine du suspens et du fantastique et l'épisode de Mary Hardon (American Psycho) aligne les clichés du genre avec par exemple le type qui pète les plombs lors d'une grande réunion, les tensions naissante dans le couple et le climax aux airs de déjà vu. Même si Résidence Surveillée possède de très bonne idées comme les caméras de surveillances accessible par tout les habitants de la communauté via leurs postes de télévisions l'épisode s'embourbe assez vite dans de nombreuses approximations narratives et une grosse absence de tension. Toutefois la noirceur du final même si il est totalement prévisible sauve un peu les meubles.


Le Sacrifice - The sacrifice de Breck Eisner 06,5/10
Visuellement l'épisode signé Breck Eisner (The Crazies) est très agréable et possède des faux airs du troisième volet de Ginger Snaps avec son immense fort en bois perdue dans la neige et ses sœurs semblant vivre dans un autre temps. C'est donc dans cet endroit perdu que 4 malfrats vont trouver refuge après ce que l'on imagine être un casse qui a mal tourné. Les quatre hommes vont vite comprendre que les trois sœurs vivantes ici cachent un lourd et dangereux secret. Le Sacrifice est plutôt un bon épisode proposant une intrigue solide, un casting qui tient la route, une très belle photographie et même un soupçon d'émotion lorsque se révélera enfin le véritable sens du sacrifice évoqué dans le titre de l'épisode. Encore une fois on pourra tiquer sur quelques incohérences en se demandant par exemple pourquoi les trois sœurs ne se sont pas servi plus tôt du piège qui représente pourtant leur salut. Mais l'épisode vient tellement rehausser le niveau après les deux précédents que l'on passe très volontiers sur ses petits défauts pour savourer enfin un bon récit fantastique, tendu et correctement mis en images.


La Lettre – In sickness and in health de John Landis 03/10
John Landis était peut être le nom le plus prestigieux des réalisateurs embarqués dans l'aventure Fear Itself et l'histoire qu'il met paresseusement en images n'en ai que plus décevante encore, d'autant plus que l'histoire est écrite par Victor Salva (Jeepers Creepers). La Lettre raconte l'histoire d'une jeune femme sur le point de se marier et qui reçoit une mystérieuse lettre l'informant que l'homme qu'elle s'apprête à épouser est un serial killer. Autant le dire tout de suite rien ne fonctionne vraiment dans cet épisode tenant tout entier sur un twist final aussi improbable et prévisible que ridicule. Platement mis en images cette histoire offre 40 minutes d'une tension de pacotille durant laquelle les personnages passent d'un lieu à un autre en dépit du moindre bon sens en se comportant souvent de manière excessive et caricaturale pour une sorte de comédie de boulevard déguisé sous des oripeaux de thriller conjugal. Poussif dans sa narration, souvent surjoué cet épisode n'offre pas le moindre frisson semblant tout capitaliser sur son twist final pourtant particulièrement idiot. Il reste pour tromper l'ennuie le plaisir de retrouver William B Davis ( The smoking man dans X Files) dans le rôle du prêtre.


Volte Face – Family man de Ronny Yu 07/10
Encore une fois cet épisode s'articule sur un pitch pas vraiment nouveau avec cette histoire dans laquelle deux hommes, un tueur et un bon père de famille échange leurs enveloppes corporelles après un séjour à l'hôpital et un statut de mort clinique. Le bon père de famille se retrouve alors en prison et incapable de protéger ses proches alors que le tueur a pris sa place dans la douceur du cocon familiale. Ronny Yu (Freddy VS Jason, The bride with white hair) orchestre ici un bon thriller sur un argument fantastique et offre une jolie confrontation de comédiens entre Colin Ferguson et Clifton Collins Jr se livrant une lutte psychologique sans merci dans une tension qui va crescendo. Encore une fois l'histoire se précipite un peu lors de l'évasion bien trop facile de Mahoney mais se termine sur un final assez sombre et désespéré alors que le récit s'acheminait tranquillement vers un happy-end. Volte Face est certes super classique dans sa forme et son récit mais assez redoutablement efficace pour en faire pour le moment l'un des meilleurs épisodes de l'anthologie.


La Morsure – Something with bite de Ernest Dickerson 06,5/10
Ce nouvel épisode possède un arrière goût pas désagréable de Creepshow ou Tales from the Crypt avec son mélange d'humour et d'horreur plutôt réussi. La morsure raconte l'histoire d'un vétérinaire qui se fait morde par un loup-garou et dont la vie se retrouve fatalement bouleversée par ses nouvelles capacités. Après avoir eu un peu de mal à rentrer dans la ton humoristique de l'épisode et le cabotinage de son acteur principal je me suis finalement laissé porté par cette histoire plutôt bien écrite et révélant quelques judicieuses surprises. Et puis même si cet épisode est l'occasion de voir des loups-garous végétarien sans doute potes avec les vampires new-age de Twilight il propose une histoire fantastique solide et plaisante à regarder ce qui est loin d'être toujours le cas dans cet anthologie.


