The Italian Dream
Cette cinquième saison, qui adapte la cinquième partie du manga, de Jojo's Bizarre Adventure est comme la précédente : quasi-parfaite. David Productions a trouvé le format parfait pour créer animé...
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le 13 août 2019
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Alors que le soleil brille sur les côtes italiennes, un jeune homme à la chevelure d’or sillonne les rues éclairées de la ville de Néapolis, baladant son regard à gauche et à droite et en s’enfonçant dans les ruelles sombres, insalubre et mal fréquenté de la ville ou le trafic de drogue semble être devenu une norme. Il ne le sait pas mais du sang de l’inimitable fratrie Joeystar et de leur plus grand ennemi, Dio Brando, coule dans ses veines et il est amené à son tour à porter l’étendard d’aventures aussi étrange et insoupçonné que le titre de la cultissime œuvre d’Hirohiko Araki.
A l’heure ou internet crache sur Netflix après la communication du deuxième tiers de la partie 6 de Jojo’s Bizarre Adventure en animé, il n’est pas plus mal de revenir sur l’une des parties qui a connu un énorme regain de popularité auprès des fans d’un des Shonens les plus atypiques et influents du genre, alors qu’il pâtissait de comparaison avec les péripéties de ses 4 parties aînés (notamment Diamond is Unbreakable considéré comme la partie la plus intime pour Araki, et Stardust Crusaders, un terrain d’expérimentation avec ses coups de mous mais regorgeant d’idées ultra enthousiasmant et s’améliorant toujours au fil du voyage de la bande à Jotaro).
Pourtant, avec Golden Wind, Araki revenait à ses racines en voyageant sur l’une des terres l’ayant grandement inspiré pour son manga et d’aborder de nouveau le modèle du road-movie pour le voyage de ses figures centrales. En plus d’évoluer davantage dans ses choix esthétiques et d’innover, comme à chaque partie, avec le cadre ou évolue son nouveau Jojo et ceux que les fans appellent communément les Jojo’s Brothers, ou Jojo’s Bro. Dans les faits, Golden Wind a un potentiel indiscutable et regorge aussi bien de grands moments et de bases qui ne demandent qu’à s’épanouir… que de frustration et de réelles fausses notes.
La première d’entre eux se révèle être celui qui devait porter cette partie 5 : Giorno Giovanna, fils de Dio et détenteur d’un Stand comme ses prédécesseurs et dont la motivation et les origines avaient absolument tout pour en faire un autre Jojo distinctif après Josuke, Jotaro ou Joseph Joeystar. Malheureusement, Golden Wind abat trop vite ses cartes sur ses origines et peinera à vraiment y revenir pour en faire une icone symbolique au milieu de la bande à Buccieratti. On s’étonnera même de ne jamais pleinement s’identifier à lui et de le voir à moitié effacé au sein du groupe alors qu’à côté il a un des pouvoirs les plus classieux de la licence et qui bénéficie d’une bonne mise en valeur lors des combats de stands. Sans être un pur ratage ou mal vieillir comme le lisse Jonathan Joeystar, Giorno est loin de faire l’unanimité et chaque tentative pour le faire resplendir laisse une impression de tiédeur vraiment désagréable. De loin le moins intéressant des Jojo si on omet Jonathan.
Tout le contraire de son premier compagnon de voyage qui réussira à se faire une place de premier ordre et à porter la majorité de cette partie : Bruno Buccierrati, membre de la Passionne et véritable leader charismatique montrant un réel dévouement envers l’équipe qu’il s’est composé. Sa présence et son sang-froid ainsi que son désir de justice commun avec Giorno le rendent déjà très identifiable, mais à l’inverse de son confrère il se distingue continuellement tant par ses choix que par le respect (justifié et mérité) que lui voue sa bande. On pourrait même le considérer comme le véritable héros de cette partie au point qu’il devient limite le personnage principal de cette partie.
C’est d’ailleurs par le biais de la bande à Buccierrati que Golden Wind saura comment valoriser leurs pouvoirs et leurs qualités humaines comme leurs travers qui le sont tout autant. De la précision redoutable de Mista/Vista à sa superstition du chiffre 4 en passant par le nerveux Narancia, le taciturne et méfiant Abacchio ou encore Triss Una qui apporte une première révolution au sein de la bande d’un Jojo. En étant le deuxième rôle féminin, depuis Lisa Lisa, à avoir un rôle plus conséquent qu’un simple soutien moral, une femme à sauver comme Holly ou une adversaire à vaincre comme Mariah dans Stardust Crusaders. Chacun d’eux trouve un moment ou se distinguer et marquer les esprits, et leurs rapports les rendent très vite attachant, en plus d’avoir leur propre excentricité personnelle typique de l’œuvre d’Araki.
