Un récit d’inclusion rafraîchissant et émouvant

(8.5/10)

Latecomers, la série australienne qui aborde la vie de deux jeunes adultes en situation de handicap, est une œuvre à la fois authentique, touchante et pleine d'humour. Diffusée sur SBS On Demand, cette série co-créée par Emma Myers et Angus Thompson, avec des épisodes dirigés par des talents tels que Alastair Bates et Nina Oyama, met en scène des personnages confrontés à des réalités rarement explorées à l’écran, tout en offrant un regard sincère et rafraîchissant sur la quête d’indépendance, d’amour et de sexualité des personnes handicapées. Latecomers parvient à s’imposer comme une série qui, tout en offrant une représentation inclusive et positive des personnes en situation de handicap, ne perd jamais de vue le cœur universel de ses thématiques : l’humanité et le désir de connexion.

Au centre de Latecomers, on trouve Frank et Sarah, deux jeunes adultes qui vivent avec des handicaps physiques et qui aspirent à la même chose que tout le monde : l'amour, l'amitié, et un sentiment d'appartenance. Frank, incarné par Angus Thompson, est un personnage au charme indéniable, mais aussi à l’humour acerbe et souvent provocateur. En dépit de ses tentatives pour masquer ses insécurités derrière des plaisanteries cyniques, Frank est profondément vulnérable. Il rêve d'avoir une vie amoureuse épanouie, mais ses relations sont souvent entravées par les préjugés que les autres portent sur son handicap. Quant à Sarah, jouée par Hannah Diviney, elle est une jeune femme déterminée, ambitieuse et pleine de vie, mais qui lutte elle aussi pour trouver sa place dans un monde qui n’est pas toujours fait pour elle.

La dynamique entre Frank et Sarah est l’une des forces majeures de la série. Leur relation, tantôt conflictuelle, tantôt tendre, évolue tout au long des épisodes. Ce duo est un reflet de la complexité des amitiés, surtout lorsqu'elles sont façonnées par des réalités aussi uniques que celles du handicap. Ensemble, ils forment un couple d’amis qui se soutiennent mutuellement tout en se confrontant parfois à leurs propres limitations. Latecomers ne cherche pas à peindre leurs vies en noir et blanc ; les deux personnages sont à la fois vulnérables et forts, drôles et tristes, ce qui les rend extrêmement humains et attachants.

L'un des aspects les plus notables de Latecomers est la manière dont elle aborde le handicap de manière à la fois honnête et décomplexée. Plutôt que de présenter le handicap comme un obstacle insurmontable ou de tomber dans des représentations victimisantes, la série choisit de montrer les personnages dans toute leur complexité, en mettant l'accent sur leur autonomie, leurs rêves, et leurs désirs. L’accent est mis sur l'individu, plutôt que sur son handicap, ce qui permet de créer des personnages riches et nuancés, dont les vies ne se limitent pas à leur condition physique.

La série réussit également à explorer des thèmes souvent négligés dans les récits mettant en scène des personnages handicapés, notamment la sexualité et la romance. Frank et Sarah, comme tout le monde, aspirent à l’intimité et à la connexion, mais ils se heurtent fréquemment aux perceptions erronées de la société, qui tend à les infantiliser ou à ignorer leur besoin d’épanouissement personnel et amoureux. Ces scènes, traitées avec humour et légèreté, permettent à la série de normaliser les expériences sexuelles des personnes handicapées, tout en soulignant la complexité des interactions sociales qu’elles rencontrent au quotidien.

Ce qui est particulièrement frappant, c’est que Latecomers ne cherche jamais à dramatiser le handicap de manière excessive. La série reconnaît les défis auxquels ses personnages sont confrontés, mais elle les traite avec une légèreté et une sincérité qui reflètent l’importance de l’humour dans la résilience humaine. Frank et Sarah se battent pour vivre leur vie comme ils l’entendent, et leur handicap est un élément de cette lutte, mais il n’est jamais l’unique moteur de leurs récits.