Réveillon de la Fin du Monde – New year's day de Darren Lynn Bousman 02/10
Le pitch de cet épisode était des plus séduisant puisqu'il s'agît ici d'une jeune femme qui un lendemain de réveillon se retrouve dans un monde infesté de zombies à la suite d'un accident dans une usine chimique. L'épisode ne fera pourtant illusion que le temps de son pré générique avant de sombrer dans le portnawak le plus total confirmant que Darren Lynn Bous(e)man est bel et bien un piètre réalisateur. On retrouve donc le style Bousman avec ses filtres colorés immondes, sa shackycam permanente et ses plans super cut rendant toute les scènes à la limite du regardable. En plus les zombies sont totalement ridicules , passant leur temps à grimacer en se déformant la mâchoire tout en faisant craquer leur cou et s'attaquant plus volontiers à des portes fermées qu'aux humains qu'ils croisent. Pour faire bonne figure l'épisode nous offre un twist final absolument idiot tant il n'est pas crédible une seule seconde. Réveillon de la fin du Monde s'impose comme le pire épisode de Fear Itself.


Le Ranch Maudit – Skin and bones de Larry Fessender 07/10
Enfin un semblant de frissons avec cet épisode racontant le retour d'un homme qui après une longue absence dans les montagnes revient dans sa famille. Le Ranch Maudit offre enfin une ambiance fantastique qui tient la route et quelques frissons devant la silhouette inquiétante de ce père de famille squelettique, malade et possédé. C'est l'impressionnant Doug Jones qui incarne à lui seul par sa présence étrange une grande partie du malaise qui habite l'épisode qui offre enfin quelques scène marquante comme le repas durant lequel ce père de famille oblige sa femme à cuisiner et bouffer son propre frère. On oubliera donc le final un poil niaiseux et les petites histoires de familles qui aliment le récit pour se satisfaire d'un épisode faisant enfin honneur au titre de la série.


Double Chance – Chance de John Dahl 03/10
C'est une petite surprise de retrouver John Dahl, un réalisateur pas vraiment familier de l'horreur et du fantastique, aux commandes d'un épisode de cet anthologie. Le réalisateur des excellents polars Last Seduction, Red Rock West et Kill Me Again officie toutefois régulièrement pour la télévision sur des séries tout à fait fréquentables comme Dexter, True Blood, Californication ou Breaking Bad. Pourtant cette histoire à peine fantastique d'un type pris dans un engrenage criminel n'offre rien de vraiment palpitant à l'écran et c'est finalement assez vite l'ennuie qui s'installe. Double Chance manque de suspens, de tension et s'articule sur une idée et des événements trop prévisibles pour vraiment embarquer le spectateur avec son personnage principal. Si l'ensemble est plutôt bien foutu et servi par de très bons acteurs (Vondie Curtis-Hall parfait en antiquaire) c'est donc l'ennuie qui l'emporte et l'envie de passer très vite à une nouvelle histoire.


Spiritisme – The spirit box de Rob Schmidt 06,5/10
Retour au fantastique pur et dur avec une histoire de vengeance d'outre tombe provoquée par deux étudiantes jouant à faire du spiritisme dans une boîte à pizza (Oui ça ne s'invente pas). C'est Rob Schmidt, réalisateur du très bon Détour mortel qui emballe cette histoire d'esprit et de vengeance certes un peu cliché mais au bout du compte assez efficace. L'ambiance et la photographie de l'épisode sont plutôt réussi et le rythme soutenu permet de se remettre dans le tempo après le soporifique épisode précédent. Encore une fois la révélation finale de la machination est franchement tiré par les cheveux mais cela semble être une tendance générale de la série.


Réincarnation – Echoes de Rupert Wainwright 02/10
Réincarnation est le seul épisode pour lequel il m'a fallut lutter pour arriver au bout des 40 minutes tant on se retrouve ici devant un monument de non suspens totalement dédié à l'ennuie le plus total. Cet histoire d'esprit d'une maison prenant possession de son nouvel habitant est aussi prévisible que soporifique et n'offre pas grand chose à défendre à part peut être le charme de Camille Guaty et son ravissant grain de beauté dans le double rôle féminin de l'épisode. C'est vraiment le seul truc sympathique de cet épisode.


Le Cercle – The circle de Eduardo Rodriguez 06/10
Ultime épisode de cet anthologie Le Cercle permet de terminé sur une note plus positive avec cette histoire de quelques personnages aux prises avec un livre maudit dans une maison paumée au fond des bois (Qui a dit c'est Evil Dead ??). L'épisode de Eduardo Rodriguez possède de nombreuses qualité en plus d'être un hommage assez évident au film de Sam Raimi. L'idée du livre décrivant le déroulement des événements est amusant et on a enfin droit à un peu d'horreur et de tension avec la présence d'une jeune fille possédée par les ténèbres. Mais voilà Fear Itself semble définitivement avoir du mal à terminer ses histoires et si l'idée d'une boucle temporelle est amusante on se fout complètement des histoires adultères des personnages et de l'intrigue autour de l'écriture du livre. Le cercle reste pourtant l'un des bons épisodes du show et finalement ils sont plutôt rares.


Fear Itself reste donc une anthologie bien faiblarde et moyenne car si l'on fait la moyenne des épisodes on tombe sur la note assez médiocre de 4,9/10. Le premier gros défaut de la série vient de l'écriture entre des sujets bateaux, des histoires sans surprises et une profusion de twist souvent artificiels et peu crédibles Fear Itself ne propose à la base rien de formidablement original. Comme on trouve assez peu de réalisateurs capable de transcender leur sujet afin de transformer le plomb en or, on se retrouve fatalement devant des épisodes qui dépassent rarement le statut de sympathique divertissement permettant de passer un bon moment. Fear Itself reste donc une grosse déception et ne mérite en rien son appellation Les maîtres de la peur.

freddyK
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le 28 févr. 2021

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