Un roi, des reines, et des têtes qui tombent.
Le projet d'adapter la vie du Roi Henry VIII, est assez osé il faut l'avouer. L'histoire entourant ce personnage est très riche. Entre ses passions, ses combats et sa main de fer sur le royaume d'Angleterre, il y avait beaucoup de choses à raconter. Mais force est de constater que Michael Hirst a su capter l'essence de ce personnage pour à la fois faire une série-biopic passionnante, et une oeuvre profondément tragique et dramatique.
"Les Tudors" c'est à la fois une série sur un roi et sa cour, mais aussi sur une époque sombre. L'Angleterre n'a pas vécue ses plus beaux jours lors du règne d'Henry VIII, c'est à partir du règne de sa seconde fille, Elizabeth 1ère, que le pays connaîtra le fameux Âge d'Or.
Pourtant toute la justesse de la série tient principalement au fait qu'elle narre l'histoire d'une époque de troubles, de trahisons, de jeux de pouvoirs et de réformes catastrophiques. La série puise sa force dans l'essence même du personnage principal. Car Jonathan Rhys-Meyer en incarnant le roi, a aussi la lourde tâche de lui conférer beaucoup de charisme, ce qu'il parvient à faire sans gros problèmes. Bien au contraire l'acteur parvient à faire évoluer son jeu de manière très fluide, le roi sombrant petit à petit dans la vieillesse et faisant le constat de sa vie.
Au-delà d'être une série sur un roi sulfureux, c'est aussi par ce qu'elle met en lumière avec simplicité et efficacité, les enjeux de la condition de monarque, que la série se révèle particulièrement réussie.
Si l'on veut maintenant faire une approche purement artistique, en ce qui concerne l'écriture ou la mise en scène par exemple. On peut tout de suite souligner la qualité d'interprétation des acteurs, tous font parfaitement leur job. Notamment Henry Cavill qui campe ici un personnage à la fois magnifique et passionnant, difficile de ne pas s'identifier à ce dernier.
Avant de parler des reines, on peut aussi faire un point sur la princesse Mary (la futur Bloody Mary) interprétée par Sarah Bolger, elle aussi tout à fait juste et convaincante, son rôle ambigu n'est pas facile à cerner et pourtant malgré certains de ses mots ou de ses actions, il est difficile de ne pas s'y attacher. Sam Neil (qu'il est toujours agréable de voir à l'écran tant l'acteur est génial), joue ici le rôle du Cardinal Wolsey, un personnage détestable auquel l'acteur parvient à insuffler beaucoup de prestance.
Quant aux reines, c'est indéniablement Natalie Dormer (Anne Boleyn), Maria Doyle Kennedy (Catherine d'Aragon) et Joely Richardson (Catherine Parr) qui tirent toutes les trois leurs épingles du jeu. Même si Annabelle Wallis (Jeanne Seymour) et Joss Stone (Anne de Clèves) sont également très justes. Seule Tamzin Merchant (Catherine Howard) s'avère en-dessous, la faute à son cabotinage constant.
En terme de reconstitution, bien que la série accuse tout de même quelques faiblesses, ne serait-ce que pour certaines images de synthèses visant à illustrer le Londres de l'époque qui s'avèrent assez grossières, le travail a pourtant été fait. On peut tout de même tiquer un peu sur quelques anachronismes, bien qu'ils soient nécessaires pour la transposition à l'écran, notamment en ce qui concerne l'accent des personnages hispaniques comme Charles Quint, ce dernier n'ayant pas grandit en Espagne. Mais il ne s'agit-là que de tout petits détails. Après tout on ne demande pas non plus au cinéma ou à la télévision, de nous faire des cours d'histoire.
En conclusion, "Les Tudors" est une série de très haute facture. Raffinée, finement écrite et véritablement passionnante. Le challenge était de taille, mais on peut aisément dire qu'il est relevé haut la main.