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le 18 nov. 2020
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« La vie comme les échecs sont tous deux une lutte constante » disait un des premiers champions du monde d’échecs, Emanuel Lasker. Les sept épisodes de The Queen’s gambit en sont la plus belle illustration. Adaptée du roman de Walter Tevis, cette mini-série raconte le parcours fulgurant en pleine guerre froide d’une prodige du jeu d’échecs. Une pure fiction qui confirme le talent d’Anya Taylor-Joy, parfaite en Reine de cœur massacrant tout sur son passage.
Un sacrifice en ouverture
Le gambit de la dame désigne, au jeu d’échecs, le sacrifice d’un pion qui peut être, selon les variantes, accepté ou refusé. Lorsque Beth Harmon, 10 ans, sort miraculeusement indemne de l’accident de voiture provoqué par sa mère, dans une ultime trajectoire suicidaire, on comprend qu’une forme de gambit vient en quelque sorte d’échouer. Et que le petit pion poursuivra son chemin. Vaille que vaille. De fait, la fillette entame une nouvelle partie de sa vie dans le cadre austère d’un orphelinat à l’ancienne. C’est là, en attendant une hypothétique adoption (promotion du pion en reine) que Beth découvre le jeu d’échecs et s’y révèle particulièrement douée. Il s’avère cependant que sa force réside moins dans sa puissance de calcul que dans une vision hallucinatoire du jeu accentuée par une consommation excessive de calmants administrés par l’institution.
Hauteur de vue et profondeur de champ
Le truc de Beth Harmon, c’est la verticalité, le hors-champ, les dimensions invisibles. Elle s’initie au jeu dans une cave, espace en dehors du plan au sens géométrique du terme. Plus tard c’est aussi dans un sous-sol qu’elle trouve le soutien tactique d’un cow-boy (cavalier ?) solitaire. Mais ce maître des 64 cases est à son tour dépassé par la vista de la jeune fille. D’autant plus que Beth n’entend pas se contenter du bas de classement dans une compétition dominée par les Soviétiques. Elle vise le sommet, le top des joueurs professionnels avec en ligne de mire, l’inamovible Borgov. Contrairement à ses adversaires de prestige qui baissent la tête vers l’échiquier, Beth visionne ses parties sur un échiquier imaginaire qui prend forme au plafond. Elle y convoque en pensée les pièces fantastiques qu’elle a d’une certaine manière apprivoisées. Une héroïne fictive, malgré les apparences, qui n’est pas sans rappeler Bobby Fischer, joueur américain fantasque, qui rafla pour de vrai le titre de champion du monde 1972 au nez et à la barbe des meilleurs joueurs russes.
Chess, médocs & picole
Femme dans un monde d’hommes, rousse entourée de camarades blondes, Beth détonne autant par sa singularité que par ses failles. Ses adversaires les plus coriaces ne sont pas tant les grands maitres qui l’attendent au tournant que ses angoisses névrotiques alimentées par force médocs et picole. L’actrice Anya Taylor-Joy (découverte dans The Witch) incarne à la perfection cette jeune femme atypique qui dame le pion à tous les prétendants au titre, cette princesse élégante qui envoie valser les rois adverses. Aussi convaincante en femme-enfant qu’en maitresse femme, elle compose un personnage continuellement en apprentissage, en progression. Et sa parfaite maitrise de la gestuelle si particulière des joueurs d’échecs en font un personnage tout à fait crédible. De fait, l’actrice et ses partenaires de jeu ont appris auprès de joueurs professionnels la façon la plus naturelle de déplacer les pièces ou d’appuyer sur les pendules de jeu. C’est suffisamment rare dans la fiction pour être souligné.
Le jeu dans toutes ses dimensions
Une des réussites de la série, outre son casting et son scénario original, est la mise en scène du jeu lui-même. D’abord par une reconstitution du microcosme de la compétition échiquéenne : des modestes tournois locaux aux opens internationaux, des petits joueurs de club aux grands carnassiers de l’échiquier, des simples parties amicales aux blitz échevelés pour du cash. Tout cela est dépeint avec une très grande exactitude. Mais c’est surtout la dramaturgie imprimée aux parties d’échecs qui confère à la série une dimension inédite. Les variations du cadrage, la dynamique du montage, l’utilisation de l’esthétique des pièces du jeu ou du motif échiquéen, décliné à souhait, sont autant d’éléments qui rendent spectaculaire l’affrontement en réalité essentiellement cérébral et intériorisé des joueurs d’échecs.
Une série menée tambour battant à ne pas manquer. (sur Netflix)
9/10 ++
Critique publiée sur le MagduCiné
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Créée
le 19 nov. 2020
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