Après une tentative avortée en 2014 avec Greta Gerwig dans le rôle principal (juste un pilote de "HIMY Dad" avait été réalisé), "How I Met Your Father", spin-off et même désormais suite affichée de "How I Met Your Mother", est donc devenu réalité en mettant en scène, comme son titre l'indique, comment une nouvelle héroïne, Sophie incarnée par Hilary Duff, va rencontrer son grand amour et père de ses futurs enfants.
Dès le premier épisode, l'intention de la série ne fait guère de mystère : "HIMYF" est avant tout pensé pour prolonger l'esprit de "HIMYM" avec tous les ingrédients qui ont fait son identité et son succès : les "papapa-paaa" cette fois plus doux de son générique, le point de vue du futur via Sophie-mère (Kim Cattrall) en ouverture et conclusion de chaque épisode, la réalisation, la rythmique narrative, les vicissitudes romantiques et humoristiques des héros aux traits de caractère que l'on ne connaît que trop bien... "HIMYF" se complaît en très grande majorité dans la nostalgie d'un passé pas si lointain avec simplement de nouveaux protagonistes pour espérer assurer une forme de renouvellement à sa proposition. L'argument paraît faible et la suite de la série ne nous contredira hélas pas.
Là où, en effet, "HIMYM" s'était imposé instantanément dans les esprits avec sa narration décalée, ses personnages forts et la qualité de son humour pour transcender les ressorts habituels du sitcom (du moins durant ses premières saisons), "HIMYF" n'a clairement plus cet apanage. En plus de gimmicks usés jusqu'à la corde par les neuf saisons de son modèle et d'un humour peu inspiré (on sourit... parfois), la bande d'amis normalement synonyme d'un renouveau de dynamiques a énormément de mal à arriver à la cheville du statut incontournable qu'avait su rapidement acquérir le groupe de Ted, Robin & co (et il manque cruellement un trublion au moins aussi déjanté que Barney à la série). Quelques-uns de ses membres vont bien gagner peu à peu notre sympathie au cours de la saison, à commencer par Sophie (Hilary Duff est faite pour ce genre de rôle) ou le couple formé par Valentina et Charlie, sa meilleure amie et un anglais expatrié, mais cela en restera à des seuils anecdotiques comme, faute d'avoir quelque chose d'inventif à mettre sur la table afin de les rendre marquants, la série va s'enfoncer dans les scories les plus plats de la sitcom en réduisant leurs développements à des intrigues sentimentales fatiguées (relations à longue distance, doutes sentimentaux ou encore l'inévitable peur de s'engager en guise de matières premières).
Outre quelques guests à signaler (Paget Brewster et Leighton Meester notamment), restent les éléments qui vont asseoir définitivement "HIMYF" en tant que suite directe à "HIMYM" au risque de desservir encore un peu plus la petite dernière. Par opposition au clin d'oeil réservé par l'épisode inaugural, bien pensé et assurant une certaine continuité sur le long-terme sans tomber dans l'excès, les surprises d'une fin de saison qui aurait pu représenter le tournant de la série en vue de s'émanciper un minimum de l'ombre imposante de son modèle (l'avant-dernier épisode est d'ailleurs un des plus réussis), et le "gros coup" plaisant mais futile de l'ultime épisode, se retournent finalement une fois de plus contre "HIMYF", en confirmant sa dépendance bien trop importante à "HIMYM" sans qui elle ne serait décidément pas grand chose sinon une sitcom tout ce qu'il y a aujourd'hui de plus banale, dont les dix épisodes inoffensifs se laissent gentiment regarder avant de s'oublier en moins de temps qu'il ne faut pour dire son titre.
Les chances pour qu'un Barney Stinson prononce un de ces fameux "Legendary" en découvrant cette première saison sont quasi-nulles.