Nous voilà partis pour un second opus, consacré cette fois à la nudité... et pas plus passionnant que le premier volet. À vouloir traiter toutes les formes de danse, à vouloir s'intéresser à toutes les formes de spectacle qui utilisent la nudité comme ressort, on s'écarte d'abord à grand pas du sujet : la danse. Nous voilà donc partis sur les traces du Crazy horse, du cabaret burlesque, de Dita von Teese, sans que ça apporte de l'eau à notre moulin. On parle peu de danse moderne, et lorsqu'on aborde la danse contemporaine, on tombe parfois dans les pires clichés. Quant au sens qu'a pu prendre et que peut encore prendre rendre la nudité dans l'histoire de la danse, il en est très peu question.
Pour ce qui est de la danse moderne, on revient sur l'inévitable Isadora Duncan, dont je nie pas l'influence et l'impact, mais dont j'aimerais parfois que l'on rappelle la nullité en terme de technique. Ici, on reprend en gros ce qui avait été dit sur elle dans le premier volet consacré au pied, en développant légèrement (très légèrement). Et s'il est dit que les chorégraphies d'Isadora, qui dansait pieds nus et dans des tenues légères, relevaient du féminisme, on ne va pas voir plus loin. Alors que, justement, le plus intéressant chez elle, c'est cette liberté qu'elle a conquise et qu'elle a transmise !
On aborde un peu le mouvement lancé en Allemagne au début du vingtième siècle, avec le culte du corps et de la nudité qui en ont découlé, mais bizarrement, aucune mention n'est faite du chorégraphe Rudolf von Laban, aucun extrait du film « Wege zur Kraft und Schönheit » de Kaufmann et Prager n'est montré ; les deux constituent pourtant des références en la matière. Ça se confirme, le réalisateur de « Let's dance » a décidé de mettre de côté la danse moderne ; hors impossible de comprendre aujourd'hui les enjeux de la danse sans en passer justement par la période moderne.
Enfin, si GeorgesVigarello (passionnant et brillant historien du corps et de ses représentations), Raimund Hoghe, Jérôme Bel, Olivier Dubois et leurs danseurs ont, eux, des choses à dire, le tout est dissous parmi les discours creux de Doris Uhlich et de Jan Fabre qui ponctuent le film. On atteint véritablement des sommets lorsque ce dernier déclare sans sourciller : « Dans la peinture classique, les anges ont toujours la bouche ouverte. Ils attendent d'être pénétrés par Dieu. » Mmmmmhhhhh... Nous noterons que cette assertion - par ailleurs complètement fausse, la plupart des anges présentant une bouche fermée – entretient avec le sujet de la nudité dans la danse un lien assez... ténu.
« Mettre des corps nus sur scène, ça peut aussi être une posture, voire une imposture » : encore une fois, j'aurais aimé qu'on développe cette idée d'Angelin Preljocaj, décidément toujours pertinent mais si peu présent dans un documentaire qui confirme malheureusement son manque d'ambition.