Quand On te Vend du Vide

Une petite fille disparaît en 1999 et un policier se tue à la tâche pour prouver que c’est un prédateur sexuel, que lui seul soupçonne. Vingt ans plus tard, sa fille se retrouve avec une affaire similaire et les mêmes soupçons concernant la même personne. Cette fois-ci, elle n’a plus le droit à l’erreur…

L’histoire est correcte, notamment avec un début prometteur et une fin décevante. Les interprètes sont aussi excellents et la réalisation est top-issime, surtout quand on sait qu’ils ont dû interrompre le tournage à cause du confinement de mars 2020 et qu’ils n’ont pu reprendre… qu’en juillet, lorsqu’il faisait 41°c. Je ne vous raconte pas le courage des acteurs !
Mais Dieu, ce que c’est cliché ! Alors, attention, ce sont, pour la plupart, des clichés bien ficelés qui passent bien ! Mais ça en fait une mini-série TF1 très lambda. Et c’est dommage parce que ça aborde un sujet sensible et très intéressant.
En fait, le problème, c’est que les enjeux ne fonctionnent pas. Le principal est le cliché du flic qui fait cavalier seul parce qu’il tient une piste et que personne ne la croit crédible. Alooooorrrrss-euh… si en 1999, il paraît crédible que le personnage d’Olivier Marshall ait l’air un peu à l’ouest avec ses théories fumeuses, vingt ans plus tard, ce n’est tout bonnement PAS POSSIBLE SAUF SI LES FLICS SONT DES CONS ! Vu le contexte actuel, certains seront peut-être tentés de me sortir avec sarcasme que ça existe mais là n’est pas la question : que, faute de preuves, des policiers préfèrent suivre la piste du suspect sans alibi plutôt que celui du suspect qui a un alibi aussi faible que celui de sa petite copine, soit ! mais que, vingt ans plus tard, ils refusent de remettre en question leur enquête alors qu’il y a des PREUVES ADN qui relient le suspect avec le faible alibi à l’enquête et qu’il a été clairement établi que le suspect est FORCEMENT un prédateur sexuel avec une LONGUE EXPERIENCE, NON ! CE N’EST PAS CREDIBLE !
Du coup, si CET élément principal ne fonctionne pas, tout ce qui tourne autour de cet élément ne fonctionne pas non plus. Le suspect se fracasse le crâne pour jouer avec les nerfs de la fliquette et la faire dessaisir du dossier ? C’est d’un prévisible sans nom qui rend le personnage de Sofia Essaïdi complètement con. La fliquette a une sœur qui est en taule ? Comment se fait-il que personne ne le sache ? La fliquette a eu un relation amoureuse avec le gars accusé à tort ? Et bien elle va recommencer plus tard même si ça met en danger son enquête !
Comment voulez-vous avoir de la sympathie pour le personnage et croire sincèrement que les autres sont contre lui quand visiblement ce sont les deux camps qui se comportent comme des crétins ?
De plus, plus on avance dans la série, plus on se rend compte qu’ils n’assument pas la « violence » qu’ils promettaient avec cette série. On parle quand même d’enlèvement avec probable meurtre d’enfant ! Et bien, plus les épisodes arrivent, plus on sent que les producteurs vont se dégonfler et noyer le poisson en atténuant la violence qu’un tel crime peut engendrer ! La preuve en est on se perd dans une histoire de trafic que de portables nullissime… puis on a le droit à cette conclusion clichée et franchement bancale, quitte à nous faire (et c’est un comble) oublier qu’il y a quand même probablement un pédophile qu’ils ont arrêté (et deux ou trois incohérences dans le tas) !
La fin est A-TRO-CE ! Un rebondissement à la con typique de TF1 comme j’en ai rarement vu d’aussi mal abouti ! Je m’y attendais, évidemment, mais ça me rend quand même furieuse quand on voit à quel point ils se sont tirés une balle dans le pied avec ce traitement ! Ils n’ont même pas eu les couilles de garder l’histoire de la pédophilie jusqu’au bout ! A la place, on a le droit à un classique « c’était un accident et je me suis fait chier à créer un scénario alambiqué parce que j’avais peur qu’on ne me croit pas »… enfin, vous vous foutez de ma gueule ! Surtout que, du coup, avec les flashbacks, on ne voit jamais quel est le cheminement d’Olivier Marshall dans son enquête ! Un comble pour comprendre comment se recoupent toutes les intrigues ! Sans parler du fait, que le hasard fait quand même bien les choses quand : dans la même région où habite un pédophile en sommeil, un meurtre a lieu, mais c’est pas lui, alors qu’il en kidnappe d’autres et vingt ans plus tard, il commet la connerie d’en enlever une au même endroit, tant pis si c’est l’élément qui permet de rouvrir l’enquête dans laquelle il était le deuxième suspect, ce qui entraîne l’enlèvement d’une troisième gamine pour JUSTEMENT camoufler le vrai meurtre ! Et alors ce qui a fini de m’énerver au possible, ç’a été la justification du pourquoi on n’a pas retrouvé le cadavre en vingt ans. C’est… aaaaahhhhh ! C’est du double foutage de gueule !
Vraiment !
Et vous savez le pire ? C’est que toute la série est franchement dommage parce que le pitch était assez bon ! Mais là… Merde quoi, c’est pas du bon boulot, ça !
PS : le pire, c’est quand j’ai vu le suspect dans la chronologie moderne, j’ai vraiment espéré que ce soit un pur hasard ! Mais non, à quoi ça sert d’introduire un personnage secondaire si on ne l’utilise pas à fond dans une série française ?!