Cela fait des années (si ce n'est une décennie) que les gens me demande de regarder Jojo's Bizarre Adventure. J'ai donc cédé... en regardant la partie 4.


En vrai, ayant lu les premiers tomes et j'avais pas vraiment accroché. Mais on m'avait tellement parlé de la spécialité du manga et des Stand, et j'étais curieux. Or ceux-ci n'apparaissent pas avant la partie 3. Je me suis dit "nique la chronologie, je vais direct voir ce que c'est en entrant directement dans la saison 3" : manque de pot, la partie 3 n'est PAS la saison 3 et on s'est donc tapé la partie 4 (aussi nommée "Diamond is Unbreakable.")


Malgré le bordel ambiant du premier épisode (qui n'est pas si difficile à suivre que ça, surtout si en tant qu'internaute on sait déjà à peu près qui est Dio Brando et son rapport à la famille Joestar) j'ai tout de suite accroché et c'était fidèle à ce qu'on m'avait vendu.


Tout d'abord, c'est ce style de dessin totalement particulier, avec des visages très marqués (ça rappelle Tetsuo Hara) ces personnages avec énormément de muscles qui font des poses improbables et sont habillés avec des vêtements ultra-particulier (Araki était styliste avant d'être mangaka.) Si le manga est visuellement différent de tout ce qui peut se faire en manga, David Production a décidé de continuer sur cette lancée : le ciel peut prendre des teintes improbables (c'est rare qu'il soit bleu en fait) les angles de caméra sont pétés, et ça s'amuse beaucoup à multiplier les effets d'animations très créatifs dès qu'il y a l'utilisation de pouvoirs spéciaux.


Mais pour magnifier ce style "over-the-top" les personnages, les situations, les pouvoirs, tout est poussé à l'extrême et Araki à foutu les potards au max avec tout un tas de protagonistes qui sont à la fois extrêmement intelligent et extrêmement teubés.


La naissance d'un genre :


Il y a une modernité dans Jojo et j'ai parfois eu du mal à me dire que le matériel d'origine date quand même d'il y a plus de trente ans. C'est surtout parce que je pense qu'avec les Stand, on a la naissance des "super pouvoirs de Shonen" à la japonaise. Parce que contrairement aux comic-book américain où les super-héros ont soit des pouvoirs très simples à comprendre (le vol, l'invisibilité, la super vitesse) soit sont des cumulars (typiquement superman) les japonais se caractérisent souvent par des personnages qui ont des pouvoirs soit très spécifique soit qui impliquent des conditions d'utilisation spéciales (pensez à Kurapika dans Hunter X Hunter.)


Tout le sel est de voir l'application de ces pouvoirs ainsi que la combinaison de ces pouvoirs (avec des alliés) ou au contraire l'affrontement de deux pouvoirs différents (contre des ennemis) ou bien souvent, le gagnant n'étant pas celui qui a le pouvoir le plus pété, mais celui qui sait tirer parti des spécificité de son pouvoir pour gagner. Ce qui va ouvrir la porte à Hunter x Hunter, One Piece, Naruto, Jujutsu Kaisen, My Hero Academia, et compagnie.


Et on est pleinement là dedans : les Stand sont à la fois des super-pouvoirs, mais aussi des personnages à part entière (avec leur forme et parfois leur personnalité) qui ont des conditions d'utilisation spéciales voire des évolutions. Si certains personnages mettent du temps à maîtriser leur pouvoir, dans Jojo bien souvent, les mecs ont immédiatement les meilleures idées et la capacité de les mettre à profit pour que ça soit turbo pété. Et ça commence direct dans le premier épisode avec un héros qui a le pouvoir de "détruire et de reformer la matière" (rien que ça) contre un méchant qui a le pouvoir de contrôler les éléments liquides. Le tout fini très vite avec un enchainement d'idées délirantes.


Mais le délire ne serait pas complet si en plus les personnages n'étaient pas tous super intelligent ... et parfois incroyablement con. Non seulement les antagonistes ont des plans tordus pour utiliser leurs pouvoirs mais en plus, en face, les héros semblent réfléchir plus vite que la lumière à coup de "s'il fait ça, c'est qu'il a tel pouvoir alors je dois faire ça" et de prévisions improbables. Mais ces génies oublient parfois d'avoir des solutions simples à certains problèmes ou semblent complètement aveugle à une situation que le spectateur à vue venir depuis 15mn. Dans le style absurde : je ne me remettrais jamais de ce moment où Josuke et Jotaro décident d'aider Okuyasu qui est en train de se battre 15 mètres plus loin, mais y vont en marchant de manière extrêmement nonchalente.


Sans parler de ces idées introduites dans l'arc mais jamais résolues, sans doute parce qu'Araki avait la flemme de donner des réponses :

D'où vient le bébé invisible ? Mikitaka est-il un extra-terrestre ? Qui est cette personne ressemblant à Josuke qui a sauvé la ville de Josuke lorsqu'il était enfant ? On ne le saura jamais et ça fait limite parti du gag.

La ville au taré qui envoi des flèches :


L'histoire de cet arc pourrait se résumer à : "dans une ville fictive un cinglé envoi des flèches sur des gens croisés au hasard, les poussant à avoir des super-pouvoirs." Bon parfois ça change de cinglé maisla formule fonctionne bien. Certains parlent d'un arc plus "slice of life" mais il faut le prendre avec pas mal de pincette : c'est un slice of life où les gens ont des super-pouvoirs. Alors, certes, mes épisodes préférés sont ceux où des pouvoirs sont utilisés de façon complètement tordues (retrouver des pièces sous les distributeurs, tricher au dé, faire guérir les gens par la bouffe, etc...) mais on reste dans un shonen avec de la bagarre, des super-pouvoirs et un grand méchant à attraper à la fin.


La saison dure quand même 39 épisodes qui sont assez bien remplis : c'est à la fois assez long pour nous introduire pas mal de personnages et d'épisodes indépendants mais ça garde son aspect saison bouclé, avec une intrigue qui se suit, et des génériques qui changent tous les 13 épisodes. Il y a d'ailleurs un côté "bouclé" dans Diamond is Unbreakable qui m'a plu : à la limite je pourrais ne voir QUE ça de la série et ça me suffirait pleinement.


Et évidemment je pourrais vous parler de ce que TOUT LE MONDE a relevé : le sous-texte gay toujours ultra-présent, les mèmes internet à foison, le fait que Rohan est une sorte d'avatar d'Araki (et Morioh une réinvention de sa ville natale) ou les références omniprésente au monde du rock. Mais bon, c'est limite du "common knowledge" à ce niveau là.


Au final, je ne regrette pas le voyage, et je pensais que ma compagne n'allait pas accrocher, et ce ne fut effectivement pas le cas jusqu'à l'arrivé de l'arc de Yukako où le côté "Yandere de l'extrême" à commencé à la faire rire. C'est vrai qu'on peut difficilement regarder Jojo au premier degrès : c'est tellement extrême par moment qu'on a toujours un recul sur la bêtise des personnages ou leur plans improbables. Et ça fait parti du fun.


Je vais sans doute regarder d'autres arcs de la série (antérieur ou postérieur à celui-là ?) mais pas tout de suite : j'ai besoin de faire une pause après avoir avalé tout ça.


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le 5 avr. 2023

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