J'assume (mal)(mais un peu) mon chromosome X
Being Erica est une série incroyablement intelligente et aussi réaliste que pas du tout.
Erica Strange est une canadienne trentenaire banale. un super diplôme de littérature qui lui sert à rien, une vie sentimentale désastreuse, des relations conflictuelles avec sa famille, bref, c'est l'adulte moderne qui ne comprend pas pourquoi il n'y a pas de mode d'emploi pour réussir sa vie, alors que dans les générations passées, tout paraissait plus simple.
C'est alors qu'un homme mystérieux lui propose de la prendre en thérapie. Le Docteur Tom va reprendre avec elle tous les regrets qu'elle a dans son passé, mais l'originalité de cette série, c'est qu'il la renvoie dans son passé avec ses yeux d'adulte pour lui faire revivre les évènements et lui faire prendre conscience de ses erreurs ou de ses réactions.
Ce pitch est déjà séduisant, mais on pourrait craindre des épisodes bateaux un peu à la "my name is Earl" version girlie et plus positive. Que nenni.
Le fait que ce soit une série canadienne change la donne. Contrairement aux séries US, le but n'est pas de faire des saisons de 23 épisodes avec du remplissage inutile et un fil rouge bâclé dans le dernier. Non, le format est de 13 épisodes, et les scénaristes ont d'avance leur intrigue finale qu'ils tissent avec brio à travers différents épisodes, doucement, sûrement, et inexorablement.
La première saison nous attrape gentiment par surprise, on suit quelques épisodes, comme ça, c'est agréable, jusqu'au moment où on ne peut plus décrocher. Erica progresse dans sa vie sous différents aspects, jusqu'à un final dramatiquement béton.
La deuxième saison est riche en rebondissement, et peut être un poil plus sci-fi mais tout aussi intéressante,
Et la troisième saison, que je viens de finir est tout aussi intrigante et réussie.
La force de Being Erica, c'est aussi un son actrice principal et ses rôles secondaires récurrents qui bâtissent un monde, une vie, en laquelle on finit par croire.
C'est aussi des scénarios intelligents et bien construits, sur des interrogations et des situations que l'on connaît tous et toutes, depuis cet(te) ami(e) à qui l'on tient mais qui nous empêche d'avancer, la difficulté de la rupture ("je sais pas pourquoi j'ai composé son numéro, alors quand il a dit allo, j'ai raccroché immédiatement" hein mesdemoiselles ?), ou encore le sentiment de culpabilité face aux conflits parentaux. Il est facile de se reconnaître dans les aventures d'Erica et certains épisodes laissent un petit goût de "ouais, c'est pas faux, c'est ce que j'aurais fait/dû faire"
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Girl Empowerment