Alors que Netflix devient de plus en plus agressif et que HBO multiplie ses productions, la chaîne américaine AMC dégaine Into The Badlands, une dystopie martiale plutôt bien ficelée.
AMC a beau être l’un des channels américains les plus parcimonieux dans sa programmation, elle n’en demeure pas moins une petite usine à séries télé de qualité. Un peu sortie de nulle part, Into The Badlands réussit le pari de s’imposer comme une fiction sympathique, et à la dignité de ne pas chercher à être quelque chose de plus.
Six épisodes au rythme soutenu, entre intrigues politiques et arts martiaux à l’ancienne. Un vrai divertissement, qui n’oublie pas d’être surprenant. Un peu. Bref, une bonne surprise.
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Dans un monde post-apocalyptique,la technologie s’est effacée au profit de la culture de la terre, et les arts martiaux ont surpassé les armes à feu. Divisé en cinq baronnies, les Badlands sont en proie aux despotes et ne sont laissés au peuple que deux choix de vie : devenir fermier, ou devenir un Clipper, un tueur à la solde des barons.
Pas vraiment un endroit où l’on aimerait passer ses vacances. Aussi quand Sunny (Daniel Wu), le meilleur Clipper du baron Quinn (Marton Csokas) croisera la route du jeu M.K (Aramis Knight), l’espoir d’un ailleurs commencera à se dessiner. Into The Badlands est donc une fuite en avant, l’histoire déjà vue, quoique passionnante, d’hommes et de femmes qui rêvent d’une meilleure vie. Pas enviable, mais intéressant, l’univers d’Into The Badlands bénéficie d’un traitement hélas trop superficiel qui manque de pédagogie. On a envie de savoir ce qu’il s’est passé avant, comment les personnages sont devenus ce qu’ils sont. Le script ne s’y attarde pas, dommage.
Le show d’Alfred Gough et Miles Mallar évite par bonheur de tomber dans un manichéisme nauséabond. Les barons sont dépeints comme les oppresseurs, mais le récit apporte la touche de blanc nécessaire pour rendre au tableau les teintes grises qu’il mérite. Malgré son tout petit nombre d’épisodes, la série parvient à donner une personnalité à chacun des personnages, et à nous les rendre attachants. Malheureusement, le soufflet retombe bien vite, avec une fin bâclée et un cliffhanger académique qui vous fera lever les yeux.
L’art martial
Moins douée pour la partie technique qu’elle ne l’est pour accoucher d’un scénario efficace, l’équipe derrière Into The Badlands se vautre malheureusement sur plusieurs points. La mise en scène est desservie par des décors très peu inspirés et redondants. On ressort de la saison en ayant l’impression que toute la série a été tournée dans un seul studio, avec des décors de théâtre un peu ringards. Il n’y a qu’à voir le combat qui clôture aussi bien l’épisode introductif que conclusif, probablement tournés l’un après l’autre.
Une maladresse difficile à pardonner tant elle irrite. Par chance, l’image est plutôt réussie, et la présence d’un paysage très floral (le fort du Baron Quinn est entouré de coquelicots) offre une dichotomie pas mal fichue entre le bonheur connoté par ces fleurs rouges et la gravité de la situation dans laquelle se trouvent les personnes qui les récoltent.
Tout n’est pas à jeter, loin de là. Nous l’avons dit, les chorégraphies sont très réussies, et dénotent d’un profond respect pour le cinéma d’arts martiaux. C’est parfois un peu kitsch, on voit pratiquement les fils qui suspendent les acteurs dans leurs improbables danses, mais c’est fait avec un grand soin et une volonté de bien faire admirable. Qu’Into The Badlands jubile le temps de son succès, il aura fort à faire pour rester dans les mémoires avec l’arrivée prochaine de la suite de Tigre et Dragon au format sériel, prévu pour février 2016.
Sympathique petite série d'hiver, Into The Badlands vous gardera en haleine le temps qu'elle dure. C'est à dire pas bien longtemps. Ça fonctionne grâce à un univers cohérent, bourré de bonnes idées, et à des chorégraphies d'ordinaire réservées au grand écran. Le revers est néanmoins plus douloureux, avec une mise en scène un peu pataude et un cruel manque de pédagogie lorsqu'il s'agit de légitimer son univers. A voir si l'on n'a rien d'autre à se mettre sous la dent.
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