Le paroxysme
Cette série est éprouvante. Harassante. Elle agresse le cerveau en continu avec ses gags absurdes et/ou stupides qui déboulent toutes les cinq secondes. Ah vous aimez rire hein ? Ah vous regrettez...
Par
le 17 mars 2013
25 j'aime
2
Le cœur a ses raisons, c’est un peu comme si un soap opéra classique avait mangé un clown québécois et décidé que rien n’était jamais trop dramatique. TVA nous livre ici une parodie tellement exagérée des feuilletons américains qu’elle en devient un genre à part entière, où chaque regard langoureux, chaque révélation choquante, et chaque réplique surjouée fait grimper l’hilarité plus haut qu’un brushing de Lassaigne.
L’histoire tourne autour de la riche famille Montgomery, et si ce nom vous rappelle quelque chose, c’est bien volontaire. On est dans un univers où tout est cliché : des secrets de famille invraisemblables, des trahisons au goût de déjà-vu, des amours impossibles… sauf qu’ici, on pousse chaque cliché au-delà du raisonnable. Les personnages sont tellement caricaturaux qu’ils semblent presque sortir d’un manuel du "comment surjouer en trois leçons". Et c’est précisément ce qui rend la série irrésistible.
Au cœur de ce chaos familial, on retrouve Criquette Rockwell et sa sœur jumelle Ashley, deux personnages interprétés par la même actrice, Anne Dorval, avec une intensité qui fait passer Dynastie pour un documentaire sur les cactus. Criquette, ingénue naïve au cœur tendre, arbore des expressions faciales aussi théâtrales que ses monologues, tandis qu’Ashley, son alter ego sombre, est un concentré de perfidie avec des rires machiavéliques qui semblent sortis d’un dessin animé. Et c’est là tout le génie de la série : le fait de jouer avec les codes du soap opéra au point où même les sourcils semblent faire partie du scénario.
Les autres personnages ne sont pas en reste. On a Brett Montgomery, le séducteur au sourire charmeur, prêt à draguer tout ce qui bouge avec une assurance désarmante, mais aussi Brenda Montgomery, la tante mystérieuse avec un passé trouble qui serait choquant… si on pouvait y croire une seconde. Chacun d’eux incarne un stéréotype tellement exagéré qu’ils en deviennent de véritables figures comiques, au point qu’on ne sait jamais s’ils vont éclater en sanglots ou simplement éclater de rire.
Le vrai charme de Le cœur a ses raisons, c’est cette capacité à multiplier les intrigues farfelues avec un sérieux déconcertant. Une amnésie subite ? Bien sûr. Un échange de jumeaux ? Évidemment. Une déclaration d’amour enflammée au sommet d’une falaise en carton ? Ça va de soi ! On nage ici dans un univers où la logique n’existe plus, où le décor peut changer de manière absurde d’une scène à l’autre, et où les dialogues sont si absurdes qu’on se demande parfois si les scénaristes n’ont pas inventé une nouvelle langue du mélodrame.
Visuellement, la série renforce cette atmosphère kitsch avec des décors volontairement cheap et des costumes exagérés, rappelant les pires (ou meilleures ?) heures des soap operas américains des années 80. Les tenues sont aussi colorées qu’invraisemblables, et les coiffures ressemblent à des œuvres d’art capillaires qui défient la gravité. Chaque scène est un tableau vivant de ce que le mélodrame a de plus déjanté, et même la musique d’ambiance semble sortie d’un mauvais film d’amour, avec des violons qui surgissent à chaque déclaration intense.
Mais ce qui rend Le cœur a ses raisons véritablement unique, c’est son humour qui repose sur la parodie pure et dure. La série ne se contente pas d'imiter les codes du soap opéra, elle les déforme jusqu’à l’absurde, avec une auto-dérision qui fait mouche. Les acteurs semblent s’amuser autant que le public, jouant chaque scène avec une gravité digne d’un Oscar, même quand l’intrigue concerne des amours interdits entre cousins ou des révélations de secrets de famille complètement farfelus. L'absurde est tel que chaque épisode devient une sorte de chef-d’œuvre du non-sens, où l’on rit autant des situations que de l'engagement des personnages à faire comme si tout cela était parfaitement normal.
Cependant, pour ceux qui ne sont pas familiers avec les codes du soap opéra, certains gags pourraient passer à côté. L’humour repose tellement sur la parodie des clichés que, sans référence, on pourrait manquer l'intention derrière l’exagération. Mais pour tous ceux qui ont déjà vu un soap, le moindre haussement de sourcil de Criquette ou l’intensité dramatique d’Ashley est une invitation à rire aux éclats.
En résumé, Le cœur a ses raisons est une pépite d’humour absurde qui s’amuse à détruire avec amour le genre du soap opéra. Si vous adorez les intrigues rocambolesques et les personnages plus grands que nature qui plongent tête baissée dans des histoires invraisemblables, cette série est faite pour vous. Préparez-vous à des répliques cultes, à des scènes qui défient toute logique, et à un niveau de mélodrame qui frôle l’hystérie. Dans le monde de Le cœur a ses raisons, rien n’a de sens, et c’est justement ce qui fait tout son charme.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures séries de 2005
Créée
hier
Critique lue 3 fois
D'autres avis sur Le cœur a ses raisons
Cette série est éprouvante. Harassante. Elle agresse le cerveau en continu avec ses gags absurdes et/ou stupides qui déboulent toutes les cinq secondes. Ah vous aimez rire hein ? Ah vous regrettez...
Par
le 17 mars 2013
25 j'aime
2
Peu de séries m'ont autant fait rire. Au moins sur les deux premières saisons. La note ne vaut que pour celles-ci. La troisième saison, poussive, ne vaut pas réellement le détour. L'absurde canadien...
Par
le 4 oct. 2010
11 j'aime
1
La parodie du petit écran porte un nom, elle s'appelle Le Coeur à ses Raisons et elle nous vient du pays des caribous ! Heureux qui comme Marc Brunet à eu la bonne idée de parodier les soaps...
Par
le 6 oct. 2013
9 j'aime
8
Du même critique
Weeds, c’est un peu comme si quelqu’un avait pris le concept de la mère de famille modèle de banlieue, lui avait mis un sac à dos rempli de marijuana, et l’avait lâchée dans une jungle de...
hier
1 j'aime
Esprits Criminels, c’est un peu comme si quelqu’un avait pris une équipe de détectives, les avait équipés de manuels de psychologie, et les avait lâchés dans un monde où chaque coin de rue cache un...
hier
1 j'aime
How I Met Your Mother, c’est un peu comme si un père avait décidé de transformer un simple "j’ai rencontré ta mère au bar" en un roman-fleuve de neuf saisons, plein de détours, de drames romantiques,...
hier
1 j'aime