L'Instit n'est pas la série française la plus connue, et encore moins la plus appréciée. Certains ont pu lui reprocher son caractère répétitif ; d'autres ont pu dire qu'en tant que série pour enfant, elle ne méritait pas leur intention ; une troisième vision existante est celle que, comme toutes les séries françaises, l'Instit ne méritait pas qu'on la regarde. Je vais donc effectuer ma critique en répondant à ces trois thèses.
Tout d'abord, sur le caractère répétitif. Il est vrai que de prime abord, il semble que chaque épisode de la série suive un même schéma : Victor Novak (l'Instit) arrive dans une nouvelle école, un ou plusieurs enfants se trouvent dans une situation difficile, Novak s'en rend compte et découvre que le problème trouve son origine auprès des adultes (souvent les parents des écoliers), la situation empire, mais finalement, tout se finit bien et l'Instit peut repartir l'esprit tranquille. Si cela paraît très dirigé, ce schéma permet pourtant de découvrir une nombre impressionnant de situations au fil des épisodes, situations qui font non seulement oublier le caractère répétitif du schéma d'un épisode classique, et malgré ce schéma, des intrigues très complexes, souvent sombres, voire très sombres du fait des sujets abordés, et au dénouement parfois inattendu, car le schéma est loin d'être systématiquement respecté à la lettre, et certains épisodes en sont même parfois très éloignés (notamment, par exemple, l'épisode 45 : Carnet de voyage : la Tunisie).
Ensuite, si, en effet, la série est destinée à un public jeune, la construction particulièrement qualitative des intrigues fait de cette série une fiction pouvant tout à fait être appréciée par un public plus âgé, et les sujets abordés, très divers, sont le reflet de réels problème présents non-seulement à l'école, mais aussi et surtout dans le monde des adultes : l'Instit est une série qui aborde les thèmes de la camaraderie, de la fraternité, mais surtout de l'intolérance, de la xénophobie, de la pauvreté, de la fracture sociale, mais révèle aussi le problème central de notre société actuelle, à savoir le manque, voire l'absence de dialogue ; de ce fait, si cette série permet de donner de vrais pistes aux enfants pour leur développement personnel, notamment pour leur rapport aux autres, il est du même intérêt pour des adultes parfois isolés et perdus : cette série révèle certains travers du monde dans lequel ont vis, et nous amène à une réflexion sur celui dans lequel nous souhaitons vivre.
Enfin, si cette série n'a pas les mêmes moyens que les séries américaines ou britanniques, elle montre qu'il ne faut pas pour autant négliger les séries françaises. Si, cela est vrai, l'action n'est pas le point fort de l'Instit, cette série, tout comme une part non-négligeable des séries françaises (pas toutes, c'est clair), met dans ces épisodes davantage l'accent sur la qualité de l'intrigue, avec une tension souvent palpable et des dénouements remarquables, sur les sujets abordés avec une très grande justesse (déjà évoquées auparavant), et la musique de la série est clairement un point fort, puisque renforçant toujours avec justesse l'atmosphère de la série ; de même, les acteurs, y compris enfants, jouent le plus souvent très bien, et permettent au spectateur de s'immerger dans l'histoire et à ressentir de l'empathie pour les personnages.
En conclusion, l'Instit a d'immenses qualités qu'un amateur de série ne saurait ignorer, que ce soit dans la réalisation, les thèmes abordés, le message délivré, et, de manière plus profonde, les questions posées. Je n'ai pas peur, aujourd'hui, de dire que l'Instit est dans aucun doute la meilleure série française de l'histoire de la télévision, mais aussi l'une des meilleures productions audiovisuelles qui est été concrétisée dans le monde.