Shonen
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le 18 nov. 2020
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Le Jeu de la dame est une série dramatique en 7 épisodes qui tourne autour des tournois d’échecs. On suit le parcours d’une jeune prodige dès son arrivée à l’orphelinat à l’âge de 9 ans, après la disparition de sa mère.
Je mets la note de 7/10. Ce n’est pas la note maximale car j’éprouve un regret au niveau de sa structure qui m’a semblée trop « mécanique ». Néanmoins, je reconnais vivement les qualités de cette série.
Tout d’abord, j’ai aimé le choix de la protagoniste, Beth Harmon (Anya Taylor-Joy). Elle est une orpheline surdouée. Ces caractéristiques sont souvent utilisées pour créer des personnages hors du commun, car selon moi leur faille est plutôt évident et n’a pas besoin d’être développé pendant 107 ans. Comme Oliver Twist ou encore dans les années 90, Will Hunting, mais aussi bon nombre d’histoires que ce soit dans la littérature ou dans l’audiovisuel. Ce genre de personnages traverse le temps : ça fascine.
Dès son arrivée à l’orphelinat, Beth Harmon a un comportement sobre, plus observatrice que bavarde, un comportement qui ne se focalise pas dans des états émotionnels qui vont dans tous les sens. La froideur du cadre qu’est l’orphelinat aide à nous submerger dans l’ambiance, et m’a fait penser aux décors d’hôpital psychiatrique dans certains films tels que « Une Vie volée » avec Winona Ryder et la toute récente série « Ratched » avec Sarah Paulson. Les orphelin-es font la queue devant un infirmier pour prendre leurs tranquillisants, ce qui peut faire froid dans le dos ! Surtout que le style de la réalisation est plutôt dans le rationnel, n’optant pas à en faire des caisses, sans bouger la caméra brusquement pour donner du rythme. Ici, on opte à mettre en avant la lumière et le cadre qui rappellent l’époque où ça se situe : les années 50-60. D’ailleurs, l’époque peut nous mettre la puce à l’oreille de l’obstacle qui est la domination masculine : elle va se confronter à un monde d’hommes.
Avec Beth, il n’existe pas de pathos, de sentimentalisme, d’excès dans l’émotion. La série se centralise sur le jeu d’échec et elle en devient pratiquement secondaire, car elle est mise au service d’une mise en scène méticuleuse sur les parties du jeu. Le personnage principal est en fin de compte : les règles de tournois et le jeu d’échec.
L’univers est sobre, froid, mais aussi cruel, à l’image de la caractérisation de Beth. C’est comme si les échecs et elle, ne faisaient qu’une. Mystérieux et fascinant.
Pour chaque partie, la mise en scène s’avère plus dynamique avec des effets visuels beaucoup plus explicites.
Même si on ne s’y connaît rien aux échecs, on devine que les auteurs ont un minimum fait des recherches pour la crédibilité du récit. On y croit, les yeux fermés. En tout cas, c’était mon cas.
On parle souvent du cahier des charges de Netflix concernant la diversité et la représentation des femmes. Lorsque la série ou le film ne fonctionne pas, le cahier des charges de Netflix se fait critiquer inlassablement, mais lorsque c’est réussi on aurait tendance à en faire abstraction. Et pourtant, ici, je trouvais que ça participait à l’originalité du récit, permettant à créer des relations étonnantes.
Déjà, la relation qu’elle entretient avec sa mère adoptive évite le conflit habituellement beaucoup utilisé entre les personnages de deux mères, de deux femmes. Même si l’une d’entre elles est décédée, l’auteur aurait pu miser sur une rivalité, et de la jalousie, pour créer d’avantages de conflits. Certainement lié à l’âge avancé de Beth lorsqu’elle est adoptée et le délaissement du mari, la relation naissante entre elles est touchante, remplie de respect, sans négliger le rapport mère/fille, et surtout de complicité ainsi que de sororité entre deux écorchées, les deux avec une dépendance commune soit aux médicaments soit à l’alcool. Et tout ceci sans s’égarer dans une forme gênante.
Ses adversaires masculins deviennent tous ses meilleurs supporters, comprenant qu’ils ne peuvent faire obstacle à son désir des échecs. Aucune rancœur, aucune crise passionnelle. Ils le constatent tout seul. C’est une évidence.
Sa copine d’orphelinat ne s’attarde pas à lui en vouloir. Même si elle l’admet à la fin qu’elle lui en a voulu à propos qu’elle soit adoptée et non elle. Le plus important, c’est combien elles ont été des « anges gardiens » réciproques pendant la période de l’orphelinat.
En fait, le récit ne s’attarde pas aux conflits avec les personnages, afin de se concentrer uniquement aux parties des tournois d’échecs.
Néanmoins, j’exprime un regret. Cela concerne la psychologie de Beth. Le premier moment où l’on voit qu’elle commence à jouer des parties de jeu d’échecs en le projetant mentalement sur le plafond, je trouvais que ce n’était pas suffisamment développé et psychologiquement un peu trop facile sur le coup. J’aurais aimé un détail en plus, ou simplement une piste, pour être plus en empathie avec la découverte de son talent prodige pour les jeux d’échecs. Personnellement, il m’a manquée quelque chose pour que je sois davantage emballée par le récit. Tout me semblait placé mécaniquement. Cela m’a gênée.
Je pense cependant que l’effet « mécanique » était voulu, comme si dès la première minute, on entrait dans une grande partie d’échecs qu’est la vie si mystérieuse et difficile parfois.
En conclusion, Le Jeu de la dame mérite amplement d’être vue. Cela fait plaisir d’une série qui cherche à la crédibilité des jeux d’échec, sans tomber dans le réalisme pur qui omettrait toute la magie d’une histoire totalement fictionnelle.
Et quand on pense que c’est une adaptation d’un roman éponyme écrit en 1983 par Walter Tevis, on est d’autant plus intrigué-es, voire fasciné-es, par la modernité de l’histoire et cela motive à se le procurer si on ne l’a pas encore lu.
Créée
le 12 nov. 2020
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