Nous nous sommes tant aimés...

Pour rappel, Full Metal Panic (FMP), c'est d'abord un anime de 24 épisodes (on laissera de côté la question des light novels originaux) de 2002 réalisé par le studio Gonzo. L'univers avait certes du potentiel mais la série avait quand même de sérieuses baisses de régime en cours de route, et la réalisation n'avait pour ainsi dire rien de particulièrement génial. C'était une série humour-action plutôt basique.
Mais les choses ont changé quand la licence a été reprise en main par le studio Kyoto animation (dont il s'agit d'ailleurs d'un des premiers travaux) et la réalisation confiée à un certain Yasuhiro Takemoto, celui-ci révélant à cette occasion un véritable génie (j'ose l'affirmer) en matière de mise en scène de l'action et des effets comiques (soit le mélange parfait quand on aborde un univers comme FMP). Cela commença avec "FMP? Fumoffu" en 2003, sans doute l'un des animés les plus drôles jamais réalisés (et dans un genre pourtant exigeant et difficile). Puis viendra "FMP! The second raid" en 2005, qui, en plus d'être une p***** de série d'action, marquait aussi par sa capacité à mettre en scène les émotions de ses personnages. Bref, quasiment un sans faute et deux saisons inoubliables qui se classent sans souci tout en haut de ma liste d'animés préférés.
Malheureusement, pour des raisons que j'ignore, The Second raid n'eut jamais la suite attendue, KyoAni partant vers de nouveaux projets.

C'est donc tout de même avec étonnement que j'appris il y a peu la mise en chantier d'une 4e saison (plus de 10 ans après "The Second raid" tout de même), toujours chapeautée par l'auteur des light novels d'origine, mais réalisée cette fois-ci par le studio Xebec. Passée la surprise et un premier moment d'exaltation à l'idée de replonger dans cet univers après toutes ces années, quelques éléments eurent tout de même vite fait d'éveiller en moi des craintes (qui malheureusement se justifièrent totalement par la suite...): outre que ce studio n'est clairement pas abonné à l'excellence (pour faire une comparaison footballistique, dans leurs meilleurs moments, ce serait plutôt une équipe de D2 de milieu de tableau ; on leur doit par exemple la série "Love Hina" du tout début des années 2000), le réalisateur pressenti était un parfait inconnu, n'ayant à son actif, en tant que lead réalisateur qu'une série de sorcellerie aussi mauvaise que totalement oubliée (pour être exhaustif et honnête, il avait aussi collaboré sur des séries et univers d'un tout autre niveau comme Evangelion et Gurren Lagann). Je n'ai pas non plus été super rassuré d'apprendre que la sortie de la série était finalement décalée de 6 mois (je me suis alors dit que c'était pour le mieux si cela devait améliorer la qualité de l'ensemble...).

Alors, pour quel résultat (après cette longue introduction)? Ne tournons pas autour du pot (et vous l'aurez compris vu la note), maintenant que les 12 épisodes sont disponibles, le résultat est à mes yeux assez catastrophique.

Pour commencer (ce qui saute le plus aux yeux), le niveau de l'animation et la qualité technique générale sont absolument indignes d'un animé de 2018 avec un tant soit peu d'ambition (franchement, à certains moments, on se croirait face à un hentai sans budget des années 1990 réalisé par 3 personnes dans une cave!)
Si les 3 ou 4 premiers épisodes parviennent quelque peu à maintenir l'illusion, la qualité se dégrade très rapidement, pour aboutir à des abysses de nullité aux épisodes 9 et 10 : personnages dessinés à la va-(très)-vite, qui ne ressemblent littéralement à rien (et pas seulement les personnages secondaires à l'arrière-plan, je parle bien des personnages principaux!), même en très gros plan (le pauvre Sosuke change de tête à chaque séquence, même chose pour Chidori) ; "animation" totalement statique et minimaliste, qui déchire littéralement les yeux à la moindre scène nécessitant du mouvement; par exemple, la séquence où Sosuke s'entraîne, à l'épisode 8 je crois, dans un camp militaire suite à une blessure, est un (mauvais) exemple à montrer dans toutes les écoles d'animateurs...ça sent la série mal finie, voire sous-traitée totalement, en Chine ou au Vietnam ou je ne m'y connais pas.

Après, certaines séries, même avec un budget plus que restreint, ont su faire des merveilles avec une mise en scène inventive et une gestion intelligente de l'animation limitée. Or, ici, la mise en scène, totalement mollassonne au mieux, totalement dans les choux dans les pires moments, tire elle aussi la série encore plus vers le bas. Les scènes d'action, quand elles ne sont pas bâclées, ne sont guère palpitantes et manquent cruellement de dynamisme, ce qui la fout mal pour un univers pareil. Dans ce contexte, il va sans dire que les tentatives de faire de l'humour se révèlent le plus souvent assez pathétiques (la série et son animation bâclée étant, abordée au second degré, de toute façon déjà suffisamment drôle à regarder dans l'absolu...).

Face à ce fiasco esthétique, on se dit que la série va être un peu tirée vers le haut tout de même par son scénario et le capital sympathie accumulé par les personnages au cours des précédentes séries. Et même là, même là, c'est la douche froide: il faut dire pour commencer que la série est tellement mauvaise sur le plan technique que mon cerveau n'a jamais pu accepter qu'il s'agissait là des mêmes personnages que dans les séries précédentes, et même plus largement que cette série était bien une série canonique de l'univers FMP (il était plus simple pour son équilibre mental de se créer l'illusion comme quoi il s'agissait sans doute là d'une série fan art d'un amateur furieux de ne pas avoir eu la suite des aventures de nos héros par le studio KyoAni) ; très difficile donc, voire impossible de s'attacher vraiment au devenir de ces mauvaises copies et de s'impliquer émotionnellement dans leur aventure.

L'ambiance générale est aussi beaucoup (mais beaucoup) plus sombre que dans les précédentes séries, Sosuke se transformant peu à peu en une machine à tuer décérébrée et l'humour étant globalement très peu présent. Les morts s'enchaînent, ainsi que les incohérences dans le script (bien trop longues et fatigantes à énumérer, mais faites-moi confiance!), celui-ci perdant toute crédibilité au fur et à mesure des événements (quand on voit ce qu'il advient finalement de Léonard Testarossa, un personnage plutôt cool introduit dans "The Second raid"...c'est à s'arracher les cheveux).
Dans un dernier spasme et au milieu du naufrage général, la série s'essaie même, de façon totalement risible, au fan-service (Tessa dans son lit, Chidori dans sa piscine).

Pour conclure cette critique pleine de rage et de colère (vous l'aurez compris), on a envie de demander: pourquoi nous faire subir ça? Pourquoi ressortir cette déjà ancienne série de sa tombe pour lui faire subir un tel traitement? Les producteurs y croyaient-ils vraiment à la base? KyoAni avait certes mis la barre très haut, et les fans auraient sans doute été compréhensifs face à une adaptation légèrement inférieure en qualité, mais pas ça!
Donc, quand à la conclusion du 12e épisode, on découvre avec horreur que la fin est laissé ouverte pour une éventuelle 5e saison, on a tout de suite envie d'allumer un cierge à l'église du coin pour prier que ça n'arrive jamais!

FMP, nous nous sommes tant aimés....