Trop de vent
C'est sympa à suivre, ça divertit. Même si le dénouement est finalement à la limite de l'indifférence totale...En fait premièrement j'ai un problème avec le fait que le scénario retienne...
le 16 oct. 2023
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La Chute de la maison Usher est la nouvelle série horrifique de Mike Flanagan et est inspirée de la nouvelle de Poe du même nom.
Elle retrace le parcours de la famille Usher dont les personnages principaux : Roderick et Madeline, jumeaux, deviennent les riches PDG de l'empire pharmaceutique « Fortunato » en suivant le sombre adage : « La fin justifie les moyens ».
Verna (un démon métamorphe) avec qui ils ont conclu le pacte leur promet une longue vie pleine de richesses et définit les termes du « contrat » : quelques jours avant la mort des jumeaux (qui auront eu une longue vie) elle fauchera toute leur descendance. Par ailleurs, ce qui a été intéressant en ce qui concerne la scénarisation, à mon sens, est que l'on nous met constamment le doute sur l'existence de ce pacte. Ainsi, au fil des épisodes, c'est la même interrogation qui revient : ont-ils, oui ou non, fait un pacte ? Est-ce une malédiction ? Ou une punition divine peut-être ? Ce doute permanent nous tient en haleine et vient ainsi creuser la dimension d'enquête.
C'est à travers une satire sociale, subtilement maitrisée par Flanagan que l'on suit la mort des 6 enfants avides de pouvoir et d'argent.
Les enfants paient donc pour le péché originel de leur père (et de leur tante eadem opera), mais sont aussi, d'une certaine manière, punis pour leurs vices et démesures.
L'ambiance est inquiétante, les personnages de Roderick et Madeline sont sublimes dans leurs nuances (et me font même penser au duo infernal de Macbeth et Lady Macbeth), sans oublier le personnage de Verna qui a su apporter de l'épaisseur, de l'énigme et de la poésie à ce chef d'oeuvre.
Notons également les magnifiques dialogues et surtout monologues si chers à Flanagan (cf. The Haunting of Hill House, The Haunting of Bly Manor et Sermons de minuit) qui amplifient entre autres le tourment, l'angoisse, l'absurde dont souffrent les personnages. En revanche, ces derniers n’éprouvent pas vraiment de remords, ce qui est, pour le moins qu’on puisse dire, troublant.
Je rapporte ici une parole de Madeline qui a tout particulièrement retenu mon attention la plus extrême :
« On a transformé des hommes et des femmes à produire quoi ? Une main d'oeuvre appauvrie destinée à une vie de labeur et à dépenser, à consommer durant leur vie. Et qu'est-ce qu'on leur apprend à vouloir ? Des maisons trop chères pour eux, des voitures qui polluent notre air, des couverts en plastique à usage unique, des vêtements fabriqués par des enfants qui souffrent de la faim dans des pays du tiers-monde. Et ils en veulent tellement, qu'ils nous supplient à genoux, qu'ils ne pensent qu'à ça, qu'ils insistent pour en avoir et c'est NOUS le problème ? Alors qu'eux ces monstres, ces consommateurs, ces beaux parleurs nous pointent du doigt comme si c'était nous le problème ? Mais c'est EUX qui nous ont inventés ! »
Voilà, ce passage résume tout. Tout le monde a une part de responsabilité sur cette balance qui oppose les puissants au reste du monde. C'est la complexité et la nuance que Flanagan met en évidence et non le manichéisme.
Et par dessus tout, c’est l’hypocrisie de l’être qui est mis en lumière.
Les références et les messages sont nombreux. Flanagan ne s'est pas contenté de s'inspirer d'une seule nouvelle de Poe, mais de plusieurs oeuvres pour les avoir lues : « Le Chat noir », « Le Scarabée d'or » et « Le Corbeau » (pour ne citer qu’eux). Cette dernière est un poème narratif qui peint la tristesse du narrateur, seul dans une pièce et qui pleure la mort de sa bien aimée Lenore, un corbeau fait alors irruption et ne cesse de répéter : « Jamais plus » à toutes les questions que lui pose le narrateur dont celle-ci : « Est-ce que je vais revoir Lenore au Paradis ? ». Nous avons exactement la même scène entre Roderick et sa petite fille Lenore.
Et en tant que littéraire, découvrir autant de références aux oeuvres de Poe était tout bonnement génial, le plaisir analytique était à son comble et ne peut qu'accroître la fascination pour l'écriture et le monde terrifiants de Poe, revisités par Flanagan.
In fine, cette oeuvre qui allie drame et horreur, si on y voit une lecture du sacré, peut être à la fois une condamnation de la vanité et une mise en garde contre l'orgueil qui mène à la perdition de l'âme.
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le 24 oct. 2023
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