Critique complète sur mon blog : « La réceptionniste Pokémon » d’Ogawa Iku et Netflix : ne pas confondre détente et platitude !
Toi qui es un spectateur/joueur/collectionneurs de longue date avec la franchise Pokémon, n’es-tu pas un peu lassé de la même formule des jeux vidéos et de l’animé en lui-même ? Marre de voir Sacha et ses amis se faire avoir comme des grosses nouilles par les pièges à deux berry de la Team Rocket ? Marre de devoir repasser par le même starter de départ avec la triade feu/eau/plante ? Marre de devoir suivre le même objectif avec les 8 badges d’arènes et une team machiavélique à renverser alors que t’incarnes un môme de 10 balais seulement ? Et bien tu n’es surement pas le seul, puisqu’avec le temps il y a eu des essais très récents comme plus anciens de varier la formule avec la licence de Game Freak.
En fait on peut remonter à 1999 puisqu’un jeu différent des Pokémon Stadium a vu le jour : Pokémon Snap, ou tu suis un parcours prédéfini afin de photographier des Pokémons dans leur milieu naturel en travaillant l’angle, la situation et surtout en prenant le Pokémon en photo dans une pose qui le met en valeur avec un bon décor. Et c’était accessoirement un jeu de sadique vu qu’on pouvait maltraiter ces pauvres créatures en leur balançant des pommes ou des poké-gaz dans la tronche pour immortaliser leur souffrance (mort à ceux qui ont maltraité Goupix ou un Galopa de cette façon ou fait exploser un Electrode).
Et rebelote avec New Pokémon Snap en 2021 qui lui est clairement supérieur : plus d’environnement, plus de Pokémon avec un meilleur travail sur leur intégration dans l’environnement, la possibilité de jouer en cycle nocturne, une customisation sympathique pour les gros Pokéfans, des musiques chill, bref c’est un jeu détente très agréable pour peu qu’on aime se laisser guider… et balancer des fruits ou leur gazer la gueule pour les gros sadiques.
Autrement, Pokémon a aussi eu droit à d’autres tentatives plus ou moins honorables que la formule habituelle en près de 27 ans d’existence : des jeux d’arènes avec des connexions aux consoles portables pour une expérience optimale, des aventures proposant des éléments d’intrigues plus sombre et louable comme Pokémon Colosseum sur Game Cube ou le très curieux Pokémon Legend Arceus sorti en 2022, des party games comme PokéPark, un jeu de combat avec Pokémon Tournament DX (qui aurait pu être génial si les développeurs avaient vraiment optimisé et bosser le gameplay et les possibilités avec les principaux Pokémon), des remakes de gros escrocs comme les Let’s Go Pikachi et Evoli, et parfois des daubes que tout le monde a préféré oublier comme Pokémon Channel… de toute façon Pokémon Platine reste le meilleur de tous et pis voilà.
Du côté de la télévision (les films, on en parlera une autre fois), la série Pokémon a connu une incroyable longévité jusqu’à maintenant en allant bien au-delà de 1000 épisodes pour chacune des générations jusqu’à dernièrement ou on a eu des séries au intertitres variés. Perso j’ai insisté jusqu’à la très bonne quatrième génération avant de lâcher le morceau parce que, voir Sacha, Aurore et Pierre se faire pigeonner comme des couillons par un énième déguisement débile de la Team Rocket et réapprendre ce que le spectateur ou gamer sait déjà… faut trouver un nouveau mot parce que redondant, ça suffit plus.
On a eu une tentative de rendre hommage à la première génération en voulant se rapprocher de la formule initiale du jeu avec « Pokémon Les origines » mais hormis un joli upgrade graphique, je trouve que ça ne fonctionnait tout simplement pas car ça me ramenait à ma condition de gamer (et perso j’en ai un peu ras la casquette de la génération 1 qui n’a rien d’intouchable). Et quand je regarde une adaptation de jeu vidéo, je veux pas avoir la sensation de jouer à un jeu vidéo, mais de voir une série. On a aussi eu Pokémon Générations qui adaptaient plusieurs épisodes des jeux vidéos en allant même au-delà des 4 premières générations Pokémon, bien animé en principe en plus d’être un bonbon agréable pour les fans des jeux, même si le point de vue reste assez enfantin dans l’ensemble.
