Miracle de la télévision française. On n'avait jamais osé parler des plantes - monde autrement statique et d'apparence ennuyeux que celui des lions et autres alligators de mangrove - comme on le faisait des bestioles à poil, plume et cuticule.
Pour l'époque, les images étaient fascinantes. On découvrait un monde à la violence démesurée, mais sur des temps et une patience bien différents de ceux des animaux à sang chaud. Racines qui soulèvent des montagnes, guerres sexuelles, luttes alimentaires, batailles pour le soleil : il n'est pas tendre, le monde des végétaux, mais tout aussi vivant et divers que celui qui nous est plus proches.
La narration sans faille, la vulgarisation intelligente et l'audace même de l'entreprise font de ces deux saisons un sommet du documentaire sur la nature. On en sort tout à la fois émerveillé et plus savant, meilleur connaisseur de la complexité de ce monde. Sans compter un générique que j'attendais chaque semaine avec autant et presque plus de ferveur que l'émission elle-même - l'émotion ne m'en a pas quitté 30 ans après.
Une réussite sur tous les plans - que je suis en train de visionner une nouvelle fois, confirmant l'idée qu'il m'en est restée de mon adolescence. Certes, un parti-pris un peu trop téléologique dans le commentaire - comme si l'évolution était guidée par l'état contemporain de la nature... - et un montage ici ou là un peu rhapsodique dénotent une marque de vieillesse. Mais ça demeure une série scientifique d'une très belle qualité, surtout sur un sujet pareil.