H, diffusée sur Canal+ en 1998, c’est l’antithèse de la série médicale sérieuse : ici, l’hôpital n’a rien de dramatique, et les blouses blanches sont portées par une équipe de bras cassés qui transforment chaque intervention en un sketch absurde. Au lieu de sauver des vies, nos héros, menés par Jamel Debbouze, Éric Judor, et Ramzy Bedia, s’amusent à causer le chaos dans les couloirs de cet établissement où la seule chose qui ne manque pas, c’est le rire.
L’intrigue, si on peut l’appeler ainsi, tourne autour de cette bande de personnages improbables : Jamel, le standardiste un peu benêt mais hilarant ; Sabri, l’infirmier maladroit qui semble plus intéressé par les filles que par ses patients ; et Aymé, l’interne séducteur qui passe plus de temps à faire des blagues qu’à pratiquer la médecine. Ensemble, ils enchaînent les gaffes, les plans foireux, et les blagues douteuses. Leur mission semble être moins de soigner que de rendre le quotidien hospitalier aussi déjanté que possible, sous le regard exaspéré du docteur Strauss, joué par Jean-Luc Bideau, le seul (presque) professionnel de l’équipe, mais qui n’est pas en reste côté excentricité.
Chaque épisode de H est une succession de situations absurdes où la logique médicale passe par la fenêtre, remplacée par un humour décapant et un sens de l’improvisation qui rappelle presque un stand-up déguisé en série. L’hôpital devient un théâtre de l’absurde, où des opérations chirurgicales se transforment en sketchs et où les erreurs de diagnostic sont surtout un prétexte à des gags. La série jongle avec des dialogues surréalistes, des blagues bien dosées, et un comique de répétition qui repose autant sur les punchlines des personnages que sur leurs comportements exagérés.
Les personnages sont volontairement caricaturaux, mais c’est justement ce qui fait le charme de H. Sabri et Jamel, avec leurs idées aussi farfelues qu’improbables, forment un duo comique qui rappelle les classiques du burlesque, tandis qu’Aymé, le séducteur maladroit, ajoute une touche de ridicule qui fait mouche. Ce qui frappe, c’est leur alchimie : on sent que les acteurs s’amusent autant que leurs personnages, ce qui rend les scènes encore plus hilarantes, parfois même à la limite de l’improvisation. Jean-Luc Bideau, en chef rigide mais pas si irréprochable, fait office de contrepoint parfait aux trois énergumènes, essayant tant bien que mal de maintenir un semblant de sérieux dans cet hôpital qui n’a d’hospitalier que le nom.
Cela dit, l’humour de H n’est pas toujours au goût de tout le monde. Les blagues peuvent être lourdes, et le style "gag à gogo" peut fatiguer ceux qui préfèrent une comédie plus nuancée. La série joue volontiers avec des clichés et des stéréotypes, et certaines blagues, un peu datées aujourd’hui, peuvent paraître un brin maladroites. Mais pour ceux qui aiment l’humour un peu déjanté et qui ne prennent pas le réalisme médical trop au sérieux, H est un remède efficace contre la morosité.
En somme, H est une série où l’hôpital devient une cour de récréation pour des personnages aussi imprévisibles que leurs blagues. Elle plaira à ceux qui aiment le comique absurde et les situations surréalistes, et elle reste un classique de l’humour français des années 90, avec ses répliques cultes et son casting qui ne ménage aucun effort pour nous faire rire. Un conseil cependant : ne cherchez pas le réalisme médical ici, et laissez-vous emporter par ce joyeux chaos hospitalier.