Krypton
5.1
Krypton

Série SyFy (2018)

Papy El fait de la résistance (Saisons 1 & 2)

Vous avez toujours eu envie de connaître les aventures du papy de Superman ? Non ? Vraiment ? Ben, tant pis, "Krypton" le fera quand même et vous ramènera au bon vieux temps où la planète natale de Kal-El n'était pas encore un amas de débris oublié au fin fond de la galaxie. Krypton était alors divisé par les différents régimes de ses grandes cités, Kandor était l'une d'entre elles, abritant le jeune Seg-El dont le propre grand-père Val-El et les parents insignifiants avaient été respectivement banni et exécutés par le cruel dirigeant des lieux. Forcément énervé comme tout, Seg-El se cherchait alors comme un ado rebelle et fricotait avec une membre éminente du régime, Lyta-Zod. Mais, un beau jour, un homme surgit de nulle part, il se présenta sous le nom d'Adam Strange (un bon point d'avoir utilisé ce personnage DC oublié), un terrien qui assura à Seg-El qu'il venait du futur pour empêcher un mystérieux ennemi de changer le cours du temps et d'effacer l'existence de son petit fils Kal-El...


Sacrée affaire, hein ? Ça donnerait presque envie même si l'argument du voyage temporel peut paraître un brin facile afin de rendre le tout attrayant en apportant des éléments contemporains de la mythologie Superman.


Bon, commençons par ce qui fâche le plus : "Krypton" est une série Syfy et donc potentiellement d'un intérêt très relatif à à peu près tous les niveaux. Pas la peine de ménager le suspense, c'est bien le cas. En permanence au coeur de la série, les luttes intestines entre le pouvoir et la résistance kryptoniennes n'engendreront qu'une série infinie de rebondissements plus caricaturaux les uns que les autres, transformant la frontière entre les twists de soap et de comics en passoire avec son lot de traîtres, d'alliances et de rapports de force en mouvement perpétuel pour impacter les camps (vers la fin de la série, c'est bien simple, les personnages n'auront même plus le temps d'en pleurer un autre avant de réaliser qu'il est toujours miraculeusement en vie un épisode plus tard). Tout cela tournera artificiellement en rond dans les mêmes 3-4 décors souterrains éclairés différemment, donnant à Krypton des airs de gruyère interstellaire où seule la roche austère sert de plateaux entre des plans de coupes futuristes voulant bien sûr nous en mettre plein les mirettes (la saison 2 jouera néanmoins plus sur une ampleur de space-opera en faisant intervenir différents points de cette galaxie). Et pas la peine de compter sur les jeunes comédiens dans les rôles principaux pour apporter une autre dimension à cette histoire, ils sont aussi expressifs que des noyaux de cerise crachés sur le bord d'une autoroute, mention spéciale à Cameron Cuffe en Seg-El dont il est quasiment impossible de se rappeler le visage lisse une fois la série achevée (les jeunes actrices donneront par contre, elles, le change: Georgina Campbell et Wallis Day sont vraiment à ranger du côté positif de "Krypton" par leurs rôles de femmes fortes qu'elles s'approprient avec conviction).


Mais, si cet armada hélas indissociable des productions Syfy va tirer la série vers le bas, David S. Goyer (eh oui, il ne faut pas oublier que c'est le scénariste de "Man of Steel" qui chapote le dossier) va heureusement tout faire pour ne jamais ennuyer, il se passe en effet toujours quelque chose de périlleux dans "Krypton", la générosité de rythme vis-à-vis des péripéties sera une constante ! Certes, ça ne suffira pas lors de la première saison, pénible majoritairement, mais, dès le moment où le scénariste et ses copains introduisent des têtes biens connues de la légende Superman pour booster le récit, il faut bien reconnaître que "Krypton" prendra une envergure plus intéressante. Ces piliers invoqués deviendront même certaines des meilleures variations de tout l'univers kryptonien retranscrit en live-action jusqu'alors !


Je ne peux dire le nom du premier qui me vient en tête car la révélation de son identité constitue un des principaux twists de la saison 1 mais Colin Salmon campe le personnage d'une manière qui n'a pas à rougir de ses prédécesseurs, surtout dans la saison 2 où il embrasse complètement l'aspect totalitariste qu'il induit. Vient ensuite Brainiac, représenté enfin à la mesure de sa stature, l'équivalent DC de Galactus en mode collecteur de civilisations en bouteilles, l'interprétation de Blake Ritson est au diapason, chacune de ses apparitions transpire une menace capable de tout (et il le prouvera), signifiée par un travail vocal remarquable derrière le costume ! Puis, il y a Doomsday, "Krypton" est bien embarrassé pour montrer visuellement la démesure destructrice du personnage mais elle va plutôt bien le construire pour que l'on y croit, on verra même ses origines pour la première fois et ce sera réussi (bon, ils ont mêlé une fois de plus les El et les Zod à l'affaire, à croire que ces familles régissent la planète depuis sa création !). Enfin, il y a Lobo, encore de l'inédit convaincant ! Alors, oui, dans une incarnation trop humaine de type musclé lambda (aux capacités bien plus grandes toutefois) mais qui a tout compris de la hype autour de ce personnage célébré dans les comics, un spin-off centré sur lui était d'ailleurs envisagé avant l'annulation de l'ensemble et ce n'était pas un hasard.


En fait, à chaque fois qu'elle met en scène des clés de voûte de l'univers Superman, "Krypton" arrive à créer sa propre mythologie enthousiasmante, à rendre sa bande de personnages fades attachante face à des composantes connues et utilisées avec respect de l'univers sur lequel elle se fonde (une certaine plante sera même de la partie). Et on aurait pu avoir tellement plus si la série ne s'était pas arrêtée abruptement, la fin de la saison 2 amène tout ce petit monde devant un danger franchement alléchant, bien avant que Zack Snyder s'en saisisse avec "Justice League"...
Des défauts, "Krypton" en a une pelletée impressionnante mais le fan de Superman qui la regarde ne pourra être qu'indulgent, le créateur de cette production l'est visiblement tout autant et, dès lors, qu'il se repose sur un événement faisant intervenir un protagoniste familier de ce monde, la série est une espèce d'outil de séduction imparable pour se mettre dans la poche le public ayant grandi aux côtés des aventures du plus grand des Kryptoniens. Ce n'est certes pas assez pour en faire une œuvre marquante mais il est dur de ne pas s'y amuser au final !

RedArrow
5
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le 8 mai 2021

Critique lue 206 fois

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