Après, il faut savoir que les dernières saisons « classiques » de Pokémon ont été divisés via divers noms, notamment celle concernant la région d’Alola ou il me semble que ça a débuté. Du coup difficile de s’y retrouver quand on n’a pas suivi la série depuis un bail comme moi, ou qu’on s’en est lassé. Par contre, les dérivés ne manquent pas et l’une des dernières en date s’avère être un animé en stop-motion propice à un animé chill et détente qui avait tout pour changer de ton et proposer une vision très éloignée des combats Pokémon et même de redécouvrir, d’un autre point de vue, la relation humaine/Pokémon dans un environnement plus propice à la relaxation avec des enjeux autre que simplement récolter des badges. Seulement… nous allons vite constater que cette bonne volonté en apparence ne vaut malheureusement pas grand-chose dans la pratique avec cette série fraîchement sortie sur la plateforme Netflix pour les fêtes de fin d’année 2023.
« La réceptionniste Pokémon » ou « Pokémon Concierge » de son titre original, suit le quotidien de Haru : une citadine ayant connu plusieurs déboires d’ordre intimes et professionnels en peu de temps et qui a choisi de partir sur une île où se trouve un hôtel Pokémon afin de changer d’atmosphère, se refaire une santé et surtout de délaisser ses mésaventures quotidiennes. Une fois sur place, elle sera accueillie par un personnel composé d’une responsable en la personne de madame Watanabe, d’Alyssa une employée à temps partiel et d’un coach fitness insouciant du nom de Tyler. Et avec eux, elle apprendra à lâcher prise et à apprécier la simplicité d’un quotidien sous le signe du repos.
Dans les faits, j’apprécie ce que Pokémon Concierge tente de proposer sur le papier avec un environnement propice à la relaxation, et à la déconnexion de la société pour son bien-être. D’autant que le cadre choisi a tout d’une ambiance vacancière avec cette île hawaïenne, la liberté de mouvement dont jouissent les Pokémons traités d’égal à égal avec les clients humain, et surtout les quelques moyens qu’on voit en œuvre pour permettre aux Pokémon à problèmes de vivre paisiblement leur quotidien. Et visuellement, c’était plutôt bien partie.
En matière de stop-motion, c’est plutôt de bonne facture pour une production streaming légale : si on occulte la désagréable sensation de voir des poupées animées à la main dés que l’on voit Haru ou Alyssa de profil de haut en bas ou sous plusieurs angles, l’île de l’hôtel Pokémon est très plaisant à contempler et les animateurs ont fait un très joli taf sur le rendu des Pokémon avec ce côté pelucheux sur certains (Fouinar, Evoli et Psychokwak qu’on a envie de cajoler ❤ ) ou plus lisse et ferme pour d’autres (Gobou), parfois un sens du détail qui surprend comme pour un Leviator qui fera un petit caméo. Et j’apprécie l’idée de ne pas faire dire au Pokémon leur propre nom pour un souci d’authenticité, afin qu’on les rapproche davantage d’animaux à conscience proche de l’homme plutôt que de les faire passer pour des jouets permanent tentant de faire rentrer leur nom à la manière d’un gant de boxe cognant sur notre crâne.
Mais voilà, le souci c’est que la bonne volonté de cette série, elle s’arrête là. Parce qu’il a exactement le même problème que la plupart des tentatives Pokémon ayant voulu s’émanciper de la licence de base avec d’autres propositions : c’est que ça ne va pas très loin… mais là c’est encore plus frustrant et même encore plus ridicule puisque depuis que j’ai fini cet animé, j’ai la désagréable sensation que La réceptionniste Pokémon n’est qu’un échantillon de projet qui a été soit mis de côté pour plus tard, soit avorté parce qu’on lui a pas donné les moyens requis et ça se voit autant que ça se sent, et ça fait pas du tout du bien.
Premièrement, détente ou pas, rien n’excuse d’avoir de nouveau des personnages aussi creux que le fond d’un abîme : Haru la première dont le séjour sur l’île de l’hôtel Pokémon ne nous apporte jamais rien de plus que quelques moments mignonnets avec les créatures de l’île, et ne tente jamais de se pencher davantage sur le pourquoi de sa venue sur l’île alors que le prologue de 30 secondes à l’épisode 1 laissait quand même quelques pistes (on va oublier les histoires de chaussures qui marchent dans du chewing-gum, on s’en fiche…). ‘fin je sais pas, ça aurait coûté quoi, par exemple : d’en apprendre plus sur le petit copain qui l’a largué ? Sur sa meilleure amie qui a démissionné au boulot ? Ses projets professionnels ? J’ai conscience que les séries Pokémon sont plus des pubs qu’autre chose mais ça serait trop demandé de s’intéresser davantage à l’humain aussi au lieu de se limiter à une autre forme de campagne marketing ? L’animé fait plus d’effort de ce point de vue là alors que nos héros sont cons au point de se faire leurrer par la Team Rocket 99% du temps.
