Les Shadoks
7.5
Les Shadoks

Dessin animé (cartoons) ORTF, Canal+ (1968)

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Quand l’absurde prend des airs de philosophie et que pomper devient un art de vivre

Les Shadoks, c’est un peu comme si tu mettais Sartre, un crayon tordu, et une boîte de non-sens dans un shaker, et que tu servais le tout avec une paille en spirale à un public qui n’a jamais demandé autant de confusion joyeuse dans sa vie. Cette série animée cultissime, créée par Jacques Rouxel, est l’équivalent d’un haïku surréaliste sur l’absurdité de l’existence, habillé en petites créatures rondes qui semblent sorties de l’imagination d’un enfant un peu trop curieux. Le résultat ? Un délire télévisuel qui défie la logique, se moque du bon sens, et te laisse perplexe… tout en te faisant sourire béatement.


Les Shadoks, ce sont ces drôles de volatiles qui ne volent pas, qui pompent inlassablement, et qui pensent que "s’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème". Leurs ennemis, les Gibis, sont des créatures anguleuses, bien plus rationnelles, mais tout aussi ridicules dans leur obsession pour l’ordre. Et entre ces deux espèces, c’est une guerre permanente, où les batailles se résument souvent à des actes d’une absurdité totale, comme de pomper jusqu’à ce que l’univers entier semble se désintégrer.


Le narrateur, Claude Piéplu, est la véritable star de la série. Sa voix posée, qui te décrit les situations les plus folles avec un sérieux imperturbable, est à la fois hilarante et inquiétante. Imagine un prof de philo qui t’explique que pour atteindre un objectif, il suffit de pomper, encore et encore, même si tu n’as aucune idée de ce que tu fais. C’est là tout le génie des Shadoks : cette capacité à énoncer des vérités absurdes comme si elles étaient gravées dans le marbre de la raison humaine.


Les Shadoks ont leurs lois, leurs maximes, et une logique qui ferait passer celle d’Alice au pays des merveilles pour une dissertation de maths. Parmi les plus célèbres, on trouve : "Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?", "Il vaut mieux mobiliser son intelligence sur des conneries que mobiliser sa connerie sur des choses intelligentes", ou encore l’inoubliable "Pour qu’il y ait le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes". Si tu cherches à comprendre ce que tout cela signifie, bonne chance. Parce que le but n’est pas de comprendre, mais de ressentir la douce absurdité de l’existence.


Visuellement, la série est d’une simplicité désarmante. Les Shadoks et les Gibis ressemblent à des dessins griffonnés par un enfant, avec des formes géométriques basiques et des animations minimalistes. Mais c’est cette économie de moyens qui fait tout son charme. Le monde des Shadoks est réduit à sa plus simple expression : un fond uni, des créatures qui bougent par saccades, et ces fameuses pompes qui apparaissent partout. Pourtant, cette simplicité visuelle permet de se concentrer sur l’essence même de la série : la narration et les idées décalées.


Les aventures des Shadoks ne suivent aucune logique classique. Ils inventent des machines absurdes, creusent des trous dans des trous pour combler d’autres trous, ou s’entêtent à résoudre des problèmes qui n’existent même pas. C’est comme une leçon sur l’absurdité de la condition humaine, déguisée en cartoon. À la fin de chaque épisode, tu te demandes ce que tu viens de voir… mais tu ne peux pas t’empêcher de revenir pour plus de ce délire joyeux.


Les Shadoks ont été créés à une époque où la télévision expérimentait encore. Diffusés sur l’ORTF en 1968, puis sur Canal+ plus tard, ces drôles d’oiseaux ont tout de suite déchaîné les passions. Soit tu adhères à leur univers absurde, soit tu les fuis comme la peste. C’est une série qui divise, et c’est bien là toute sa force. Elle n’essaie pas de plaire à tout le monde. Elle te balance des concepts illogiques, des répétitions infinies, et te demande de "pomper" avec elle. Si tu n’aimes pas, tant pis pour toi.


En résumé, Les Shadoks est une ode à l’absurde, une série qui te montre que l’inutile peut devenir essentiel, que la logique est une construction fragile, et que parfois, il suffit de pomper sans se poser de questions. C’est un voyage dans un univers où tout est possible et où rien n’a vraiment de sens, mais où chaque épisode est un petit bijou d’originalité et de non-sens réfléchi. Si tu n’as jamais vu un Shadok pomper, tu n’as pas encore goûté à l’une des formes d’humour les plus folles et délicieusement décalées de l’histoire de la télévision.

CinephageAiguise
8

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Créée

le 14 oct. 2024

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