Certains ne verront dans cette anthologie qu'un fait divers de plus, 8 épisodes à binge-watcher.


Pour ma part, j'ai été bouleversée par cette histoire qui m'a littéralement tenue en haleine, autant qu'elle m'a coupé le souffle. Je n'en suis pas sortie indemne, tant j'ai été bouleversée par cette histoire tragique : celle d'un calvaire.


Je connaissais cette histoire fort médiatisée de ces deux jeunes frères ayant assassiné leurs parents en 1989, dans des circonstances que la série est venue éclairer avec brio et une grande finesse psychologique, non sans un parti-pris évident, mais nécessaire.


Cette série prend en effet le parti de raconter la vérité de Lyle et Erik Menendez, deux jeunes hommes d'une famille vivant dans une demeure cossue sur les hauteurs de Beverly Hills. Promis en apparence à un brillant avenir, ils décident un soir funeste d'août 1989, d'abattre leurs parents de plus d'une dizaine de coups de fusils.


La police, choquée par la rare violence de la scène de crime, ne prend pas la peine de vérifier les éventuelles traces de résidus de poudre sur les mains des deux jeunes hommes, qui auraient découvert le corps sans vie de leurs parents, au retour d'une soirée passée au cinéma. Un temps, la mafia est suspectée d'avoir commandité ce double meurtre, en raison des connexions professionnelles du père, Jose Menendez, PDG d'un label de musique.


Mais très vite, les deux jeunes hommes avouent leur crime, trahis par leur train de vie dispendieux au lendemain du décès de leurs parents et par le peu scrupuleux Dr Jerôme Oziel, psychiatre auquel ils ont eu le malheur de confier leur terrible secret. Tant pis pour le sacro-saint privilège docteur/patient : Lyle et Erik se retrouvent sur le banc des accusés.


Dick Wolf et son équipe ont eu l'ingéniosité de proposer un déroulé subtil, pour raconter ce qui a conduit les jeunes frères à commettre cet acte de prime abord incompréhensible. Chaque épisode est comme une pierre ajoutée à l'édifice de l'effroyable histoire des deux frères Menendez et permet peu à peu d'éprouver de l'empathie, d'entendre et voire même, de comprendre ce qui les a conduit à commettre l'irréparable.


En effet, il n'est pas simplement question de retranscrire leurs procès, mais de raconter par le menu détail le calvaire vécu par Lyle et Erik. Comme le dit fort justement leur avocate en ouverture de sa plaidoirie : ce qui compte, ce n'est pas tant le "quoi" (les meurtres), mais le "pourquoi" (ce qui a conduit à commettre l'impensable) : la dimension psychologique de la série est déterminante pour appréhender avec justesse tous les enjeux de ce drame.


Peu à peu, se présente sous nos yeux l'histoire insoutenable de Lyle et Erik, abusés psychologiquement, physiquement et sexuellement par leurs deux parents, dès leur plus jeune âge. A cela s'ajoutent de terribles menaces de mort réitérées par le père, pour justifier le maintien du secret et le pouvoir absolu qu'il exerce sur eux.


Une profonde détresse psychologique, un manque absolu de repères, une vie dénuée de sens, un ressenti de danger permanent ... deviennent tout autant d'éléments propices à les faire penser que leur vie est en jeu : c'est leur vie ou celle de leurs parents.


La construction des épisodes, qui repose donc à la fois sur le volet légal et le volet psychologique, permet de développer une réelle empathie pour ces deux jeunes hommes, à la lueur de leur histoire au-delà du tragique. Le comportement plus qu'hostile du juge, qui - par des décisions insensées - resserre l'étau autour d'eux, ajoute un sentiment de suprême injustice (sic !), dans cette histoire déjà très lourde.


Le premier procès ayant conduit à une impasse, un second procès se tient, mais désormais sans possibilité de mentionner les abus dont ils ont été victimes.


Une aberration et une abomination, qui conduisent inexorablement vers une conclusion des plus douloureuses, comme une (in)juste continuité de l'histoire marquée au fer rouge des frères Menendez.

Glaminette
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le 19 mars 2018

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