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Que n'a on pas écrit sur cette date. Symbolique, cataclysmique, transitoire...les superlatifs n'ont pas manqué pour l'évoquer. Tous s'accorderont cependant sur un point, celle de la fin d'un monde.


Constantinople, la ville de Dieu, fondé par Constantin Ier dit "Le grand" en 330 de notre ère, symbole de la romanité tardive, de l'ère nouvelle, maîtresse indomptable de peuplades fascinés, phare du monde chrétien pendant des siècles.....Cela fait beaucoup trop de superlatifs !


1453, cette cité n'est plus, dans les faits, qu'une coquille vide. Ravagée depuis la prise de la ville par les croisés en 1204, épuisé par sa déchéance économique au profit des républiques italiennes, achevé par la peste noir et les avancés des turcs, Quoi que d'aucuns dirai que ces deux événements sont corrélés. La ville est à cette époque Empire et Cité à la fois, ne subsistant par ailleurs que quelques ersatz de sa gloire passé, dans le Péloponnèse ou en Crimée, en des territoires quasi indépendants.


Mehmet II, conscient de la ruine de son passé prestigieux, celle de capitale de l'Empire Romain d'Orient, tient à s'en emparer pour raisons multiples. Premièrement sa situation géographique privilégiée sur le Bosphore, tant économiquement que défensivement. Deuxièmement, sa symbolique, car aucun musulman avant lui n'a pu la prendre, ni son père, ni les califes omeyyades d'une autre époque.


Constantin X, empereur d'Orient est aussi bien conscient que Mehmet du délabrement de sa cité. Héritier de la famille Paléologue, dynastie originaire de Bithynie, il sent le poid de l'histoire sur ses épaules. Il mettra jusqu'à sa vie en jeu pour la conserver. Giovanni Giustiniani, célèbre Condottiere génois, sera son bras armé pour la bataille à venir.


Le choc de l'histoire est superbement interprété dans cette série, modeste mais juste, habile et détaillé, subtil et généreux.


Les personnages ne sont pas caricaturaux, mehmet II n'est pas un monstre assoiffé de sang tel que l'historiographie occidentale l'a dépeint par la suite. Il est cultivé, parle plusieurs langues, maîtrise la diplomatie. Les aspects familiaux qui sont abordés dans la série permettent de mieux comprendre son comportement, d'expliquer ses ambitions et son besoin de reconnaissance....les Beys qui se méfient de lui, sa mère adoptive qui l'a pris sous son aile, ect...


Constantin XI n'est pas, comme dans le film de propagande homonyme (1453 : Fetih), un débauché violent et décadent, c'est juste un homme avec une couronne, à peine plus riche qu'un marchand de tapis. Son coté ténébreux voir fataliste est profondément touchant, on sent l'énorme charge qu'il se doit d'honorer, celle d'empereur des romains.


Les deux personnages sont équilibrés et on sent bien qu'il n'y pas vraiment de rapport héros/méchant. Chacun sa part d'ombre et de lumière.


Pour le côté réalisation, on est servi, certains plans sont très suggestifs et assez impressionnant, notamment l'accrochage dans le bosphore entre génois et Ottomans.


Quelques beaux détails historiques sur les divers équipements, de la barbute typique du XVeme siècle à l'habileté des génois pour l'arbalète, en passant par les dalmatiques des nobles byzantins, les couleurs splendides du palais turc d'Andrinople, la musique de guerre des armées ottomanes, le réalisme des fortifications de la cité. Tout de même quelques fantaisies, notamment le kilt d'un écossais présent au siège de la ville (si si je vous assure), ou encore le plastron en cuir version ToysRus de Constantin X....mais bon ça va, c'est noyé dans le correct.


Finalement après moult rebondissements tout le monde connait la fin, et tout deux deviendront des légendes à part entières.
Mehmet II deviendra "Fatih", et sera le plus grand sultan de tout les temps. Constantin X mourra les armes à la main et deviendra un martyr du monde grec.


La chute de Constantinople marquera la fin d'un monde, d'une idée ancienne, ancré dans l'Antiquité classique, d'une vision cosmogenique et universaliste de l'homme, de sa place dans l'univers, cette idée chrétienne ou païenne, latine ou grecque, Civilisé ou Barbare...


C'est Rome.

QuentinDuc
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le 23 mars 2020

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Quentin Duc

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