(spoils à suivre)
Fin de saison 5, fin de visionnage de la série.
Je ne regarderai pas la saison 6. Avec regret.
Cette série a tout pour plaire et de nombreux points positifs que peu peuvent se targuer d'aligner pour un unique show : décors remarquables, CGI en or, jeu d'acteur percutant, casting mémorable, réalisation de luxe... mais le tout tenait surtout sur une histoire en béton, un récit qui sortait de l'ordinaire, tranchait ses liens avec les tropes Hollywoodiens usés jusqu'à la corde.
Mais voilà, la gourmandise des showrunners en a décidé autrement. Ils souhaitaient s'émanciper des lecteurs du livre original, aller plus vite que l'auteur (pas difficile en soit puisqu'il semble écrire en bullet time) et plus rapidement à la fin de l'histoire.
Ainsi, si les trois premières saisons suivent le cours du livre, à quelques exception près que l'adaptation peut autoriser, dès la saison 4 on sent que l'on revient inévitablement à des ficelles scénaristiques vues et revues, des fusions de personnages pour simplifier l'histoire et ne pas perdre Mme Michu (qui regarde la série parce que sa voisine lui en parle tous les jours).
Malheureusement c'est au détriment de la qualité du récit.
Alors on me dira que je ne suis qu'un nerd qui ne jure que par le livre original, mais non. J'aurai accepté une déviance du livre, comprenant bien que 10 épisodes sont beaucoup trop courts pour adapter chaque tome en une saison. Encore eut-il fallut que les changements maintiennent le niveau de l'histoire ou, au moins, qu'ils lui apportent une concision appréciable.
Il n'en est rien.
J'ai de trop nombreux exemples en tête mais certains choix manquent ce qui faisait la force du livre.
Jaime était voué à être détesté dès le premier chapitre du premier livre et pourtant on en vient à l'apprécier, sinon l'admirer, pour son gain d'honneur auprès de Brienne ou ses compétences diplomatiques après la mort de son père où il se permet des décisions afin de maintenir l'avenir du royaume.
Dans la série il devient un chevalier lambda qui va sauver une princesse de son château.
Arya expérimente l'essence même de l'élévation d'un personnage à travers un voyage tumultueux en Westeros et le choix d'un apprentissage lent mais intéressant dans la demeure du Multiface. Ce n'est pas simple et rien n'est donné pour acquis.
Dans la série elle devient l'icône pour identification de l'adolescente qui accompagne Mme Michu sur son canapé.
Il y en aurait une tournée dans le genre mais pour ne citer que les quelques qui me viennent à l'esprit il y a Jon, Tyrion, Daenerys, Cerseï, Hizdar zo Loraq, Brienne, Melisandre, Asha ou Stannis. Tous ont un comportement réaliste dans le livre mais deviennent foutrement bons ou mauvais dans la série afin de la rendre plus digeste. La simplicité manichéenne et les tropes reviennent dès lors à la charge.
Alors quoi ? Il n'est pas possible d'élever le niveau des productions pour le bénéfice des spectateurs ?
L'apothéose survient lorsque la série appuie sur le gore et le sexe, jouant sur ce qu'elle considère sa force d'audimat, quand le livre les utilise comme composantes même du pouvoir et de la réalité d'une époque médiévale. Quand l'essence de Bolton est distillée à chaque épisode et entâche chaque scène sans lien aucun avec l'écorché, juste histoire de rendre le tout plus Dark, la série s'égarde de ce qui a fait la force du livre.
Le pire fut le bûcher de Shôren qui arrive comme une cerise sur un gâteau malsain concocté par des showrunners cherchant le buzz plus que l'authenticité (Walking Dead si tu me lis...)
Je préfère dès lors m'arrêter ici et accorder le peu de temps que j'ai à d'autres shows.
(Ça et malmener des poupées vaudous à l'effigie de George afin qu'il se tire les doigts du cul pour nous fournir les 2 derniers tomes avant le prochain siècle.)