Tout d’abord je conçois qu’il est facile de s’adonner à de sévères critiques sur ce genre de programmes, mais sachez que j’ai écrit ce texte en guise d’exutoire à ma colère dans le but de me défouler sur cette calamité. Qui aurait pu imaginer il y a 50 ans de cela, à l’époque où l’acquisition d’un téléviseur résultait d’une grande réussite sociale, qu’un jour une bande d’adolescentes et d’adolescents deviendraient célèbres et riches en se pavanant au bord d’une piscine tout l’été durant en prostituant prothèses mammaires Made in China et autres abdominaux gonflés aux stéroïdes ? Personne. Mais « Un jour les cons seront Rois » dit le prophète M6 en lançant la toute première émission de télé-réalité à grand succès française : Loft Story (première après Aventures sur le net, mais l’émission ne connue pas un franc succès). Et aujourd’hui dans quel état somme-nous ?
En 2015, il existe une vingtaine d’émissions de télé-réalité réparties sur l’ensemble des chaines de la TNT française. C’est vous dire l’état de désolation dans lequel se trouve le système culturel hexagonal. Parmi ces émissions on retrouve : les Marseillais et les Ch’tis diffusées sur W9 (attention bientôt sur vos écrans et sous vos yeux ébahis : Les Ch’tis VS Les Marseillais, non non ce n’est pas une blague) et les Anges de la télé-réalité diffusée sur LA chaîne poubelle anti-culture française, j’ai nommé NRJ12. Le concept est simple : caster la plus grande partie de la population afin de dénicher les personnes aptes à porter une émission sur leurs épaules grâce à trois ingrédients :
- Des grandes plaquettes de chocolat en guise d’abdominaux et des énormes ballons de baudruche en guise de seins.
- Une bêtise et une infantilité inégalées.
- Un cerveau assez petit pour commettre minimum cinq crimes contre l’orthographe et la grammaire dans une seule phrase.
J’accuse les producteurs et productrices de ces émissions (notamment Jérémy Michalak en ce qui concerne Les Anges) de tuer un quelconque espoir d’intellectualisation de nos enfants et des adolescents. En effet, chaque année, et de saisons en saisons ce sont les enfants qui s’abrutissent devant ce genre d’inepties sans noms, ce sont les enfants qui s’acculturent à un pays dans lequel Brian n’est plus avec Melinda puisqu’elle a couché avec Kévin l’ex de Barbara et meilleur ami d’Eddy juste parce qu’il est gay donc c’est trop cool, à un monde dans lequel on a toujours du soleil, une piscine, et trois repas par jour sans rien foutre, à un monde où les insultes et les bagarres inutiles sont monnaies courantes, à un monde où on obtient tout grâce à son physique, bref à un monde superficiel, perfide et avilissant. Mais les pauvres petites starlettes qui nous sur-jouent la comédie au fur et à mesure des épisodes n’y sont pour rien à ce massacre. Et vous, si on vous proposait 10 000€ pour deux mois passés au Brésil dans une villa de 600m2 loin des quartiers Nord de Marseille et des rues crades roubaisiennes, vous feriez quoi ? Même si cela doit vous coûter votre fierté et que vous êtes contractuellement obligés de jouer les abrutis devant des millions de français amorphes pour « faire le show » et « créer le buzz ».
Mais le pire dans cette sombre affaire c’est que Les Anges est un pur produit recyclé des anciennes émissions du même genre, un melting-pot de toutes les télés poubelle de la TNT réunies sur une seule et même déchèterie : NRJ12. En 2015, c’est la 7e saison des Anges, la 15e année consécutive qu’on pollue nos esprits avec de faux espoirs pour nos gosses qui s’adonnent à rêver d’une vie telle que celle des protagonistes de ces téléréalités françaises. Des gosses qui, NON, ne prennent pas cette ribambelle de conneries au second degré, ils l’avalent telle qu’ils la reçoivent et ça dès la sortie de l’école sur l’écran LED incurvé 139cm de papa et maman qui ont économisé 2 ans pour se l’offrir en sacrifiant de réelles vacances bienfaisantes pour leurs marmots. Bref, Les Anges et plus globalement la téléréalité est la honte de notre époque, le fléau de notre génération, une écharde dans le pied de la culture, un poison dont les jeunes s’abreuvent sans fin.