Cette série et moi c'est une vieille histoire. 1994, je la découvre sur... France 3. J'aime tout de suite et je regarde d'autres épisodes grâce à Canal+, mais n'étant alors vraiment pas exigeant à l'époque sur la qualité de mes programmes, j'aurais pu aimer même si la qualité avait été bien moindre. Les années suivantes je regarde toujours régulièrement et alors que j'entre dans l'adolescence je découvre que, même à l'époque, il y a déjà un sacré nombre d'épisodes, et que la série a déjà pas mal d'années. J'achète les VHS des premières saisons (que je vais user), je vais me renseigner sur l'internet balbutiant sur les épisodes déjà sortis, les interprètes, les coulisses... je suis foutu, je suis tombé dedans.
(Pardon, je me permets un peu de pub : Voici le lien ma chaîne Youtube sur les Simpson.)
Alors qu'à la fin des années 80 aux USA, la série profite déjà d'une petite notoriété grâce à 3 saisons de courts-métrages, le format 22 minutes est lancé et relance la mode des séries d'animations en prime-time, morte depuis des décennies. Et c'est là qu'on voit qu'ils ont tout compris : Le grand nombre de scénaristes donne aux épisodes un ton assez varié. On passe dans la saison 1 des épisodes assez terre à terre et tristes comme St Lisa Blues aux épisodes farfelus de John Swartzwelder comme L'abominable homme des bois. Beaucoup de séries du début des années 90 ayant voulu surfer sur ce succès seront éphémères parce que se contentant de rester en surface et ayant un même type écrivant tous les épisodes.
Ici la variété des histoires tient également à une composante simple en théorie : Springfield est joyeusement surpeuplé. Le nombre de personnages vus dans plusieurs épisodes est assez extraordinaire. La saison 1 ne dévoile qu'une partie de ce qu'il y aura plus tard, et pourtant ils sont déjà des dizaines à être reconnaissables. Saison 1 qui ne prend pas le risque de focaliser un épisode sur un autre personnage qu'un Simpson. Même un épisode comme Un clown à l'ombre où Krusty est central à l'histoire, on le voit relativement peu, on reste surtout concentré sur Homer puis Bart.
Dès la saison 2, notamment en raison du nombre plus important d'épisodes, malgré les craintes d'une partie de l'équipe sur la viabilité d'un épisode sur un personnage secondaire auprès des spectateurs, c'est parti. De nouveaux personnages historiques nous sont présentés, et avec les années ils deviendront incroyablement nombreux. Un fan finira par connaître pas mal de détails sur des personnages même pas tertiaires. Nous sommes assez attachés à certains pour que, parfois, la famille soit quasiment absente de l'épisode sans que ça ne devienne un problème.
La série est familiale dans le bon sens du terme. Beaucoup de gens disent qu'en regardant en famille, ils ne rient pas aux mêmes gags. Il est vrai qu'en ayant des gags plus simples (tout ce qui est slapstick par exemple) pour les enfants, ces derniers ne sont pas le cœur de cible de départ, n'en déplaise à ceux qui disent "ce n'est pas pour les enfants !" comme un défaut. Ça n'a jamais été pensé spécifiquement pour les enfants en premier lieu, donc ta gueule. C'est ça qui la rend intéressante.
En plus de ce qui est langage parfois assez grossier, de blagues sur le sexe, la drogue, la guerre, le suicide... la série se permet des références culturelles (cinéma, musique, arts...) parfois assez pointues. Des critiques en pagaille sur... presque tout. Les Simpson peuvent même se permettre de critiquer la FOX et la série en elle-même.
Fatalement en commençant en 1989, la qualité visuelle a augmenté avec les années (les plus grosses différences sont à noter au début de la saison 2 après une saison 1 plutôt laide aujourd'hui, en courant de saison 14 où ils ont délaissé le celluloïd, et durant la saison 20 avec le passage à la HD). Après un rythme parfois un peu trop lent les premiers temps, dès l'excellente saison 3 la cadence a bien augmenté, les guest sont devenues de plus en plus fréquentes, les épisodes sur des personnages qu'on n'aurait pas cru voir un jour en première ligne sont apparus, c'était toujours plus audacieux, les Simpson ont commencé à voyager de plus en plus fréquemment, et un nombre sans cesse croissant d'épisodes cultes a vu le jour.
Et à l'approche des 10 saisons, surtout aux USA (qui exagèrent fréquemment toutefois) on a noté un certain déclin. Après des années les personnages ne pouvaient plus avoir le même impact ni les épisodes avoir la même fraicheur. D'un point de vue personnel, je trouve ça globalement un peu moins bien à partir de la saison 11 mais on s'en sort tout de même jusqu'à la saison 16 (voire 17) inclue malgré quelques errements. Et puis à partir de la 18, ça commence à partir en cacahuète un peu trop souvent.
Même un fan qui trouve encore son compte selon les épisodes ne peut que trouver la série que très inégale et très répétitive. "Cette intrigue fait penser à celle de tel épisode..." une phrase devenue courante. Le couple Homer/Marge a connu tellement de crises que ça devient pénible. Certains épisodes franchissent la ligne qui séparait le farfelu "sympa" du farfelu "ouh ils vont loin là quand même". Et même ce qui était un atout à une époque pour la série se retourne contre elle. Les nombreux personnages ont régulièrement des intrigues totalement dispensables, les guests sont fréquemment mal utilisées...
Avoir la sagesse de s'arrêter il y a déjà quelques années aurait peut-être été indiqué, mais ce ne sera pas la première série avec un succès encore suffisant pour être rentable (même avec les audiences très faibles des saisons HD) ne serait-ce qu'au niveau merchandising, à continuer. De plus en France, la surexposition médiatique de la série a pu en agacer et je pense qu'une partie du public non réceptif à la série l'est à cause de ça. Aujourd'hui ça paraît trop mainstream.
On l'a oublié mais en France, jusqu'à ce que ça ne débarque sur W9 (avec de plus M6 et l'arrivée du film peu après), même si c'était déjà bien connu ne serait-ce qu'avec ses nombreuses années d'existence, ça ne l'était pas autant qu'aujourd'hui. Forcément, la chaine ayant pété les plombs et se permettant même des prime de 7 heures le samedi, ça peut finir par agacer, même un fan qui du coup tombera plus souvent sur les mêmes épisodes, un comble pour la série d'animation occidentale qui compte le plus d'épisodes. Cela reste injuste en soi car la qualité propre de la série n'a rien à voir avec les idioties des diffuseurs.
Même avec ses fréquents errements depuis une décennie (après presque 600 épisodes et 30 ans d'existence en comptant les shorts du Tracey Ullman Show) je ne peux pas en tenir rigueur à cette série, qui m'a apporté trop de joie et de rires. Une qualité d'écriture rare, une immense variété de personnages et de situations, du rire, de l'émotion, du frisson parfois... ça a été un modèle pour tant de séries par la suite.
Chaque saison que j’achetais (d'abord en VHS puis en DVD) même généralement en connaissant déjà les épisodes c'était un grand bonheur, je ressors fréquemment en vrai des citations de la série, en bref je reste un des plus gros fans français (non ce n'est même pas prétentieux, et si vous êtes pas contents hein...) et ce n'est pas près de changer. Cette série n'est pas celle d'une génération, elle a au contraire réuni nombre de générations.