C’est pas vraiment le reste du staff de l’hôtel Pokémon qui va rattraper les meubles puisqu’il se limite à 3 personnes : une directrice, une employée à temps partiel et un agent d’entretien/prof de fitness qui n’ont que trop peu de personnalité pour qu’on s’en souvienne (sauf peut être le design de Tyler qui me fait un peu penser à Raymond Rocket dans la série animée « Rocket Power »… personne va avoir la référence nom de Dieu). Difficile de retenir grande chose côté interaction, même pour un univers réduit se limitant à une île je ne trouve pas ça normal de faire si peu. Et non le fait que ça soit une série détente ne signifie pas que les créateurs ne doivent pas s’engager.
En plus de cela, et c’est là que je me suis demandé si c’était sérieux ou si il y avait pas eu un problème dans l’engrenage de la production : la série est courte à un point ou ça en est blasant, même pour un animé détente avec seulement 4 épisodes qui ne font même pas 20 minutes. En moyenne, un épisode standard d’animé japonais dure toujours à peu près 20 minutes si on ne compte pas les génériques d’ouverture et de fin, c’est une convention établie depuis des dizaines d’années pour suivre un bon rythme épisodique et ça ne se limite pas qu’à nos voisins nippons, en Amérique avec les shows animés Disney ou autre, la durée moyenne est de 20 minutes sans compter les génériques.
Sauf que là, on n’a même pas de générique d’ouverture, juste un titre qui apparaît et une transition de mi-épisode et l’épisode 3 qui se focalise sur la recherche d’une bouée accidentellement perdue par un Magicarpe qui ne sait pas nager (… pas très passionnant tout ça) ne dure même pas 10 minutes sans le générique de fin. J’arrive pas à comprendre à quel moment « Pokémon Concierge » a pu être validé par le comité de production avec un contenu aussi minimaliste, et surtout aussi peu de proposition pour un concept ou il y avait moyen de s’exprimer autrement sur cet univers. Peut-être pas en faisant de « La réceptionniste Pokémon » une série de 20 épisodes vu l’idée de départ, mais au moins une douzaine pour bien mettre dans le bain avec une durée régulière… là y’a que des miettes.
Et je dis des miettes mais : autant Haru qui découvre le quotidien de l’île au premier épisode, ok ! Cela permet de mettre la nouvelle venue dans l’ambiance, dans un souci de bien-être et surtout de relâchement nécessaire dans son nouveau travail afin de mettre les Pokémons et client humains dans le même état lorsqu’ils viennent se ressourcer à l’hôtel et sur l’île. Mais quelqu’un peut m’expliquer l’intérêt de suivre Haru et Psychokwak chercher une bouée pour Magicarpe ? Et vu la durée de l’épisode, j’suis sûr qu’ils le savaient que ça serait anecdotique en plus.
Et à vrai dire, je suis plus fatigué que réellement frustré parce que ça n’est pas la première fois qu’un dérivé de Pokémon me laisse déçu ou sur le rebord de la route car elle témoigne d’un problème inhérent à la licence : son incapacité à prendre des risques, à pleinement sortir de sa zone de confort, à chercher un autre public en dehors des nostalgiques ou des enfants, et surtout à proposer de redécouvrir sa licence après près de 27 ans d’existence.
C’est le même constat sur tous les plans : en animé j’ai cessé depuis longtemps car ça me fatiguait de voir une publicité s’enfoncer dans le ridicule de sa situation et sa redondance. En jeu vidéo même avec les variantes des derniers jeux à une ou deux exceptions, je suis fatigué de devoir exploiter les Pokémons par le combat plutôt que de créer vraiment des relations avec eux autrement et de découvrir réellement leur faune et leur flore. Et en film et série je suis fatigué de voir que même avec un film comme Détective Pikachu, le tout reste plat et si prévisible même pour une licence à destination du jeune public et des enfants de la fin des 90’s. Et que même une série de détente réussisse l’exploit de paraître insignifiante à un point ou il y a de quoi s’inquiéter.
C’est pas de la haine mais de la fatigue car j’ai aussi grandi avec cette licence et j’en ais des bons souvenirs. Mais entre ça, la pauvreté graphique et les dernières générations qui battent de l’aile, un film Détective Pikachu qui fait plus office de Mary Poppins du Dimanche chez Pokémon qu’autre chose, et une série de détente d’un creux profond qui continue de perpétuer le manque d’audace ou de volonté de varier la vision d’une licence, j’avoue que je suis plus blasé qu’autre chose à la longue. Et si de nouveaux épisodes sont bel et bien prévu, c’est décidé : je les regarderais pas, surtout si il y a aussi peu d’engagement dans le fond alors que la forme laissait enfin une possibilité de proposer du neuf avec une licence qui fêtera ses 30 ans d’ici quelques années.