Ce n'est pas un thriller, mais une série subtile qui parle des violences faites aux femmes

Difficile pour moi de parler de cette série, tant elle me retourne les tripes, le coeur et l'âme.

A mon sens, il ne s'agit pas d'un thriller qui a vocation à répondre à la simple question : "qui a violé Laura ?", intrigue qui est le point de départ de cette mini-série en 6 épisodes. Penser cela, c'est passer à côté de l'essentiel, du véritable message en filigrane qui sous-tend chaque épisode.

La structure même de cette mini-série en est d'ailleurs la preuve, puisque dès l'épisode 3, on apprend qui a violé Laura. Donc si vous souhaitez voir un thriller à suspense avec une intrigue débouchant sur une conclusion "classique", vous risquez d'être déçu.e.s.

La lecture que je fais de cette série, de prime abord simple, est en réalité beaucoup plus complexe : elle parle des violences faites aux femmes dans notre société. Viol, agression sexuelle, question du consentement, et même avortement clandestin sont traités. La capacité ou non des forces de l'ordre à agir, à prouver la réalité des faits est complexe : du fait des lois, des procédures et de la perversion des agresseurs et leur "compétence" à échapper à leur responsabilité et de fait se soustraire à la justice.

Aujourd'hui, même si la parole semble se libérer, seulement 1 à 2% des femmes victimes de violence(s) sexuelle(s) voient leur(s) agresseur(s) condamné(s). Laura fait ce terrible constat en entreprenant des recherches sur la question.

Au fil des épisodes, la série montre avec force éléments qu'être victime de violence sexuelle, c'est bien souvent être réduite au silence, voir son statut de victime piétiné par l'incohérence de la justice, renoncer à porter plainte, pour des raisons propres à chacune. Certains femmes font ce choix, d'autres, plus rares, décident de se battre. Comme Laura, qui hurle son désarroi, se débat, en tentant tout, parfois même l'impossible, voire l'impensable.

Etrange et troublante coïncidence de la vie, cette série arrive à point nommé. Au moment où l'actualité met en lumière l'histoire de ces femmes bafouées : Sandrine Rousseau (pour ne citer qu'elle), ces actrices agressées et humiliées par Harvey Weinstein, ces jeunes filles qui font l'objet d'un harcèlement de rue et qui postent sur leur Instagram la preuve de leur enfer quotidien.

Et comme une main tendue vers les femmes et les personnes qui se sentent touchées et concernées par ces questions, la fin de l'épisode 1 les incite à se rendre sur le site internet d'ITV (la chaîne qui diffuse Liar), qui communique les coordonnées du Rape Crisis South London.

Salutaire et nécessaire.