En parlant d’excentricité, David Production reprend le style Rococo de cette partie avec ces personnages aux allures maniérées et élégantes, mêlant à la fois baroque et fantaisie en matière d’esthétisme. Les manieurs bodybuildés à la Ken le Survivant ont laissé définitivement place à des silhouettes plus fines, gracieuses et même féminisés dans certains cas, et donc pas moins barré. Les couleurs sont plus estivales, plus prononcé que dans Diamond is Unbreakable et donne un côté pétillant à cet Italie fantasmé par Araki que ça soit par la reprise de son architecture, son Néapolis faisant clin d’œil à Naples ou bien sûr sa culture mise à l’honneur ici.
Puisqu’on est dans ce qui est mis à l’honneur, les possibilités des stands comme les cadres exploités ici se révèlent plus d’une fois magistralement exploité (je ne sais pas si c’est aussi lisible en manga, mais la version animée en impose) : du style de combat en revolver avec le Sex Pistol de Mista en passant par le fameux Fisherman de Pesci dans un train (rendre une canne à pêche bad-ass, fallait le faire, chapeau) en passant par Man in the Mirror d’Illuso ou encore le fameux Stincky Finger/Zipperman de Buccierati, la fameuse règle du troisième paramètre (il n’est que rarement question de force supérieur ou d’entraînement ici, il est surtout question de voir comment les manieurs de Stand vont exploiter leurs esprits combattif dans leur environnement et via leur ingéniosité pour prendre le dessus sur l’autre) n’a jamais été aussi présente et démontre une fois de plus à quel point Jojo’s Bizarre Adventure se distingue de ses compères. Et met par ailleurs la misère à la majorité des Shonen Nekketsu actuel ou même des années 2000 (même les plus populaire et réussis comme My Hero Academia ou Jujutsu Kaisen dernièrement peuvent en prendre de la graine, quant au très classique Demon Slayer ou une escroquerie comme Eden’s Zero, aucune comparaison ne tient).
Araki ne s’embarrasse pas de son humour atypique et de son étrangeté capable de nous exploser à la gueule à chaque instant. On se souvient tous de la fameuse Torture Dance, véritable orgie épileptique et scène de torture improbable (je suis même sûr que certains la connaissent sans même avoir vu cette partie ou même une saison de Jojo). Tout comme plus d’un ont surement encore en tête l’échange corporel opéré en fin de saison ou l’éternel boutade bien cracra pas loin du scato, palme ici remporté par Abacchio et son thé au goût original (j’entrerais pas dans les détails). Et bien sûr les poses corporelles au service du style, parfois par gratuité assumé, parfois pour la simple beauté du geste, et parfois allant caractériser un personnage dans son style de combat et sa manière d’être (Giorno et sa main retirant son col sur son côté droit, Narancia et sa pose bras tendus parallèle pour faire atterrir son Lil'Bomber/Aerosmith).
Musicalement, Jojo’s Bizarre Adventure bénéficie d’un véritable soin et je pense que tout le monde repense déjà au thème principal de cette partie avec le très (trop ?) célèbre Vento d’Oro caractérisant Giorno et son pouvoir, Golden Wind. Yugo Kanno, toujours chargé de la musique dernièrement avec Stone Océan, se dépasse à nouveau et continue de caractériser ses personnages par des thèmes atypiques en plus de basculer vers des sonorités locales purement italienne qui dépayse davantage. Même si elle a tendance à être cité de manière trop évidente, je ne pourrais jamais nier la classe absolue de certains morceaux et mon fanboyisme pour ce thème principal.
Mais la deuxième moitié de Golden Wind ne va malheureusement pas réussir à porter toutes les promesses au bout. Cela peut s’expliquer par 3 points qui réfrènent constamment son potentiel : la première est l’antagoniste de cette série, le boss de Passionne, qui est bien loin d’égaler la complexité d’un Yoshikage Kira, la présence des hommes du pilier ou même le mythe construit autour de Dio Brando (et ce sans parler des 2 antagonistes qui suivront avec Stone Océan et Steel Ball Run).
Diavolo est montré comme un homme bien trop mauvais et mal intentionné, sans compter qu'il a des pouvoirs plus proches d’un The World 2.0 que d’une création originale sur ce point (alors qu’à côté, le Stand en impose graphiquement). En plus d’avoir été pensé de manière assez étrange et difficilement compréhensible, même pour du Jojo’s Bizarre Adventure (sa schizophrénie assez space avec Doppio).
