Une surprise ou...?
C'est déjà depuis un certain temps, qu'au box-office japonais, l'on observait Makoto Shinkai progresser tranquillement. Mais je pense qu'on n'aurait absolument pas imaginer qu'un de ses films...
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le 30 déc. 2016
7 j'aime
Présence de beaucoup de spoils
Étant une grande fan de "Des Fleurs pour Algernon", de Daniel Keyes, je me suis tapée toutes les adaptations cinématographique, et cette série. Et ce que j'ai noté, c'est que c'est rudement compliqué de donner la même force au livre qu'à l'adaptation à l'écran ! Toujours un Charly trop mou, trop peu attachant, des jeux d'acteurs bof, des libertés prises maladroitement par apport à l'original...
Dans cette version, la plus récente, la moins proche du livre, avec un Charly asiatique qui travaille maintenant dans une boutique de fleurs, l'on pourrait penser à un nouveau fiasco. Alors déjà, on ferme les yeux, et on attend le flop total...
Non mais, ils ont rajouté des personnages qui étaient pas là, et puis, Charly il s'appelle pas Satoru d'abord ! Ces remarques me font bien rire. La version japonaise a osé s'éloigner, a osé donner la force à Des Fleurs pour Algernon, pour que ça en devienne une série aussi touchante que le roman.
On part sur la même idée principale : un déficient mental, qui devient le premier humain à avoir son intelligence améliorée, après une opération fructueuse sur la souris. On observe le héros devenir peu à peu un génie, avec tous les tourments qui en découlent, puis, suite à la découverte de la déficience nouvelle de la souris, se prépare à lui même déchanter, et finit à nouveau stupide (pas de remède, vous voyez le drame).
L'idée originale est là.
Bon, pas d'hôpital Warner, et pas l'histoire bizarre avec l'autre alcoolique... Mais croyez-moi, si l'on fait l'effort de regarder cette série avec attention, on retrouve tous les tourments du héros, notamment sur le plan sentimental, qui est très très négligé dans beaucoup des autres adaptations, alors que c'est le sujet.
Pour en venir à la série, sans trop reparler du livre (ou pas tousse).
Le jeu d'acteur n'est honnêtement pas mauvais. Un big up au petit monsieur qui joue Charly/Satoru, parce que ce n'est pas un rôle facile. J'ai beaucoup aimé le jeu d'acteur du gars qui joue le scientifique binoclard misanthrope, qui rajoute malgré tout un côté très touchant au drama, surtout dans les derniers épisodes, qui joue vraiment bien (le dernier surtout).
Pour en venir aux personnages... Satoru est extrêmement touchant, et son avancée psychologique aussi bien amenée que dans le livre. Il passe de la joie d'avoir été opéré, et de devenir intelligent, à l'impatience, puis, la soif de connaissance, et enfin l'angoisse d'être trop intelligent, avant de subir la peur de redevenir idiot et de ne plus pouvoir fréquenter Haruka. On le voit dans une constante introspection de lui-même, troublé d'être aussi intelligent, mais immature d'un point de vu sentimental, agacé du comportement des scientifiques, car se trouvant comme un animal de laboratoire, et bientôt paranoïaque à l'égard des autres en apprenant sa déchéance prochaine (cf. le petit speech qu'il fait à ses potes de la boutique de fleur parce qu'il a comprit qu'on s'était moqué de lui avant). On apprécie sa relation avec Haruka, qui se sent elle dépassée par les évènements. Elle est aussi complètement perdue, et ne sait plus ou mettre les pieds. On voit qu'elle ne suit plus Satoru au bout d'un moment, et se retrouve dans une frustration atroce dut à son impuissance. Et leur relation timide, maladroite, dut à l'immaturité sentimentale de Satoru est plutôt touchante au final. C'est aucunement subtil, et avec la grâce d'un dinosaure sur une piste de danse, et on retrouve bien le Satoru pataud qu'il y avait même avant l'opération.
Il y a aussi l'histoire du pote du papa de Satoru, à qui on s'attache. Le bonhomme qui embauche les délinquants, et les aide à se réintroduire dans la société. Son histoire est très touchante, et il est lui-même intéressant d'un point de vue caractériel. Et bien sûr, il y a tous les garçons embauchés dans sa boutique de fleurs. On notera en particulier l'escroc, Ryuichi, insupportable au début, mais à qui on découvre finalement une certaine maladresse, et une volonté de s'améliorer, ou Kosuke, le dernier arrivé, qui s'attachera particulièrement à Satoru, et le protègera. De toute la bande, Kosuke est le plus touchant, de par sa volonté de devenir quelqu'un de meilleur, son affection pour les autres, et sa force surtout... Ces personnages, propres à la série, car absents dans l'oeuvre originale, apportent un côté encore plus touchant et vivant à la série. On s'attache à eux (surtout Kosuke, il est tellement cool), et on est content de savoir ce qu'ils deviennent.
Sinon, quelque chose de très propre à la série encore : le personnage de Rio, et ceux qui l'entourent. Bon, honnêtement, le père et sa pote n'ont pas eu le droit à grand chose. Mais ça ne gêne pas tant que ça, parce qu'on sait ce que l'on doit savoir, sait pourquoi la pote surveille Rio. Rio est malade, elle va mourir. Elle aime Satoru, lui il préfère Haruka, et c'est Kosuke qui aime Rio. Ca pourrait être un triangle chiant tout du long, mais Satoru met bien les points sur les i, et on sait qu'elle finira avec Kosuke. La relation qu'elle entretient avec Kosuke est tout simplement adorable, très pure, très douce. Malgré la maladie, ça reste très "rose bonbon" entre eux, bien qu'à la fin Kosuke fasse un gros burn-out -et ça se comprend !-. Là où dans le livre Satoru voulait juste ne pas redevenir idiot, ici, il trouve un vrai but en la guérison de Rio. Son intelligence a véritablement un sens, et finalement, il y trouve une certaine satisfaction qui lui fait accepter de redevenir comme avant. Le personnage de Rio est justifié, car elle apporte au héros la possibilité d'accepter l'inévitable. Et ça, c'est beau.
