Game of Thrones
8.2
Game of Thrones

Série HBO (2011)

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(Plus bas : critique rapide de la série dans sa globalité quelque jours après le dernier épisode)


Game of Thrones est un petit bijou, aussi bien sur le plan artistique que scénaristique. Voilà tout ce dont je rêvais de voir un jour à l'écran : une saga médiévale-fantastique à l'univers mature, sombre et réaliste ; où l'élément fantastique est ici justement relégué au second plan et distiller à très petites gouttes pour n'en devenir que plus puissant.


La série commence pourtant doucement, le temps de nous familiariser avec les très nombreux personnages, avant de devenir de plus en plus surprenante et haletante (à partir de l'épisode 5), mêlant intrigues politiques, rivalité pour le pouvoir et coups bas. Sexe et violence, aussi crus qu'ils peuvent se présenter sont véritablement au service de l'histoire.
La série est riche en rebondissements surtout dans sa deuxième partie, avec le destin tragique de certains personnages que l'on aurait pu considérer comme importants voir intouchables.
A ce titre, l'auteur de la saga et les scénaristes n'ont vraiment pas froid aux yeux, faisant des choix radicalement différents de ceux auxquels on aurait pu s'attendre, n'hésitant pas à faire l'impensable dans l'épisode 9. Un coup de génie qui permet de créer une vraie tension dramatique pour les saisons à venir...

Dans les derniers épisodes, les aînés de l'histoire (Robert, Ned Stark, Drogo) laissent leur place aux jeunes jusque là entravés et contraints et ces derniers vont véritablement explosés et se retrouver les nouveaux maîtres de l'histoire (Joffrey, Robb, Daenerys), un jeu de trônes...
La série se concentre au coeur de l'humain et de sa relation au pouvoir, ici symbolisé par le Trône de Fer. L'intrigue de la série directement inspirée de la guerre des Deux-Roses, selon son auteur, vient sublimer les préoccupations de l'époque médiévale et se prend à avoir des airs shakespearien.


Dans cet univers, il n'y a pas de manichéisme, concept usité dans les univers fantastiques. Les personnages sont tout en contraste et s'éloignent des archétypes du genre ou les utilisent pour mieux les démolir. Les Stark, de prime abord, durs, sombres et froids révèlent avoir une certaine bienveillance, au contraire des Lannister qui ont l'apparence de preux et nobles chevaliers aux cheveux blonds mais se révèlent être avide de pouvoir, incestueux et motivés uniquement par l'intérêt familial. Pourtant ces derniers n'apparaissent pas aussi machiavéliques que les conseillers royaux, tournoyant comme des vautours au dessus des puissants. Mais quelques soient les personnages on arrive toujours à comprendre leurs motivations et à s'attacher même aux plus pervers et sournois (Littlefinger, entre autre).


Privilégiant un réalisme maximum, l'univers se démarque aussi d'un grand nombre de lieux communs et poncifs propres aux univers médiévaux-fantastiques, devenus depuis Tolkien inextricables du genre (voir lassants et ridicules). Ici pas d'orc, de troll ou d'elfe, rien que des humains et pas de magie non plus (ou presque). Les seuls éléments fantastiques (les marcheurs blancs, la magie du sang et les dragons) sont introduits de manière habile et subtile, n'en devenant que plus puissants lorsqu'ils apparaissent enfin à l'écran (final de la saison à couper le souffle, d'une rare puissance symbolique et dramatique).


Ce réalisme se retrouve évidemment sur le plan artistique : Tout est fait pour que l'on y croit. Pas d'effet spéciaux à outrance, pas d'objet fantasy. Bien que d'inspiration médiévale-fantastique, la direction artistique évite les références éculées en la matière et innove un maximum, privilégiant toujours le réalisme. On a vraiment l'impression de regarder une saga historique et la reconstitution d'une époque.


Les acteurs, enfin, m'ont complètement laissé sur le cul, surtout les jeunes. J'ai jamais vu un tel foisonnement de jeunes talents dans une série. Que se soit Maisie Williams, celle qui joue Arya, Emilia Clarke, celle qui interprète Daenerys ou encore Kit Harington en Jon Snow et Richard Madden en Robb ..., d'autant plus que ce sont eux qui deviennent au fur et à mesure les maîtres de la série comme dit plus haut. Et je ne parle pas des acteurs expérimentés comme Sean Bean ou Mark Addy. Mention spéciale à Peter Dinklage, mon préféré.