Ensuite parce que certains rôles et bases prometteuses de la première moitié sont loin d’avoir le destin qu’ils méritent ou sont tout simplement mis de côté :
je pense surtout à Fugo et son Purple Haze/Purple Smoke qui ne verra une conclusion à ses décisions que dans une suite confidentielle sortie qu’au Japon. Tandis que Risotto, dernier membre de la troupe d’assassin de la Squadra, se verra vite mettre au rebut au bout d’un combat certes créatif et bien conçu mais qui se termine de manière un peu décevante à mon goût.
Et le rythme aura tendance à être plus inégal, et à perdre son équilibre au point qu’on a, je trouve, du mal à être aussi investi malgré les enjeux conséquents instaurés.
Enfin, le final… y’a beaucoup à dire dessus en mal et en bien (j’évoquerais pas la partie flash-back des 2 derniers épisodes, ça serait trop long, juste que je ne saisis pas leur intérêt). Si il y a des conclusions effectués avec grandeur
(surtout pour Buccierati et l’échange des corps qui proposent ses bonnes idées et certains gags plutôt drôle),
ce qui devait être une consécration pour Giorno ne fait que conclure l’immense pétard mouillé qu’il aura été en plus de n’être plus qu’un instrument pour la grandeur des combats avec ce côté ultra psychédélique visuellement qui a du mal à camoufler ces problèmes d’écriture.
De même pour le retour de Polnareff, certes, pas mauvaise sur le papier mais qui sonne anecdotique au final, lui aussi étant plus réduit à un outil narratif alors que c’est un de mes personnages préférés de la partie 3.
Quand on passe d’un combat ultra tendu entre Josuke et un tueur en série maniérée et fin tacticien comme Kira ou d’un duel à mort avec l’ennemi des Joeystars qu’était Dio Brando, la comparaison est assez douloureuse. Encore plus en manga quand on doit évoquer Stone Océan malgré ses égarements et Steel Ball Run.
Difficile de faire grand reproche du doublage japonais par contre, notamment avec le nerveux et enragé Nobuhiko Okamoto en Ghiaccio (également voix de Katsuki Bakugo dans My Hero Academia) ou encore Yuichi Nakamura imperturbable en Buccierati. Mais j’aimerais revenir sur le doublage français qui signait, en 2021, la première VF de Jojo’s Bizarre Adventure depuis la tentative sur les OAV (et en dehors de ceux sur Rohan Kishibe de la partie 4 de Jojo). Si on oublie une vulgarité parfois trop excessive dans le langage (sérieusement, combien de fois on entend le mot « enculé » à tel point que même Tony Montana de Scarface en serait outré ?) et de quelques soucis de synchro labiale qui restent discrète, preuve a été faite que Jojo n’avait rien d’une œuvre intraduisible et qu’avec une équipe impliquée et un casting large, le rendu pouvait être d’excellente facture. Marc Maurille qui prêtait sa voix pour la première fois en animé s’impose et réussit à faire vivre Giorno efficacement malgré les problèmes d’écriture du personnage, tandis que la bande à Buccierati et les antagonistes comme les rôles plus tertiaires bénéficie d’une distribution et d’une performance pour le moins royal. Que ça soit les habitués du doublage en animation japonaise comme Charles Mendiant, Julien Chatelet ou Martial Le Minoux en passant par les voix plus inédites comme Franck Sportis ou les nouveaux venus comme Renaud Heine ou Paul Berlin-Hugault, les acteurs sont tous très bien castés et n’ont pas peur de se péter les cordes vocales lors des scènes les plus hystériques (Alan Aubert en Ghiaccio, à mourir de rire tant le mec se prête totalement au jeu avec ce fou furieux) ou étrange. Si la traduction différente parfois du nom des stands peut surprendre (apparemment c'est une demande venu du Japon), on s'y fait très vite et au final il y en a bien peu qui changent de nom par rapport à la version d'origine (Lil Bomber remplace Aerosmith et Zipperman remplace Stinki Fingers).
Golden Wind bénéficie d’une popularité méritée et compréhensible, avec ses grands moments et David Production toujours très inspiré pour la transposition en animé de l’œuvre d’Araki en plus de bénéficier d’un soin tout particulier pour la musique et la performance dans les deux langues, et d’avoir bon nombre de rôle mémorable en dehors de ses principaux rôles. Mais il se prend les pieds dans le tapis par la suite et témoigne de la maturité qui n’était pas encore totalement acquise par Araki dans son format papier puisque l’animé reprend pas mal des défauts déjà attribuables au manga. Le vent d’or passe de façon fugace, néanmoins il a bel et bien existé plus d’une fois sur ces 39 épisodes.
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Créée
le 31 mars 2022
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