Quand Sigmund Freud et Sherlock Holmes sniffent la même poudre blanche

Sigmund Freud, comment ne pas être intrigué par cet homme étonnant ? Surtout lorsque depuis près de trois ans on ne se nourrit que de ses écrits...
J'ai commencé comme tout le monde : sur la réserve concernant ce drôle de type un peu perturbé. Mais le drôle de type a probablement fini par m'hypnostiser, je compte maintenant parmi les freudiennes, j'étudie même actuellement son œuvre dans sa globalité. Bref, la série tombait donc à pic.

Je l'avoue, le pilot a fait mauvaise impression sur la partie freudienne de mon être : la série avait un air de 'pute à clic'. Focalisé essentiellement sur la cocaïnomanie de son protagoniste, le scénario ne semblait compter que cela, oubliant la pensée du psychanalyste, et même le reste de son existence... Le réalisateur a même pris la liberté de faire de Sigmund Freud un charlatan. Dommage pour un biopic. Malgré tout, quelques fidélités sont repérables, des personnages notables particulièrement : mention de Charcot, apparition de Breuer et lettre à Martha. La qualité majeure du premier épisode est, par contre, le discours de Sigmund sur l'hypnose : le charisme du héros est parfaitement mis en scène. Ce fut suffisant pour me rendre curieuse et me donner envie de continuer. De plus, la brutalité avec laquelle nous sommes plongés dans l'intrigue policière n'est pas innocente à notre attention naissante.

Si, par la suite, les évocations à une vie réelle sont de plus en plus discrètes, le caractère de Sigmund Freud, lui, s'épaissit. Son athéisme, les surnoms utilisés pour sa femme, sa pauvreté lors de ses débuts dans la médecine, son assurance, son utilisation de l'hypnose et même ses petites tortures intimes. Tout y est.
Cependant, par bien des éléments nouveaux la série rend moderne ce psychanalyste et pas forcément en mal. Sigmund est une belle brute brune ayant la nette capacité d'animer quelques désirs inconscients, légèrement Sherlock Holmes dans sa façon de servir Vienne il est travaillé et attachant. De plus, Fleu Salomé est un personnage original et bien écrit, joué par une actrice remarquable.

La série n'a cependant pas suffisamment travaillé son côté artistique. La photographie ne sait pas rendre aux décors leur juste valeur et le scénario bat souvent de l'aile. Aucun épisode ne vaut réellement plus de la moyenne et comporte des creux. C'est un comble. Surtout lorsque l'on voit l'ambiance angoissante et les symboles oniriques réussis.
Centrée sur l'enquête puis l'évolution de l'affaire des von Szapary la série n'a pas réellement de fond et tous les épisodes ont leurs moments de flottement. Parfois, même le ridicule pointe le bout de son nez, la dernière séquence avec l'inspecteur le prouve.

En gros, face à Freud nous ne sommes pas face à un chef-d'œuvre. Survolée à bien des égards et pourtant pleine de bonnes idées cette série déçoit et intéresse en même temps.