Touchant mais frustrant ?

À vrai dire, je dois reconnaître que j'étais surtout impatient de rencontrer Travis Fimmel dans un rôle aussi éloigné du chef de guerre viking. Et sa prestation m'a comblé aussitôt ! Mais il ne s'agit pas du personnage principal de cette œuvre (adaptée d'un roman que je n'ai pas lu) et la qualité de jeu des gamins ne fait pas l'ombre d'un doute. L'intrigue n'est pas extraordinaire d'une manière globale. Cependant, j'ai été conquis par le rythme de la série et le dynamisme bien calculé propre à chaque épisode... Du moins jusqu'au dernier qui s'avère trop saccadé, hâtif et confus à mon sens.

La vue d'ensemble de la série semble quand même définie en toute clarté ; la situation dramatique d'une famille plongée dans le monde obscur du trafic de drogues pèse sur le regard du spectateur sans discontinuité. Comme ces braves Australiens plus atypiques que dangereux, on aimerait que tout rentre dans l'ordre sans tarder. Que "tout s'arrange" car la lumière jaillit toujours à la sortie du plus long tunnel... Surtout pour le bonheur, l'épanouissement et la sécurité de ces deux frangins auxquels on s'attache de suite. Ceci dit, j'ai été moins captivé par leur phase ultérieure et l'absence du beau-père charismatique se ressent lourdement. Le frère aîné peu ou prou mutique qui "retrouve" sa voix me laisse perplexe en matière de réalisme psychologique, surtout avec sa fluidité verbale et/ou son rapport traumatique à l'accident causé par le père biologique (?).

En dépit de ses défauts sur lesquels je ne voudrais pas donner l'impression de m'attarder, je conseille donc cette série. Cette dernière s'avère très correcte ! Il ne faut seulement pas s'attendre à une réalisation magistrale qui vous ébranlera corps et âme. La fin assez décevante -selon moi- est la première cause de cette mention "AB" sur la copie. J'ai conscience de sa relative sévérité et j'ai hésité à lui donner un voire deux points supplémentaires... Hélas, je ne peux pas faire abstraction de l'épilogue vaudevillesque dans mes critères d'évaluation. J'espère revoir Travis Fimmel dans la peau de personnages toujours plus inattendus et pourquoi pas les jeunes comédiens avec leur présence attendrissante. Mon avis sur le jeu de Phoebe Tonkin est plus mitigé.

Quant à l'antagoniste sociopathe très sanguinaire, il manque d'épaisseur pour être considéré avec sérieux. Le sujet initial présentait l'intérêt de miser sur une ambiguïté fascinante (rapport entre un vie de famille à stabiliser et le milieu anarchique des trafiquants de drogue). Or, ce personnage nous fait rebasculer dans les travers de la tambouille manichéenne qui éclabousse nos écrans. C'est une lacune regrettable sans être rédhibitoire.

La série est encore très fraîche et j'ai hâte de lire les futurs avis qui rejoindront -ou pas- mon point de vue... qui n'est peut-être pas figé dans le marbre car je n'exclus pas un second "visionnage".