Bref, pour moi cette série est tout simplement incontournable par sa qualité, que l'on soit fan de fantastique ou pas. L'attente de la saison 2 va être un supplice...


cette critique fut écrite en 2011, j'avais aussi lu les premiers livres à l'époque, critique du tome 1 :
https://www.senscritique.com/livre/Le_Trone_de_fer_L_Integrale_tome_1/critique/12127641


Critique rapide de la série dans sa globalité quelque jours après le dernier épisode


L'une des grandes thématiques qui parcourent la série, celle de la disparition brutale de l'enfance et la plongée violente dans le monde cruel et impitoyable des adultes est le point qui restera le plus réussi, d'autant plus que les acteurs ont grandi en même que leurs personnages et ont finit par remplacé "l'ancienne génération" et Sansa demeure à ce titre l'un des personnages les plus intéressant et cohérent thématiquement même aux cours des dernières saisons et du final.


La première saison (qui mettait déjà bien en place cette thématique) était aussi la plus réussie à tout niveau : écriture, dramaturgie, mise en scène,... et ce niveau de constance et d'équilibre ne se retrouvera jamais plus au cours des saisons suivantes mêmes si jusqu'à la saison 5 ce niveau reste la plupart du temps élevé voir acceptable, très divertissant et en général bien mené pour un show TV.


Le vrai hic arrive donc quand la série rattrape et dépasse les bouquins où l'on commence à sentir une nette baisse en terme d'écriture avec des scénaristes qui cèdent la place à une dramaturgie de plus en plus facile et prévisible (adapter c'est une chose, inventer une autre), un rythme lent et redondant (je me souviens à peine de ce qui s'y passe à part certaines scènes marquantes/ Daenerys c'est toujours la même chose), avant de s'engager dans une saison finale à grande vitesse pour boucler l'affaire.
Alors tout n'est pas à jeter dans ces saisons mais elles ne méritait déjà pas de faire 10 épisodes alors que paradoxalement la saison finale n'en comporte que 6 et que les enjeux dramatiques me semblent beaucoup plus intéressants s'ils avaient été bien menés et avaient pris le temps de se dérouler (la destinée de Daenerys notamment, même si je ne désapprouve pas le basculement et l'idée finale, dont les prémices étaient déjà mise en place au cours des saisons précédentes).


Ce qui me déplaît beaucoup plus par contre c'est d'avoir mis en place certains mystères aux cours de ces saisons à la manière d'un J.J. Abrams (Lost/ Star Wars) et de n'y apporter aucune réponse (mais qui sont ces foutus Marcheurs Blancs dont on nous fait autant de cachotteries à n'en plus finir depuis les premiers instants de la saison 1 et qui au final dans le récit ont juste la fonction de menace sans fond thématique ultra manichéenne pour le coup, en plus de disparaître avec un poncif éculé de l'heroic fantasy) ou une réponse non satisfaisante (Jon Snow, tout ça pour ça ?!) ou pire une réponse totalement maladroite voir incohérente qui lorgne vers la SF bas de gamme (Bran Stark et ses pouvoirs de visions inutiles qui fonctionnent quand ça l'arrange, avant de la mettre bien profonde à tout le monde sur une décision de Tyrion totalement incompréhensible alors qu'ils connaissaient la vérité et nous ont fait tout un foin sur Jon Snow alias "dindon de la farce". Bran est donc le petit pervers manipulateur de la série et aussi coupable de tous les crimes par inaction pour sa petite gueule si j'ai bien suivi).


Bref la conclusion de Game of Thrones est bien décevante et j'ai cru naïvement qu'elle pourrait rattraper les faiblesses des trois précédentes et apporter des réponses aux mystères de l'univers mis en place par Martin qui ne sait peut-être même plus lui-même où il va.
Quand on met en place certains éléments (le set up) on attend une réponse satisfaisante plus tard (pay off). Avec tout le bien que je disais de la première saison et des éléments qu'elle introduisait pour le genre médiéval fantastique, la série à l'instar de la disparition de scènes matures est retombée comme une molle dans le soap fantasy facile et populaire à la morale conformiste.
En l'état il faudrait refaire le montage des 4 dernières saisons et réécrire la fin et certains passages pour que ce soit moins indigeste.


Bref assassiner une série qu'on a aimé c'est bien le propos final de Game of Thrones hein...


Et "pour un monde meilleur", on va attendre The Witcher maintenant avec toute la prudence qui s'impose.

Altharil
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le 11 nov. 2011

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