L’humour est une composante clé du succès de Latecomers. Le ton léger et souvent sarcastique de la série aide à désamorcer des situations potentiellement délicates, tout en permettant d’aborder des sujets complexes sans les rendre trop pesants. Les échanges entre Frank et Sarah sont souvent ponctués de répliques piquantes et drôles, qui révèlent à la fois leur complicité et leur capacité à naviguer dans un monde parfois hostile avec un certain détachement. Cet humour fonctionne non seulement pour alléger l’atmosphère, mais aussi pour rendre les personnages encore plus réalistes et attachants.

Cependant, Latecomers ne se contente pas d’être une comédie. La série sait également prendre le temps de creuser des moments de vulnérabilité et d’émotion, en particulier lorsqu’elle aborde les frustrations et les peurs de ses personnages. Qu'il s'agisse du rejet social ou de la solitude, les thèmes plus sérieux sont traités avec une sensibilité qui permet de toucher le spectateur sans jamais sombrer dans le mélodrame. L’équilibre entre humour et émotion est parfaitement maîtrisé, ce qui rend la série profondément humaine.

La mise en scène de Latecomers est volontairement discrète, laissant toute la place aux personnages et aux dialogues pour briller. La réalisation est sobre, sans fioritures inutiles, mais elle parvient néanmoins à capter l’essence des moments les plus importants avec une précision remarquable. La caméra s’attarde souvent sur les expressions des personnages, capturant ainsi leurs émotions intérieures de manière subtile et efficace. Les décors, principalement urbains et contemporains, renforcent cette impression d’immersion dans un quotidien où les personnages naviguent entre autonomie et dépendance.

Les moments de silence, souvent utilisés dans la série pour illustrer la réflexion ou la solitude des personnages, sont particulièrement bien exploités. Ces scènes, où le non-dit en dit long, permettent de comprendre les doutes et les aspirations des protagonistes sans avoir besoin de mots. C’est dans ces instants que Latecomers dévoile toute sa puissance émotionnelle, en donnant au spectateur le temps de se connecter aux personnages et de comprendre leur complexité.

Au-delà de ses qualités narratives et de ses personnages attachants, Latecomers est une série qui interroge directement la question de la représentation des personnes handicapées dans les médias. En offrant à Frank et Sarah des histoires d’amour, d’amitié, de désir et d’ambition, la série brise les stéréotypes traditionnels et offre une représentation bien plus nuancée et réaliste de la vie avec un handicap. Elle montre que les personnes handicapées ne sont pas définies par leur condition, mais qu'elles ont des vies riches, complexes et pleines de défis qui ne sont pas différents de ceux que rencontrent les autres.

La série, en mettant en avant des acteurs handicapés dans des rôles principaux, est également un pas en avant en matière de diversité à l’écran. Ce choix de casting, couplé à un scénario qui évite les clichés, permet à Latecomers de proposer une perspective rare et nécessaire sur des sujets qui sont encore trop souvent invisibilisés dans les productions grand public.

Latecomers se démarque comme une série à la fois rafraîchissante et profondément émouvante, qui aborde le handicap avec une honnêteté, une légèreté et une humanité remarquables. Grâce à ses personnages attachants, ses dialogues incisifs et son mélange parfaitement équilibré d’humour et d’émotion, la série parvient à traiter des sujets rarement explorés à l’écran, tout en restant accessible et universelle.

Les parcours de Frank et Sarah rappellent que l’humanité transcende les étiquettes, et que les personnes handicapées, comme tout le monde, aspirent à l’amour, à l’amitié et à la reconnaissance. Latecomers nous montre qu'il est possible de raconter des histoires inclusives sans les réduire à des clichés ou à des récits de souffrance, et qu’il est temps d’accueillir plus de diversité dans nos récits télévisuels. Une série touchante, drôle et nécessaire, qui réussit à faire tomber les barrières tout en offrant un divertissement de grande qualité.