Kokkoku
6.7
Kokkoku

Anime (mangas) Tokyo MX (2018)

Voir la série

Brève histoire des solitudes familières

Il apparaît que nous apprenions quelque chose de la solitude en l'art. L'oeuvre d'art, dit-on souvent, est le lieu de toutes les solitudes : celle de l'artiste, celle de l'oeuvre laissée seule au monde. Du concept de solitude, on fait souvent grand abus. Il revêt souvent l'apparence de l'isolement, de l'écart au monde. Il surgit inévitablement du rapprochement tous les risques de l'amalgame. La première série de Geno Studio évite pour une part cet écueil.


Kokkoku est l'histoire d'une jeune femme. Prise au piège, à divers degrés, dans une dimension où le temps s'est arrêté, elle tente de sauver sa famille, elle tente de se sauver elle-même. Drame familial davantage que drame personnel. Rarement un anime avait traité aussi judicieusement de la famille, son éclatement, son désœuvrement plaintif. L'individu appartenant à la famille ne sait jamais s'il en fait bien partie. Ce qu'il veut sublime en la famille, un étranglement soudain le lui retire. Celui qui agit est mis à part, celui qui subit est écarté. Seul l'enfant échappe à la folie des apparences, du jeu des rôles, des forces subies.
Cependant, la mise en scène inégale, le dessin trop figé, les maladresses d'écriture ne pardonnent jamais. Virtuose quant à l'humain, fade quant à la vision : l'impression tenace de quelque chose qui a perdu tout élan. La fin particulièrement mal orchestrée réussit à grand mal à toucher le pathétique ; une gorge qui se serre durant quelques instants, les derniers de l'anime. Les grands déballages creusent l'ennui, le vide, l'abscons. Les personnages creusent l'ennui, le vide, l'abscons ; mais différemment, autrement plus intéressants, autrement plus vrais.


La grande réussite de l'anime reste l'approche prismatique de la solitude. Des personnages seuls mais contents, tant par bonheur que par dépit, d'être ensemble : c'est en cela que Kokkoku ne saurait être pris pour autre chose qu'une brève histoire des solitudes familières.

reSisyphe
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Animes classés et commentés

Créée

le 10 avr. 2018

Critique lue 649 fois

1 j'aime

reSisyphe

Écrit par

Critique lue 649 fois

1

D'autres avis sur Kokkoku

Kokkoku
Tanja
7

Quand tout s'arrête

Kokkoku est un seinen écrit et dessiné par Seita Horio. Le manga de huit tomes est édité en France par Glénat. La série de 12 épisodes est quant à elle diffusée sur Amazon prime video à raison d’un...

le 6 avr. 2018

2 j'aime

Kokkoku
Supmad
8

Prenons le temps d'être en famille

Kokkoku est un animé original, vraiment original. Un thriller fantastique qui prend place dans un univers figé, et qui s’en sert autant dans le fond que dans la forme. Mais aussi un animé qui parle...

le 13 mai 2018

1 j'aime

Kokkoku
reSisyphe
6

Brève histoire des solitudes familières

Il apparaît que nous apprenions quelque chose de la solitude en l'art. L'oeuvre d'art, dit-on souvent, est le lieu de toutes les solitudes : celle de l'artiste, celle de l'oeuvre laissée seule au...

le 10 avr. 2018

1 j'aime

Du même critique

A.I.C.O. Incarnation
reSisyphe
5

Chairs labyrinthiques ou l'art de la grande confusion

Netflix continue à produire à la pelle de l'animation japonaise et s'attaque désormais à un genre excessivement en vogue : le genre catastrophe. Bones est chargé de la production de l'animation, et...

le 25 mars 2018

3 j'aime

Hitorijime My Hero
reSisyphe
3

Adorables platitudes

Le bilan de la représentation homosexuelle en animation japonaise n'est guère glorieux. Souvent mélange immonde de clichés, stéréotypes pesants et fantasmes réducteurs, ce qui pourrait sans peine...

le 14 avr. 2018

1 j'aime

Kokkoku
reSisyphe
6

Brève histoire des solitudes familières

Il apparaît que nous apprenions quelque chose de la solitude en l'art. L'oeuvre d'art, dit-on souvent, est le lieu de toutes les solitudes : celle de l'artiste, celle de l'oeuvre laissée seule au...

le 10 avr. 2018

1 j'aime