Pourquoi ils ont perdu la peinture?

J'ai un problème avec cette série, outre qu'elle n'a pas de fin (et ÇA, ça m'énerve beaucoup).

D'une part, je trouve, l'idée intéressante : raconter la précédente guerre sainte permet de renouveler un peu le concept et les personnages (cela devrait être le cas en tout cas) tout en restant dans un cadre seyant à Saint Seiya (notez l'allitération de folie !!!).
En effet, à la fin de l'arc Hadès, ce dernier fait remarquer qu'il s'est déjà heurté à un chevalier Pégase qui lui a pourri son groove (je résume bien sûr).
Quoi dont est-ce? comme on dit chez moi! Voilà de quoi faire une belle aventure.

Masami Kurumada confie les rênes à sa protégée Shiori Teshogori, pendant que lui fait sa propre version ce qui fait que celle-ci est désormais un passé alternatif.

Et c'est là qu'intervient "l'autre part" de ma critique : je n'aime pas du tout le style graphique de cet animé. Pas du tout, du tout. Je sais, c'est très subjectif et personnel, mais c'est une raison pour avoir un problème avec un médium visuel, non?
Mais outre cet abord esthétique plutôt rebutant pour moi, c'est le manque d'imagination dans le caradesign qui a descendu la note drastiquement et une première partie (13 épisodes) assez insipide.

Parlons d'abord scénario.
C'est donc au XVIIIème siècle que nous rencontrons Tenma, Alone et Sasha, en Italie, orphelins, m'a-t-il semblé. Alors, autant la mixité de nationalité et d'origine dans le monde moderne ne me fait pas tilter, d'autant qu'ils parlent tous japonais, mais à cette époque là, j'ai du mal. Le prénom de Sasha sous-entend une origine russe, Tenma est clairement japonais et quant à Alone, je ne suis pas trop sure. Qu'est ce qu'il foutent en Italie?
Le sanctuaire est à cet époque un lieu de bonté pour de vrai et Sasha est emmenée, car elle est la réincarnation d'Athéna annonçant la nouvelle guerre sainte.
Alone est la réincarnation d'Hadès, parce que bien sûr qu'il l'est, et Tenma décide de devenir chevalier après que Dohko de la Balance ait vu son potentiel, pour protéger Sasha, qui est la soeur d'Alone. Tout le monde suit?
Franchement, c'est assez facile à suivre dans l'anime même si le résumé semble tarabiscoté.
Mais les choses s'enchainent aussi très vite et les chevaliers d'or commencent à tomber comme des mouches, de manière fort regrettable d'ailleurs.
Et là Alone/Hadès décide qu'il va peindre une fresque au ciel représentant tous les êtres vivants (The Lost Canvas, logique donc) et ainsi les tuer. Au vu du pouvoir d'Hadès, c'est un peu le mécanisme d'une lenteur inutile et exaspérante du Dr Denfer. Mais c'est aussi un peu le mécanisme du genre.
Bref, ça se traine, des personnages intéressants meurent trop tôt. Un peu bof.
La seconde partie est beaucoup plus dynamique et intéressantes quand, enfin, les personnages commencent à agir et à faire avancer l'intrigue.
Les dieux Hypnos et Thanatos sont bien sûr présents t servent ironiquement de premier rampart au lieu d'être le dernier, faisant ainsi d'Hadès le réel boss de fin de niveau, ce qui n'est pas pour me déplaire et lui laissant le temps de l'être et de le devenir (dans la saison 3 qui n'existe pas !!!!).

J'ai été vraiment emballée par cette seconde partie qui prend le temps de développer les personnages tout en ne sacrifiant pas l'action.
J'ai eu des doutes sur le plan et la position d'Hypnos et Thanatos, j'ai eu des doutes quant à leur allégeance. C'est pas souvent le cas dans ce genre d'animé.
La trame du scénario est quant à elle résolument du XXIème siècle, moins linéaire, plus variée et n'adhérent pas forcément aux schémas narratifs de l'original tout en leur faisant écho. Et ça c'est vraiment bien.

L'animation est de très bonne qualité, les combats sont fluides, manquent parfois de lisibilité, mais ce n'est pas le pire que j'ai vu.

Néanmoins, le visuel m'a donné un sentiment de réchauffé assez amer (ironiquement, les visuels Saint Seiya appartenant à la Toei, ils ont du travailler les designs pour les rendre différents, c'est à n'y rien comprendre).
Commençons par Tenma qui est un clone de Seiya ni plus ni moins, sans parler de Sasha, jumelle de Saori. C'est dommage de se retrouver avec le même héros, très exactement, avec presque les mêmes motivations, le même physique et le même caractère. Il n'apporte aucune surprise. Seiya est-il la réincarnation de Tenma? Peut-être mais alors c'est encore plus nase. Il y aurait une prédestination des chevaliers à l'être et tout le concept de travail, de dureté de l'entrainement disparait (cf la grosse m... de Netflix).
Athéna est la même mais c'est un peu normal, elle est toujours elle-même. Mais pourquoi lui donner le même physique!!! Même dans le flashback sur la guerre sainte du XVIème siècle, elle a encore la même tête!
Alone ne ressemble pas à Shun, dieu merci. Rien de notable dans son design mais c'est le but. Sauf ses cheveux qui sont bizarres en queue de rat. Genre hyper mulet.

