Knok
6.5
Knok

Série 13ème Rue (2024)

Entre humour très hitchcockien et comédie loufoque, cette série a pour prémisse les mésaventures d’un personnage que sa propre femme définit comme « incapable de faire du mal à une mouche et c’est bien là le problème » mais qui, après avoir porté secours à une tueuse à gages qu’il n’a pas réussi à identifier comme telle au départ, se retrouve paradoxalement obligé de l’aider à commettre des meurtres commandités.

Il faut dire que dans l’univers de Knok, qui est à la fois le nom de la série et celui d’une application, l’ubérisation a dérapé au point de proposer des assassinats à la carte. Sorte de « High Concept », cette dernière aurait pu servir de point de départ à un véritable film d’horreur : dès la première connexion avec Knok, tout personnage est soit voué à être éliminé en tant que témoin gênant, soit pris dans une dangereuse spirale où, s’il n’est pas de plus en plus performant, on s’en prendra à ses proches avant de l’éliminer lui-même.

Les deux personnages principaux, Quentin et Blanche, sont donc transportés dans un engrenage hitchcockien qui pourrait virer au drame à tout moment. On pourrait alors se contenter de sourire du décalage entre le savoir spectatoriel et celui des personnages, qui relance le suspense à la façon des thrillers des années 50, d’autant plus que le montage n’a de cesse de diriger notre regard et de provoquer notre empathie par le jeu du partage du point de vue et des réactions des personnages à ce qu’ils découvrent. Mais c’est sans compter sur le talent de Johann Cuny et de Sylvie Testud, dont le jeu oscille en permanence entre réalisme et distanciation comique. En outre, ce premier duo burlesque formé par la fantasque tueuse à gage prête à tout pour s’en sortir et l’éternel souffre-douleur fuyant toute confrontation est doublé par un couple d’enquêteurs, Violette et Régis (Fleur Fitoussi et Etienne Ménard), dont l’étoffe finit par crever l’écran et que l’on a hâte de retrouver dans une seconde saison.

Dans une atmosphère qui n’a rien à envier à celle des Frères Coen en termes d’humour noir, dans des décors qui font souvent penser à ceux des films d’Albert Dupontel, Knok développe enfin une foule de personnages secondaires qui relancent le plaisir du spectacle satirique. Du patron de Quentin à son beau-frère, de la mère de Blanche à l’inquiétant cuisinier de l’Ehpad, de la « coach pour tueurs » aux salariés des stations-services, tous initient de francs moments de détente et d’invitation à la jubilation. Et dans le même temps, la multiplication des écrans auxquels tous sont reliés comme à un cordon ombilical devient de plus en plus inquiétante et dévoile un monde de requins qui ont tissé des filets dont ils ne sortiront eux-mêmes peut-être pas vivants ...


AscaleM
10
Écrit par

Créée

le 12 juin 2024

Critique lue 57 fois

AscaleM

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