Les autres scientifiques participent également à l'évolution de Satoru, avec le monsieur en tête des recherches, tantôt gentil, tantôt carrément exécrable, qui pousse le héros à péter un câble deux minutes (ça fait toujours du bien). Honnêtement, ce personnage-ci est mal écrit. Trop déséquilibré, trop flou. On ne sait pas le décrire, on le trouve carrément lourd. Et c'est dommage. L'autre scientifique qui nous intéresse, c'est Kazushige. Un personnage qu'on ne cerne pas avant la fin. C'est LE misanthrope qui fait plaisir, le personnage inadapté à la société. Il n'aime pas les bombes, il flash sur les filles à lunettes, il n'aime pas bosser en équipe, s'attacher aux gens, et il semblerait que sa seule pote soit Algernon, la souris blanche super intelligente. Il est surtout très gauche (cf. quand il fait des avances à la soeur de Satoru). Au début, on ne sait pas quoi en penser, mais à la fin, on se dit "Ce personnage... Il est bien en fait !". Il a un caractère, on sait le décrire, il a une logique, et grâce à lui, la souris Algernon gagne en importance au-delà de celle de sœur de galère de Satoru ! On présente Algernon grâce à lui, comme une petite souris attachante, qui fait de son mieux, et pas seulement Super Mice trop badass qui finit crevée mais on s'en fout en vrai. Et la mort d'Algernon devient vraiment triste. Et ça, chapeau.
Pour le petit spoil des familles :
Quand Kazushige traverse les bâtiments avec le cadavre d'Algernon, poursuivit par les autres scientifiques, parce qu'il veut qu'Algernon ait une tombe, et ne soit pas seulement brûlé et jeté à la poubelle, et qu'avec Satoru, ils l'enterrent dans une forêt... Cette scène est tellement touchante. Le Kazushige qu'on croyait sans cœur, égoïste, qui est en réalité plus humain que les autres finalement...
Comme quoi, ne pas se fier aux premiers abords. Tout le monde a sa part d'humanité.
Pour en venir à un personnage extrêmement important dans le développement de Satoru, soit sa mère, j'ai presque crut qu'elle serait aussi méchante que dans le livre (la pétoche, j'vous jure), mais en fait, elle s'en veut de ne pas avoir eu le courage d'élever son fils malgré ses ennuis, et ça, Satoru finit par le comprendre. Il ne lui en veut pas, en tant que l'ancien Satoru, tout comme il lui en veut tel qu'il est à ce moment. Et ce tiraillement intérieur est n'empêche affreusement important, parce que c'est un point vitale dans l'histoire. Satoru a voulut devenir intelligent, surtout, et avant n'importe quoi d'autre, pour avoir l'amour de sa mère. Et le fait qu'elle l'accepte finalement tel qu'il est, alors que dans le livre c'est très flou, je trouve que c'est bien joué de la part des japonais. Parce que finalement, Satoru a vraiment achevé quelque chose.
Tous ces personnages participent au développement du héros, nous permettent de noter son évolution, là où dans les autres adaptations, ces évolutions étaient peu, ou expliqués maladroitement, voir n'importe comment. Ils sont attachants, utiles, et mis à part quelques uns mal écrits, les autres sont vraiment bons. On a enfin la sensation que Des Fleurs pour Algernon a une fin. Satoru s'est fait accepté par sa mère, celle pour qui il était devenu intelligent, et en plus, il a élaboré un remède à une grave maladie dans le but d'accepter sa propre mort, en quelques sortes...
Niveau format des épisodes, et répartition des éléments... Les premiers évènements mettent sérieusement du temps... A la fin du premier épisode, on n'est pas encore lancé, il faut vraiment attendre le deuxième pour avoir l'impression que l'intrigue démarre. Mais une fois que ça a démarré, je pense que c'est relativement fluide. Les cadrages sont plutôt biens choisis, et les décors sont assez bien choisis.
D'un point de vu audio, rien à dire pour les acteurs, tout en bon. Mais les musiques ne m'ont pas tellement marqué dans l’œuvre, signe qu'elles n'ont rien de franchement exceptionnel.
La forme est assez banale finalement, et c'est un drama à visionner pour le fond. Je regrette que les gens le jugent trop à la forme (au pire, basez vous sur le jeu d'acteur, il est vraiment bon. Arrêtez de chercher les musiques du siècle, les décors les plus beaux du monde, et TheBoGossDu22, c'est pas le sujet), et ne s'attardent pas sur la profondeur des personnages, et l'évolution de ceux-ci. Parce que le thème, reste, et restera toujours l'impact de la transformation de Satoru/Charly, et les répercutions sur ce qui l'entoure.
Pour moi, ça serait volontiers un 8,5/10, mais on n'a pas le possibilité de mettre des virgules, alors ça sera 9 uh uh ;)
Une bonne réadaptation, et même si on prend ça comme une œuvre originale, ça reste très bon.
Franchement, bravo
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Créée
le 29 déc. 2016
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