Un pied décevant

J'attendais franchement mieux de ce documentaire. Certes, il opte pour une approche originale - bien qu'éminemment logique - de la danse, puisqu'il aborde le sujet en parlant du corps. Il correspond cependant assez peu à la présentation qu'Arte en a faite, puis qu’ici on n'a pas vraiment, voire pas du tout affaire avec une histoire de la danse au XXème siècle.

Alors oui, il est un peu question d'Isadora Duncan, mais pendant tout au plus cinq minutes. Viennent ensuite de fugitives allusions à Mary Wigman et Martha Graham... et puis c'est tout. Je force très légèrement le trait, puisqu'on aborde bien plus tard Pina Bausch avec une courte mais très éclairante analyse de son travail de chorégraphe par le biais du sujet des chaussures à talons. Car en effet, dans cet épisode consacré au pied, on parle presque plus de son habillage : chausson à pointe, basket, escarpin, bottine, botte , etc. Ce qui permet d'aller faire un petit tour du côté du ballet classique, de la danse contemporaine, de la street dance, du flamenco et j'en passe, en analysant comment le chausson, le pied nu ou la chaussure influence la pratique de la danse et vice-versa.

Alors, oui, l'idée est bonne, mais on reste sur sa faim, parce qu'on reste un peu dans le superficiel et qu'on tombe parfois dans des discours ou des postures un peu faciles, comme « la break dance était une façon de sortir de la rue », « on se sent voler quand on danse sur des pointes », etc. Je regrette que tout n'ait pas été du niveau du passage sur Pina Bausch. Ou encore qu'on ait juste effleuré la question de la souffrance des danseuses classiques, qui pose tout de même question lorsque l'on voit des petites filles grimacer sous la peine, et plus encore lorsqu'on remarque les pansements et les pieds déformés de Marie-Agnès Gillot, puis qu'on l'entend dire « On est toutes accro aux pointes. »

Dommage donc que cet opus ne tienne pas ses promesses, ni dans le domaine de l’histoire de la danse, ni dans son approche pourtant si particulière et intéressante sur le papier. À suivre avec le second épisode sur la nudité.