Concept: Se marier sur une île (Avec Spoilers)

Harper's Island est une série qui a 10 ans maintenant et qui n'est pas forcément reconnu à sa juste valeur. Dans le sens où elle n'est que très peu citée quand on parle de série horrifique ou, qui en possède les allures. Dans cette critique, nous allons revenir sur l'intégralité de la série, qui fait donc une saison (ce qui est une excellente chose), et donc, il y aura des spoilers majeurs sur l'intrigue et sur les personnages.

Partie Sans Spoiler

Dans cette première partie de la critique, revenons dans un premier temps sur le récit: Harper's Island raconte donc l'histoire d'un jeune couple, Henry et Trish, qui décide de se marier sur l'île qui a bercé leur enfance mais sur laquelle, d'horribles meurtres ont été commis il y a des années. Malgré l'historique de l'île, les jeunes mariés et leurs convives se lancent dans cette aventure. Ne dit-on pas que le mariage est le plus beau jour de leur vie? Et bien, ici, c'est plutôt le pire jour de leur vie.

La série compte 13 épisodes et il aurait fallu l'amputer de 3 épisodes pour revenir à 10. Le format par 13 épisodes a fait ses preuves, mais, il faut parvenir à tenir la tension durant tout le récit et ici, ce n'est pas toujours le cas. La faute revient en majeure partie à une mauvaise gestion des personnages secondaires, il y en a trop (ce qui trouve une justification au final) et leurs parcours ne sont que trop peu exploités pour les rendre intéressant. Au final, la série tient surtout sur sa capacité à surprendre vis-à-vis des différents meurtres. Pour le coup, c'est une vraie loterie, et parfois, les meurtres semblent parfaitement placés dans le récit mais parfois pas du tout, il y a clairement des meurtres qui ne servent pas à faire avancer le récit, on entre donc rapidement dans le domaine de la gratuité ce qui est à fuir dans ce genre de série.

Le genre, parlons-en. Beaucoup considèrent Harper's Island comme un slasher. Pourtant, on est très loin des codes du slasher. Il y a des meurtres oui mais il n'y a pas de figure horrifique qui commet les meurtres. Ici, on est face à une tuerie de masse qui prend la forme d'un slasher mais il n'en possède pas les codes suffisant pour prétendre à en être un. Un paradoxe se créé et la question la suivante: Comment classifier cette série? La solution la plus simple est de considérer que c'est un slasher mais, après avoir vu la série, le jugement est plus simple: on est face à une histoire de vengeance, de peur et passé trouble: on entre donc clairement dans le domaine du thriller, qui emprunte au slasher dans sa manière d'exécuter les meurtres.

Nous allons maintenant entrer plus amplement dans le récit et les points majeurs de l'intrigue

Partie Spoiler

C'est toujours difficile de critiquer une série sans parler de son récit, de sa mécanique narrative, surtout dans le cas présent où la série ne dure qu'une saison. Pour commencer, il nous faut revenir sur les personnages. Dans ce format, il y a clairement l'idée d'un double tranchant: sois on se concentre sur les personnages, en les développant au maximum quitte à devenir long par moment mais cela donne du pain à manger aux plus critiques. Sois, on se concentre sur la trame narrative, pour surprendre au maximum le spectateur jusqu'à la révélation finale qui, devra choquer et donner les réponses attendues. Pour le coup, Harper's Island se place toujours entre les deux tranchants sans jamais parvenir à toucher l'un ou l'autre. Dans sa première partie, la série est très narrative, faisant monter la pression à chaque épisode jusqu'à l'épisode 9 qui est l'apogée de la série. Donc l'épisode 9 est l'apogée, c'est déjà qu'il y a un problème, le récit n'est pas suffisamment étoffer pour tenir sur 13 épisodes mais 10 épisodes. Dans sa seconde partie, la série se tourne beaucoup plus vers ses personnages, balançant à tout va une multitude d'informations pas toujours clairs et précises.

Comment expliquer une telle chute après l'épisode 9? Le problème vient du personnage d'Henry en majeure partie: Henry est donc la clé du mystère autour de la seconde tuerie mais, à aucun moment, avant la révélation finale, on ne fait planer le doute sur lui. D'ailleurs, le récit ne fait jamais planer le doute sur ses personnages et installe une psychose autour du retour du tueur. Ce choix n'est pas le bon, comment peut-on préparer une révélation finale prenante si aucune pièce du récit n'émette le moindre doute sur l'implication des personnages. Ce choix fait penser que l'ensemble des personnages se sont retrouvés là au mauvais moment. Autant dire que l'intérêt pour l'intrigue s'essouffle très vite. On se fait vite une raison: oui, c'est bien le même tueur. Après cela que reste-t-il à Harper's Island? Deux possibilités: soit faire ce qu'ils ont fait et qui est absolument pas crédible. Faire de Henry le fils du tueur, l'idée arrive comme un cheveu sur la soupe et c'est bien dommage.

Il restait donc une seconde option: choisir une trajectoire totalement différente et faire du tueur, un objectif pour les survivants. Ils n'étaient pas compliqué de choisir une révélation finale nettement plus prenante: une idée comme celle-ci me vient: le fait qu'Henry ne serait pas au courant, et se retrouve tirailler entre son passé et son bonheur actuel avec Trish, boom, l'intérêt est relancé et le personnage d'Henry est étoffé. Mais c'est la première option qui a été choisie ce qui est bien dommage.

Pourtant, et c'est tout le paradoxe que pose la série, l'ensemble des 13 épisodes forment un tout plaisant, qui parvient à toujours donner envie de voir l'épisode suivant. Un autre point explique que la série tient debout malgré tout: deux choses à vraie dire, les meurtres et tout ce qui touche à la mise en scène. Pour le coup, dans ce domaine, la série emprunte clairement au slasher mais de manière inégale. Par moment, certains meurtres sont vraiment parfaitement mis en scène, glaçant le sang ou proposant des séquences rondement menée. D'un autre côté, certains meurtres semblent débarqués de nul part et cela nous amène vers un autre défaut de Harper's Island: il y a trop de meurtres qui ne font pas avancer le récit: exemple choisi: le meurtre du prête est gratuit et ne sert à rien. On peut donc se demander l'intérêt de faire mourir des personnages qui ne pèse absolument pas dans la trame narrative. On en revient au questionnement plus haut: il y a beaucoup trop de personnage pour que les meurtres aient l'impact espéré à chaque fois.

Pour conclure, Harper's Island est une série de 13 épisodes qui vous tiendront en haleine durant une bonne partie avant de sombrer vers un final raté, il faut bien l'admettre. La série est trop hésitante pour se classer parmi les standards mais elle n'en est pas moins intéressante. La mise en scène, les décors et certains personnages permettent à la série de tenir le cap pour se terminer avec un final qui en laissera plus d'un pantois. Mais, dans l'ensemble, Harper's Island reste un honnête divertissement, sanglant et glaçant par moment, la série vieillie plutôt bien, c'est donc une force en soi.