Étalement de confiture

Contient des spoilers

From m'a très rapidement rappelé Under the Dome : évidemment de part son synopsis traitant des habitants d'une petite ville dans laquelle surviennent des faits étranges (l'influence de King est assez notable dans la façon de raconter les évènements et dans la galerie de personnages), mais aussi et surtout par son incapacité à maintenir dans la durée un intérêt suscité par un vrai mystère initial.

C'est à mon avis le principal problème de From. Malgré les dix épisodes de cette première saison, on n'a pas l'impression au terme du dernier d'avoir réellement avancé et d'en savoir plus sur les questions clés : qui sont ces monstres et d'où viennent‑ils et surtout, qu'est-ce qui se passe vraiment dans cette ville ? La série souffre du syndrome d'étalement de confiture. Les initiatives des personnages pour tenter de se sortir de leur situation inconfortable prennent des plombes à être pensées, conçues et enfin mises en application. Lorsque ça finit par être le cas, elles amènent de nouvelles questions plutôt que des réponses. À force de vouloir faire perdurer un mystère sans donner de réel os à ronger au téléspectateur, on risque au bout du compte de décevoir. From me semble être dans la lignée de ces séries qui misent tout sur une énigme autour de laquelle on tourne pendant des saisons jusqu'à la grande révélation, concept qui a occasionné de singulières désillusions par le passé. Cette lenteur a tout de même un bon point : elle permet de creuser le vécu des personnages et leurs relations et ces aspects sont plutôt réussis, tout empêtrés qu'ils sont dans le surplace de l'intrigue globale.

J'ai parlé de King au niveau des influences mais on pourrait aussi citer The Walking Dead : l'organisation et les normes qui se mettent en place pour survivre dans un contexte de crise, les différents groupes qui se forment et leurs approches divergentes de la situation... Même si le synopsis initial comporte une certaine dose d'originalité, dans la pratique on a souvent l'impression d'avoir déjà vu tout ça et d'être en terrain connu, du coup on est trop rarement surpris. Ce sentiment est aussi renforcé par les personnages parmi lesquels sont présents beaucoup de stéréotypes : le vaillant chef au passé trouble mais plein de bonnes intentions qui veut sauver tout le monde (flanqué de son jeune adjoint pas à la hauteur mais qui finira par s'émanciper), le simplet en apparence qui détient cependant beaucoup de clés du mystère, l'enfant qui par sa vision naïve des choses perçoit et accepte des choses et des concepts qui échappent aux adultes... L'interprétation va du bon (Harold Perrineau est solide dans son rôle de leader) au passable mais est globalement correcte.

Je ne considère pas fondamentalement From comme une mauvaise série. J'ai enchaîné les épisodes sans déplaisir, mais sans grand enthousiasme non plus. Je ne peux pas dire que j'attendais fébrilement le nouveau chaque semaine. Le final a clairement fait pencher mon ressenti global du côté de la déception. Je peux difficilement conseiller le visionnage à un public contraint de sélectionner ses contenus par manque de temps, ou aux gens qui ont plus ou moins déjà tout vu en matière de séries, 2022 s'annonçant chargée en sorties de qualité.