Passons aux chevaliers d'or et là c'est tout un festival de clone et de jumeaux.
Les chevaliers sont choisis pour leur physique ou quoi?
En particulier celui des Poissons! L'armure est donnée pendant un concours de beauté? Le chevalier des Poissons doit être forcément androgyne et beau? Le personnage d'Albafica est formidable et je l'ai beaucoup aimé. Il tranche avec Aphrodite de manière drastique pour le coup tant il est empathique et plein de compassion mais son physique m'a ennuyé! Même la couleur de cheveux est la même bon sang!
Idem pour le Chevalier du Taureau (ils n'ont même pas changé de nom, c'est d'un triste, même s'ils donnent une raison), le chevalier du Capricorne (quel nom ridicule!), du Cancer, du Scorpions, du Lion, du Sagittaire (il a les cheveux blonds au lieu de bruns, merci beaucoup), de la Vierge
On connaissait déjà Shion et Dohko, leur physique est donc celui du manga d'origine, je ne peux rien dire.
Ajouter à cela que je n'aime pas ce trait moderne épais aux visages lourds et franchement, ce ne fut pas un régal pour les yeux.

Par contre, c'est consistent de bout en bout contrairement aux autres séries où la qualité changeait drastiquement d'un épisode à l'autre. La qualité ne faiblit pas tout au long des 26 épisodes et j'avoue que j'ai apprécié certains personnages comme El Cid, malgré son nom, ou bien Manigoldo et surtout Hakurei pour lequel je veux série spin-off MAINTENANT!

Et j'ai un très gros problème avec Yuzuhira. D'abord, elle n'a pas de masque. Pourquoi? Elle dit clairement qu'elle a passé le test et qu'elle est un chevalier. Pourquoi ne garde-t-elle pas le masque qu'elle porte quand elle vient délivrer Tenma? Toutes les autres femmes le portent! Bien joli encore qu'à cette époque on les laisse être chevalier! Mais non, que dalle.
Et plus gros problème encore, c'est quoi cette armure qui protège rien? Certains chevaliers d'or sont quasiment cuirassés et elle, elle a 3 plaques par ci par là et en plus elle est à moitié à poil. Je sais, c'est monnaie courante mais là c'est vraiment pas subtil. La Athéna du XVIème siècle a des seins qui lui remontent sous les amygdales, pourquoi pas, mais cette fille se bat à moitié nue! En mini short qui ne ferme pas!
Je passe sur ce genre de chose en règle générale mais ce cas est vraiment très énervant, d'autant qu'elle ne sert à rien. Pas que Yato de la Licorne serve à grand chose (et il ressemble à Jabu comme 2 goutes d'eau) mais lui au moins a l'air d'un chevalier alors que Yuzuhira a l'air d'une danseuse exotique.

Pour finir, la présence de Pandora m'a perturbée. Cette servante d'Hadès semble être présente à chaque réincarnation mais est-elle elle-même une réincarnation ou bien est-ce juste une fille avec le même physique tous les 200 ans qui est choisie pour être Pandora? Comme elle ne sert à rien qu'à être la groupie d'Hadès, elle m'a profondément énervée et rendue perplexe.

Les armures ont un aspect trop moderne. On est clairement sur des armures de seconde génération (comprenez après le sanctuaire dans l'original). Alors que les armures d'or sont toujours fidèles au dessin d'origine, sauf quelques casques.
C'est n'importe quoi en fait.

Dernière modernisation de Saint Seiya, la bromance à outrance.
L'amitié est une composante importante et même primordiale de Saint Seiya, la fraternité même. Mais avec le nouveau millénaire est arrivé la bromance où les sentiments s'exacerbent, où l'amitié frôle l'obsession. La fangirl ou le fanboy trouvera ici de multiples paires à sa disposition : déjà toute faite comme Tenma/Alone ou El Cid/Sysiphos et qui vous seront enfoncées dans la gorge à coup de regard plein de feu et de douleur ou bien préférez-vous la relation trouble de 2 frères jumeaux, nous avons aussi, d'un maître et son élève, plus subtil et moins présent mais avec les graines nécessaires pour faire grandir le fandom!
En bref, du slash potentiel en veux-tu en voilà pour que chacun y trouve son compte et puisse le décliner en doujinshi ou en fanfic.

La série n'est pas catastrophique, loin de là et s'il y a eu bien des aspects qui m'ont rebutés, je voudrais vraiment voir la suite ce qui est à mettre à son crédit. L'histoire m'a captivée à partir d'un moment et certains personnages ébauchés m'ont intrigué. Il faudrait que je lise le manga en fait.

Côté musique, l'OST n'arrive pas à la cheville de son prédécesseur qui avait à sa tête dans ce département le grand Seiji Yokohama, mais son opening, s'il n'est pas Pegasus Fantasy, est tout de même fort efficace et bien mené.
Les doublages sont assurés par des seiyus chevronnés dont certains de l'ancienne garde tel Miki Shinichirou, Kamiya Hiroshi, Ono Daisuke, Yusa Koji et Jun Fukuyama (je les reconnais à l'oreille ceux là) et pour les plus jeunes Tetsuya Kakihara ou Hiro Shimono. Aucun en tout cas n'est un perdreau de l'année et les doublages sont vraiment excellents.

C'est sans conteste une bonne production qui aurait mérité plus d'attention de la part des spectateurs et une suite!