Rise of a desert creature.
Second volet de la première épopée de Dune - celle qui va jusqu'à l'Empereur Dieu, chef d'oeuvre à mon sens inadaptable au cinéma.
Le budget était plus important que pour la série Dune : les effets spéciaux sont un peu plus réussis. Si les scènes de bataille de rue frôlent toujours un peu le ridicule, on ne saurait trop s'en plaindre tant l'action est ailleurs. On appréciera la façon dont la réalisation souligne, plus encore que dans le premier épisode, le rôle que les femmes jouent dans les intrigues entrelacées - n'irait-on pas ici aussi loin que Herbert dans l'exposition des labyrinthes du pouvoir - toutes actrices que j'ai trouvées excellentes, le casting étant ici à mon sens plus abouti que dans le premier volet.
L'intrigue reprend quelques années après la fin de Dune et couvre Dune's Messiah et Children of Dune. Certains acteurs ont changé - et si je préférais le Gurney de la première version, la Jessica de celle-ci est bien plus... bene gesserit.
L'univers de Dune reste difficile à retranscrire, tout traversé qu'il est essentiellement de politique, de psychologie, d'écologie. Les effets spéciaux, s'ils sont nécessaires, n'y suffisent pas. Le rapport de la série à l'oeuvre m'apparaît donc comme une image inverse des rapports que les films de P. Jackson entretiennent avec le SdA qui, quant à eux, restent superficiellement fondés sur les images et un certain respect de la cohérence narrative - et très largement ignorants de ce qui anime profondément l'oeuvre de Tolkien.
La réalisation rend compréhensibles certaines pages que j'ai toujours trouvées obscures, notamment à Jacurutu - ce qui ne me gène pas nécessairement, d'un point de vue littéraire, soit dit en passant. Les sentiments restent assez sobres en comparaison de ce à quoi le cinéma américain nous a habitué (à l'exception de certain évitable sirop musical) - et je me suis trouvé pris d'émotion ici comme dans le roman - un peu plus même - projection et identification ayant fonctionné de la même façon des deux côtés.
Me frappe par exemple la possession d'Alia en particulier, la dévastation de l'enfant adulte from the womb (but still a child) à la femme habitée d'une âme autre et démoniaque, est assez bien rendue - quand bien même les traits de sa sulfureuse sensualité seraient d'une facture plus... convenue (et masculine).
J'ai été également troublé, et donc l'ai apprécié, par la relation sensible, presque charnelle des jumeaux, qui parvient à rendre la nature très énigmatique et resserrée de leur lien (ils sont bien plus jeunes dans le livre, mais leur maturité est de toute façon sans rapport à leur âge).
On ne cherchera pas ici en revanche de subtilité dans les rapports entre les différentes sectes CHOM, Tleilax, Gesserit, etc.), le focus sur les personnages centraux ne permettant pas d'entrer dans les subtilités du livre. Le Bene Gesserit, ici comme dans le premier volet, est assez mal servi, et l'on n'en perçoit pas les ressorts ni la puissance. Il n'y a pas non plus de réflexion anticipatrice sur le pouvoir de l'eugénisme dans ce monde - ce pouvoir de modifications biologiques de l'être humain depuis l'interdiction de l'utilisation des machines pensantes. La valeur de la série est donc dans sa défense des personnages, et surtout comme une excellente introduction aux livres.
Si subsistent quelques maladresses cinématographiques (essentiellement du point de vue du grand spectacle, comme une taille de vers variable en fonction des plans, par exemple, ou ce dernier plan, un peu ridicule, où Ghanima peut contempler son frère courir sur fond de désert), je réitère néanmoins ici ce que je disais déjà pour la série éponyme : tout cela fut l'occasion d'un excellent moment - et de l'envie de me replonger dans les livres.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Fantasia