Justified
7.2
Justified

Série FX (2010)

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Après six années, Justified vient mettre un point final à l’histoire de Raylan Givens. Et comme à chaque fin de série, l’ultime épisode jouit d’une aura particulière car il vient, pour ainsi dire, donner la couleur de notre sentiment à l’égard du show tout entier. C’est faux, bien sûr. Car même si le season finale de Justified avait été raté, cela n’aurait rien enlevé à ses nombreuses qualités (on y revient). Mais malgré tout, quand une série se termine en eau de boudin (coucou Dexter), on a tendance à ne retenir que cela, quitte à oublier ses plus belles heures (coucou Dexter). Heureusement, ce n’est pas le cas ici. Sans être inoubliable, il rend un joli hommage à cette grande série.


Certes, ses plus beaux jours étaient derrière elle. Et il n’y aura pas grand-monde pour me contredire en disant qu’elle n’a jamais été meilleure qu’avec la saison 2 et la saison 3 – deux saisons d’une qualité telle que si toute la série avait été de ce niveau, Justified serait aujourd’hui l’une des plus grandes. Mais il serait profondément injuste de réduire la série à ces deux seules saisons. La première, notamment, a brillamment posé les bases de la série. La saison 4 n’est quant à elle pas loin des deux précédentes et offre même quelques-uns des plus grands moments de tension. Seule la saison 5 apparaît véritablement en dessous des autres, tout en conservant une très bonne tenue. Quant à la 6, après une bonne entame mais aussi quelques épisodes de remplissage, on est globalement revenu à un (très) bon niveau, même s’il a fallu attendre les derniers épisodes pour que les choses sérieuses arrivent enfin.


C’est surtout dans sa seconde partie qu’on a en effet retrouvé ce qui me plaît tant dans Justified. Ses dialogues en forme de duel où chaque réplique laisse croire qu’elle va s’achever sur un coup de revolver. On ne grossira pas le trait en affirmant qu’on lui doit quelques-uns des dialogues les mieux écrits de la télé, les plus tendus aussi. Entre un Timothy Olyphant d’une coolitude absolue, un Walton Goggins époustouflant en redneck s’exprimant comme un personnage de Shakespeare, la série a su avant tout immortaliser des personnages fascinants, y compris les secondaires particulièrement soignés. Rien que leurs noms sont géniaux et donnent à la série son identité. On pense ainsi à Mags Bennett, bien sûr, mais aussi Ava Crowder, Robert Quarles, Wynn Duffy, Dickie Bennett, Avery Markham, Boon, Dewey Crowe et bien d’autres encore… Derrière ses acteurs et ses savoureuses punchlines, Justified raconte aussi quelque chose sur notre héritage, notre passé, et la manière dont on parvient (ou non) à en échapper. Soit Raylan Givens qui, à un moment de sa vie, a choisi de quitter Harlan County pour choisir le droit chemin, au lieu de celui du banditisme rural tracé par son père.


Justified, c’est l’histoire de cet homme qui retourne dans sa ville natale pour finalement y affronter sa famille et tous ceux qui le considèrent aujourd’hui comme un traître, parce que de l’autre côté de la barrière (il est US marshal). Et l’un des suspenses de la série, plus présent dans les dernières saisons, c’est de savoir s’il parviendra à se détacher de son passé une bonne fois pour toute ou si son obstination à attraper Boyd Crowder finira par sa perte. « You’ll Never Leave Harlan Alive » peut-on entendre dans le dernier épisode de Justified, avant une scène qui délaisse cette fois-ci les dialogues pour un véritable duel de western, une filiation que la série n’a jamais renié (dès le premier épisode, avec son chapeau, Raylan Givens est comparé à un cow-boy, à une sorte de Dirty Harry moderne). Cette séquence, bien qu’attendue, vient récompenser une des belles confrontations (à distance) offerte par cette sixième saison. Mais le series finale vient surtout mettre un joli point final à toutes les intrigues, et spécialement à la relation ambiguë entre Raylan Givens et son meilleur ennemi, Boyd Crowder. La série se conclut logiquement sur ces deux personnages, comme les deux faces d’une même pièce, et vient faire écho au tout premier épisode de la série. Dans celui-ci, on se souvient que Raylan finit par tirer sur Boyd avant de s’excuser. Quand Ava lui demande pourquoi il s’excuse, ce dernier lui répond : « Well, we dug coal together » (littéralement, « on a creusé le charbon ensemble »). Alors qu’ils évoquent leur opposition, qui dissimule in fine une forme d’amitié, Boyd conclut sur ces mêmes mots : « We dug coal together ». « You’re right », lui répond Raylan.


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Créée

le 11 mai 2015

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