L’adolescent sans nombril qui débarque pour résoudre tes problèmes… et les siens

Kyle XY, c’est comme si E.T. et Jason Bourne avaient eu un bébé, mais que celui-ci était sorti de la cuve sans nombril et avec un regard un peu trop innocent pour son propre bien. Freeform (anciennement ABC Family) nous plonge dans un univers où un adolescent mystérieux, doué de pouvoirs quasi surhumains, mais dépourvu d’un nombril (ce qui est apparemment super important), est trouvé errant, nu comme un ver, dans la forêt. Ce qui aurait pu être un départ pour un bon film de science-fiction devient ici une série qui oscille entre drame familial et mystères un peu tirés par les cheveux.

Kyle, notre héros sans nombril et sans passé, débarque dans la famille Trager, qui le récupère comme un adorable petit oiseau tombé du nid. Le souci, c’est que Kyle n’a pas seulement oublié son passé, il semble aussi avoir oublié comment tout fonctionne : manger, parler, marcher, et même… sourire. En gros, c’est un nouveau-né de 16 ans avec l’aptitude d’un génie. Il apprend tout à la vitesse de la lumière, découvre que ses capacités sont tout sauf normales (du genre résoudre des équations mathématiques avec une branche d’arbre), et commence à se poser des questions sur ses origines, tout comme les Trager.

La série bascule rapidement entre deux genres : d’un côté, on a le mystère scientifique sur les origines de Kyle (qu'est-ce qu'il est exactement ? Un clone ? Un alien ? Un robot hyper réaliste qui a simplement raté le cours de biologie humaine sur les nombrils ?), et de l’autre, on se retrouve plongé dans un drame familial avec toutes les complications classiques : des histoires de lycée, des romances maladroites, et des discussions à table où Kyle observe tout comme un extra-terrestre en stage d'immersion.

Ce qui rend Kyle XY intrigant, c’est ce contraste entre son étrangeté et son humanité. Kyle est un prodige, un véritable surdoué qui fait des trucs incroyables avec un simple coup d’œil sur un problème complexe, mais il est aussi incroyablement vulnérable émotionnellement, comme un grand bébé (sans nombril). Et c’est là que la série essaie de nous captiver : en jouant sur l’idée que malgré ses pouvoirs, Kyle est avant tout en quête d'identité. Son regard sur la vie humaine, les relations et les émotions est souvent touchant, mais aussi parfois un peu naïf, voire gênant (surtout quand il découvre l’amour, un grand moment d’inconfort télévisuel).

Mais là où la série trébuche, c’est dans sa gestion du rythme et de l’intrigue principale. Le mystère autour des origines de Kyle est intriguant au début, mais à force de traîner en longueur, on se retrouve avec plus de questions que de réponses, et un sentiment de frustration grandit. Vous pensez que chaque épisode vous rapprochera de la grande révélation ? Détrompez-vous. La série semble parfois se perdre dans des intrigues secondaires de lycée qui ne sont ni très originales, ni très palpitantes. On se retrouve à suivre des querelles d’ados alors que tout ce qu’on veut, c’est savoir pourquoi Kyle peut résoudre un Rubik’s cube en une demi-seconde et pourquoi il n’a pas de nombril !

Côté personnages secondaires, la famille Trager est sympathique, mais reste assez stéréotypée. La mère, Nicole, est la psychologue bienveillante qui prend Kyle sous son aile comme si elle recueillait un chat errant. Le père, Stephen, est le gars pragmatique qui essaie de comprendre comment ce garçon peut être à la fois génial et complètement à côté de la plaque. Lori et Josh, les enfants Trager, sont là pour remplir les rôles de la sœur un peu rebelle et du frère geek sarcastique. Ils apportent des moments de légèreté, mais ne réussissent pas vraiment à sortir des clichés habituels des séries familiales.

Visuellement, Kyle XY n'a rien de révolutionnaire. La série mise davantage sur ses personnages et ses mystères que sur des effets spéciaux spectaculaires, ce qui est compréhensible vu le budget probablement modeste. Mais pour une série qui veut nous faire croire à des expériences scientifiques top secrètes et des pouvoirs surnaturels, l'esthétique reste assez sage.

En résumé, Kyle XY est une série qui part d’un concept intriguant (un adolescent sans passé, sans nombril, et avec des pouvoirs mystérieux), mais qui peine à maintenir l’intérêt avec une intrigue principale qui traîne en longueur et des sous-intrigues adolescentes souvent banales. Il y a de bons moments, surtout dans l’exploration de la quête d’identité de Kyle et son innocence face au monde, mais l'ensemble manque parfois de punch. Si vous aimez les mystères scientifiques doux, les drames familiaux et que vous n’êtes pas trop pressé d’obtenir des réponses… cette série pourrait tout de même vous séduire, nombril ou pas.