Choisir la facilité, sans pour autant rendre ça facile

Kipo entre parfaitement dans cette nouvelle génération de cartoons, dont je ne saurais pas trop délimiter clairement le début, qui prennent à contrepied la simplicité habituelle des dessin-animés où l'on a un gentil très gentil, souvent en blanc, avec du rouge si c'est le chef, et puis a un moment y'a une meuf avec des pouvoirs de soin, et un méchant très méchant généralement incarné par [insérer élément maléfique genre Ténèbres]. Une formule qui fonctionne, mais qui commence à ne se destiner qu'à un public de très jeunes enfants, ou à tourner ce modèle très cartésien à l'humour, la parodie. Ce genre de récit animé nouveau se destine autant aux très petits qu'aux très petits devenus grands.

Cette série impeccablement animée de la main de Dreamworks décide donc de suivre cette tendance à rendre les méchants plus complexes, avec parfois une vision du monde louable mais extrême. Ce qui fait le charme de la série Kipo... eh bien c'est Kipo.
Kipo est une héroïne tout à fait banale, c'est même la définition brut d'un protagoniste, elle est gentille, elle est sensible, elle est curieuse, intrépide, audacieuse, bla bla bla... elle ne prend rien du tout à contrepied. Ce qui fait son charme, c'est qu'à part elle, personne ne pense comme ça, et il n'y a pas un personnage qui ne se moque pas de ses élans d'héroïsmes absurdes. Beaucoup de problèmes -mais clairement pas tous- trouvent leur solution dans une forme de simplicité un peu naïve, qui consiste à simplement... s'écouter. Mais ce que Kipo et l'âge des Animonstres fait extrêmement bien, c'est démontrer que discuter, c'est extrêmement difficile, et c'est souvent beaucoup plus difficile que juste tout casser. Mais "battre" l'ennemi à grands coups de manche à balais dans les rotules, est-ce que c'est vraiment une victoire ? Finalement, passé la première saison, les obstacles physiques ne sont jamais aussi dangereux que les obstacles moraux.

Persuader quelqu'un de changer n'est jamais facile, et Kipo et l'âge des Animonstres n'hésite pas à rendre la progression pénible, voire stagnante pour nos protagonistes, non pas à cause d'un ennemi trop difficile à vaincre, mais trop difficile à convaincre. Des choses qui pourraient être réglé en dix minutes prennent des mois, mais à mon goût c'est pour le mieux, et la série démontre bien que si on se contentait de fracasser l'adversaire, personne n'en sortirait réellement gagnant.

Quoi qu'il en soit, des personnages au top, un univers très attachant, une bande-son qui déchire (à ma grande surprise), une vf très propre, une animation réussie, beaucoup d'humour... je trouverais bien peu de mal à en dire, à l'exception de la saison 1 qui a tendance à faire changer ses ennemis de camp un peu trop facilement. Mais ça n'est peut-être que pour commencer à introduire des adversaires qui, plus tard, ne tomberont plus dans les combines qui avaient toujours fonctionné jusque là, et forcent Kipo à sortir de sa zone de confort. Bref, une série que je pourrais recommander à tous les amateurs de cartoons modernes, ou même ceux qui veulent juste trouver un petit quelque chose court à regarder entre leur repas et leur dessert pour passer un bon moment.