Camouflaaaaage deeeee BONBONS !

Ah... Cartoon Network. N'importe quel enfant d'antan ou de la nouvelle génération adeptes d'animés pourront repenser à cette chaîne qui nous apporta, et apporte toujours tant de bonheur avec ses séries emblématiques et mémorables.
Le Laboratoire de Dexter, Adventure Time ou plus récemment We Bare Bears, que de joie et de bonne réalisation sur la chaîne des petits et grands enfants.
En parlant des papas du petit génie scientifique, une nouvelle série est disponible depuis Octobre, plus précisément vers la période d'Halloween ( coïncidence ? Je ne pense pas. ). La petite dernière s'intitule " La Forêt de l'Etrange ", et autant vous dire que petits et grands seront comblés.

En effet la date de sortie visée, Halloween 2015, n'est due qu'à peu de coïncidences, c'est ce que nous allons voir immédiatement.
Tout d'abord l'introduction de l'animé débute par une chanson sur un fond de mélodie de piano mélancolique et un livre vient s'ouvrir et nous présenter l'univers ainsi que le chapitre, et donc l'épisode, qui suit. Difficile de ne pas établir un lien avec l'introduction de bon nombre de dessins animés comme Pinocchio des studios Disney, tant cette ouverture est classique, mais ornée de son propre style terriblement efficace.
Nous sommes dans le parfait contraire des génériques d'ouverture des animés Japonais où la musique rock et où les plans nous sont envoyés en pleine figure dans un rythme assez intense. Dans La Forêt de l'Etrange, on prend son temps, et on le fait bien, car on nous conte une histoire.
Tiens d'ailleurs, serait-ce dû au hasard ? Ou Cartoon Network essaierait de nous exposer un univers, une ambiance ?

L'ambiance, parlons-en. Chaque décor ressemble à un tableau dans lequel on a incrusté les personnages. Les paysages sont assez ternes, sombres et désaxés : très clairement, on sent que l'inspiration a été trouvé notamment chez Tim Burton, spécialiste du poético-morbide, tout comme les différentes créatures qui viennent animer La Forêt de l'Etrange ; une bête féroce possédée par une ombre, une cabane abandonnée abritant un homme mystérieux qui accueille des enfants chez lui, ou encore un village entier d'homme-citrouilles aux visages effrayants ( coucou, l'Etrange Noël de Monsieur Jack ! ).
Ce n'est cependant pas tout. L'univers est certes particulier, mais l'œuvre se veut assez Miyazakienne : fini de préserver l'innocence des enfants et de les prendre pour des êtres tellement fragiles qu'ils pourraient devenir des criminels à chaque fois qu'ils regardent Dragon Ball Z, ici on montre la dure réalité et parfois même une certaine vraie violence, que ce soit des tâches d'ordre moral ( être forcé au travail dans les champs pour cultiver des citrouilles afin de se nourrir par exemple ... ) ou tout simplement dans la violence visuelle, qui est ici montrée.
Pas d'effusion de sang ou de membres arrachés pour autant, mais on montre quand même une créature quadrupède se faire broyer dans un moulin. ( Prends ça dans les dents, Disney et ta violence masquée ! )
D'ailleurs, il est judicieux de citer Disney ici, car La Forêt de l'Etrange peut sensiblement nous rappeler Blanche Neige et les Sept Nains, et ses décors effroyables d'arbres morts ou la tour de la Reine, cachot infernal où elle se transforme en horrible sorcière, sujette de traumatisme chez de nombreux enfants tant cette femme est effrayante.
Eh ouais, vous la sentez la préservation de la jeunesse ? Nous sommes complètement en droit de nous poser cette question : " Mais bon sang, est-ce vraiment destiné aux enfants ? ", et croyez-moi que vous vous la poserez au moins une fois au cours des dix épisodes de la saison.

Mais, car il y a toujours un ' mais ', l'animé nous offre un duo de personnage fort attachant qui vient complètement nuancer son univers et adoucir un petit peu cette première approche.
Nous avons donc Wirt, l'aîné, jeune adolescent froussard et peu sûr de lui, et son frère cadet, Greg, un garçonnet aveuglé par le voile de l'insouciance enfantine et un peu ... très ... enthousiaste.
Rien que dans le character design, nos deux protagonistes sont une superposition de formes géométriques : une tête, des oreilles et de gros yeux ronds, un nez et un chapeau triangulaires pour Wirt et un corps tout aussi triangulaire, le tout ressemblant à un lutin, autre créature fantastique de nombreux contes pour enfants. Greg, lui, possède quasiment exclusivement des formes rondes, mise à part son couvre-chef-théière, qui vient immédiatement donner le ton concernant son potentiel humoristique.
Et quel humour ! Il suffise que le plus petit des héros ouvre la bouche pour qu'un sourire en coin apparaisse sur les lèvres du spectateur, que vous soyez sensible à l'humour absurde, ou que vous soyez simplement charmé par ce petit garçon innocent. Nous avons au final un duo aux caractères bien contradictoires, un grand frère en pleine crise d'adolescence et angoissé, et son petit frère complètement dans son monde, absolument détaché de la réalité du danger qui l'entoure.
Ce duo contrasté s'intègre parfaitement dans l'univers, également nuancé comme nous en avons parlé plus haut, et leurs animations de qualité viennent encore renforcer une réalisation impeccable.

D'ailleurs, en y regardant de plus prêt, ce mélange de décor/peinture et personnages géométriques animés peuvent rapidement faire penser à un livre pop-up, ces livres généralement pour enfants dont les pages contiennent des mécanismes développant en volume ou mettant en mouvement certains de leurs éléments.

Pour en finir avec La Forêt de l'Etrange, c'est avec un plaisir certain que vous vous laisserez submerger par son univers particulier, mais parfaitement bien maîtrisé, mêlant à la fois inquiétude et humour qui fait mouche.
Une jolie série qui vaut, en tout cas, grandement la peine d'être regardée par petits et grands, et il est certain que les moins enfants d'entre vous y trouvent leur compte.